Récit de vie

Une vie jésuite bien remplie dans l'action spirituelle et sociale

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Communauté religieuse: Jésuites (Compagnie de Jésus )

Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Vocation/forme d'élection (9232).

Description


Le père Jean-Marc Daoust, S.J.
© IPIR 2012, soumis à copyright

Le père Jean-Marc Daoust est né à Montréal en 1922. Il est le dernier d’une famille de quatre enfants. Son frère aîné est devenu prêtre. Sa mère était instruite, ayant fait des études chez les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame. Son père était forgeron. « Un homme au cœur d’or, que j’ai toujours respecté », confie père Daoust. Ses parents n’ont jamais été insistants sur la vie sacerdotale. D’ailleurs, jeune, il ne priait pas, confie-t-il. Malgré cela, le souvenir de son père concentré à prier dans sa berceuse, sans que rien ne puisse le sortir de ce moment de communion avec Dieu, l’a profondément marqué. 


Ses débuts scolaires ont été difficiles. Il ne voulait pas aller à l’école. Cependant, son enseignante de première année l’influença positivement. Elle lui fit apprécier la prière et, surtout, découvrir la vie du curé d’Ars (France), canonisé en 1925. Ce curé a été un fameux confesseur et prédicateur. Il raconte alors l’histoire de ce curé, un homme peu instruit, mais éclairé et bon, que des gens venaient rencontrer d’aussi loin que de l’Amérique, pour ses conseils ou la confession. Le personnage éprouve alors quelques difficultés avec ses collègues, à cause d’un soi-disant manque de rigueur théologique. Certains vont même, à son insu, jusqu’à faire signer une pétition pour empêcher son ministère. L’un de ses confrères, scandalisé, la lui montre. « Le curé prend alors la pétition, la lit, et ajoute son nom!!! » de dire le père Daoust dans un éclat de rire, ajoutant : « Ça m’a beaucoup impressionné ». À six ans, l’histoire de ce curé qui ramenait dans le chemin de la lumière les plus grands égarés, l'a incité à devenir prêtre. « J’ai voulu faire comme lui. J’ai n’ai pas atteint le même degré de sainteté, bien sûr, mais ça été le premier germe de la vocation sacerdotale », dit-il. Puis, un frère enseignant décèle en lui la vocation sacerdotale, alors qu’il était en 4e année.


À 13 ans, il entre au collège de l’Assomption. Là, il est marqué par la générosité des prêtres et la qualité de l’enseignement orienté vers la compétence et le service d'autrui. De 1933 à 1936, les scouts lui ont également apporté un sens de la discipline et l’ont responsabilisé. Au collège, il a été membre, et même président, de la Jeunesse étudiante catholique (J.E.C.). Il considère que cela a été formateur pour lui. C'est à travers la J.E.C. qu'il connaît l'évangile et l'engagement social. 


Puis, à 15 ans, arrive un événement qui marquera sa vie. Il subit alors une attaque de péritonite aiguë, avec état comateux. Cette épreuve a été une véritable école qui lui fit réaliser ses limites. Il relativise alors sa vie et voit la force de Dieu, à travers sa guérison. « Cette expérience a été l’un des piliers de ma vie », confie-t-il. Dans ses dernières années de collège il veut devenir prêtre, mais ne sait pas où se diriger. Son directeur spirituel lui propose quelques options, mais le père Daoust choisit spontanément de devenir jésuite. Qui plus est, père Daoust considère avec amusement que c’était presqu’une prédestination. Il est né un 31 juillet, jour de la fête de Saint-Ignace de Loyola. Il a été baptisé par un jésuite, dans une paroisse de jésuite. On lui attribue même le nom d’Ignace comme l’un de ses prénoms au baptême. 


Après le collège, il entre chez les Jésuites à 19 ans, en 1941.  À son entrée au noviciat, il fait les Exercices spirituels, qui sont au cœur de la spiritualité ignacienne. « C’est là que j’ai rencontré Jésus-Christ ». Avec sas maladie, les exercices sont le deuxième pilier de sa vie. « C’est du ciment dans ma vie », dit-il. Il ajoute que la révolution culturelle [Révolution tranquille], ne m’a jamais affecté négativement. « Il faut dire que j’ai fait une bonne théologie. J’avais une spiritualité solide. » Mentionnons qu’il a été un ami intime de Guy Rocher, sociologue, l’un des membre de la Commission Parent, et de Camille Laurin, médecin, qui a été, entre autres, ministre de l’Éducation et des Affaires sociales et père de la Loi 101, dans le gouvernement de René Lévesque. Ces deux personnages ont été des acteurs importants du Québec moderne.


La formation est longue chez les jésuites. Le père Daoust a fait deux ans de noviciat, deux ans d'études de lettres, une année en sciences, trois ans de philosophie, dont deux à Toronto, trois années de Régence au collège de Saint-Boniface (Manitoba) où il s'occupa principalement des sports et de la surveillance des récréations, des études et du dortoir. Cette surveillance ne lui a pas trop plu. Il aurait préféré enseigner. Mais voilà, cela fait partie du vœu d’obéissance, laisse-t-il entendre. Quoiqu’il en soit, il admirait l’investissement de la Compagnie de Jésus dans la francophonie de cette partie du pays. « Ah! Si c’était à recommencer, qu’est-ce que je ferai pour développer les élèves de l’intérieur », appuyant sur le dernier mot. Cela caractérise bien cet homme qui a consacré sa vie au développement spirituel des personnes et aux causes sociales. « Ce dont je suis content, ajoute-t-il, c’est que ces élèves ont pu devenir des professionnels. Ils ont eu une instruction de qualité. Et à leur tour ils servent la communauté tant civile que religieuse. »


En 1955, il est ordonné prêtre à 33 ans. Une quatrième année de théologie et une année de spiritualité à Seattle couronnent sa formation. Puis il revient à Montréal en 1958. Il devient directeur du Catholic Inquire Forum, un centre pour non catholiques fondé six ans plus tôtOn donnait à cet endroit des cours sur le catholicisme. « Je n’étais pas là pour convertir, dit-il, mais pour partager la foi. » Et pour ceux qui demandaient à devenir catholiques, « il fallait s’assurer que la motivation était de plaire à Dieu ». Son travail, en fait, « c’était de mettre les personnes en présence de Dieu qui, lui, faisait ce qu’il voulait. » Il a occupé cet emploi durant neuf ans. Un travail exigeant et consolant. Les dimanches étaient occupés à prêcher dans des paroisses et à quêter pour faire vivre le Forum. Il est ensuite nommé aumônier à l’hôpital Sainte-Justine de Montréal où il oeuvre auprès des enfants malades et du personnel. Ensuite, durant neuf ans, il sera responsable du Service de pastorale de l'Association des hôpitaux de la province de Québec, toutes confessions confondues. En plus, il s’occupe de l’humanisation des soins. Puis, il part pour Ottawa où il occupera le poste de Directeur national pour l’Association des hôpitaux catholiques du Canada. Des problèmes de santé ralentiront alors ses élans. Il revient au Québec et s’occupe des mouvements familiaux à l’Office de la famille du diocèse de Saint-Jérôme pour encore neuf ans. Un travail qu’il a beaucoup aimé. Ensuite, on lui confie les dossiers de Développement et Paix et des missions. C'est à ce moment qu'on le nomme responsable national des Oeuvres pontificales missionnaires, comprenant, entre autres, la Propagation de la Foi, Saint-Pierre-Apôtre pour les séminaristes du monde entier et Mond-Ami (la Sainte-Enfance). Ce contrat dure entre 1991 et 1996.


En 1991, il fonde avec un notaire l'Association pour la justice fiscale envers les couples mariés. Après cinq ans de bataille et de représentations à Ottawa, le fédéral finit par apporter des corrections au régime fiscal. De 1996 à 2002, il se travaille et loge au Centre de spiritualité Manrèse, à Québec. Au dicocèse, on lui confie deux oeuvres : le Mouvement des femmes chrétiennes  et la Rencontre. Il revient ensuite à Montréal. « J’aurais aimé travailler pour faire canoniser la fondatrice des Œuvres pontificales missionnaires, Pauline Jaricot [déclarée vénérable en 1963]. Une femme merveilleuse, passionnée non seulement des missions, mais aussi d'apporter au monde de la classe ouvrière française justice et dignité. Elle investit son immense fortune dans un projet d'usine modèle. Un fraudeur lui fait tout perdre. Elle vivra de l'aide publique », de dire père Daoust. À Montréal, il travailla durant quelques années à l'accueil de la Villa Saint-Martin. 


En 2011, on a fêté son 70e anniversaire de profession religieuse à la Résidence Notre-Dame-de-Richelieu où il demeure maintenant. C'est l'infirmerie des jésuites. Le père Daoust confiera en fin d’entrevue qu’il est en paix grâce aux Exercices spirituels. Comme tous les jésuites, il consacre chaque jour de longs moments à la prière et à la méditation. La prière apostolique est devenue la priorité de sa vie : nouvelle fécondité, de mentionner père Daoust.


Homme simple et généreux, profondément croyant et humaniste, le père Jean-Marc Daoust est une personne de service. Toute sa vie a été consacrée au bien être des âmes et des œuvres sociales, parfois dans la tourmente, mais le plus souvent dans la paix et la sérénité. Cela sous la lumière de l’Esprit saint, dans l’amour du Christ et en suivant le sage chemin tracé par saint Ignace de Loyola. 


 

Localisation

Municipalité: Richelieu
Région administrative: 16 Montérégie
Lieu: Résidence Notre-Dame-de-Richelieu , 460, 1ère rue , Richelieu, J3L 3W2
Téléphone: 450 658-8761
Site Web: http://www.jesuites.org

Source

Jean-Marc Daoust, S.J., père
Titre, rôle et fonction : Père
Lien avec la pratique : Le père Daoust est théologien. Il a travaillé à titre de travailleur humanitaire au réconfort des malades, comme aumônier. Il a également été, durant de nombreuses années, animateur spirituel pour plusieurs associations, ainsi que directeur national pour la Propagation de la Foi. Il a accompagné des groupes de la Communauté de vie chrétienne et s'est impliqué dans des services pastoraux. Jusqu'à récemment, il a travaillé à la maison de retraite Villa Saint-Martin à Montréal. Il accueillait les retraitants et retraitantes voulant rencontrer un prêtre. De plus, il a souvent collaboré à des célébrations eucharistiques et du pardon, ainsi qu'aux temps de prière des groupes. Le père Daoust se situe dans la tradition des accompagnateurs spirituels selon les « Exercices spirituels », qui sont au coeur de la tradition jésuite.

Enquêteurs : Philippe Dubois , Richard Lavoie
Date d'entrevue : 7 mars 2012

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