Récit de lieu

Le vieux Séminaire Saint-Sulpice

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Édifice religieux (9272).

Historique général


Vieux séminaire Saint-Sulpice
© IPIR 2007, soumis à copyright

La première résidence (ou premier séminaire) des Sulpiciens est construite dès la fin des années 1650 sur la rue Saint-Paul. En 1683, les Messieurs décident de déménager leur résidence sur la rue Notre-Dame, un site plus prestigieux et plus près de la première église Notre-Dame. La construction du nouveau séminaire se réalise entre 1684 et 1687 sous la gouverne de Dollier de Casson. Le Séminaire Saint-Sulpice est habité par les confrères sulpiciens depuis ce temps. L'architecture du Séminaire Saint-Sulpice est d'inspiration française, spécifiquement parisienne. Des sulpiciens ont transposé le style et les façons de faire à Montréal pour donner à leur maison bien intégrée à la ville de l'époque un écrin de noblesse et une grande beauté.
Les premiers sulpiciens arrivés à Montréal étaient des hommes de grande culture et de grand savoir, spécialisés en plusieurs domaines et disposant des fonds pour le développement immobilier. Au corps central de 1685 s'ajoutent deux ailes : une à l'ouest en 1704 et l'autre à l'est en 1715. Tout comme l'horloge au-dessus de l'édifice, elles sont le fruit de Vachon de Belmont. S'il était le lieu désigné pour l'établissement du Grand Séminaire, les autorités sulpiciennes de Paris et l'évêché de Québec en ont décidé autrement au 19e siècle en choisissant le site du fort de la Montagne (actuellement rue Sherbrooke Ouest) pour la construction du Grand Séminaire dédié à la formation du clergé. Cet endroit propice était dépourvu de contraintes d'espace. Mais les travaux dirigés par l'architecte John Ostell étaient déjà entamés sur le site du Vieux Séminaire. L'aile est avait été démolie pour faire place au nouveau séminaire. Au final, le vieux bâtiment sera conservé et la nouvelle aile est, dite aile Ostell, sera finalisée en 1848 selon un plan néo-classique. (Bélisle, 1991: 56)

Description


Vieux séminaire Saint-Sulpice
© IPIR 2007, soumis à copyright

Le Séminaire Saint-Sulpice a quatre étages; il est composé de deux parties. L'aile centrale (vieille maison) date de 1685 et comprend le corps central du bâtiment surmonté d'une horloge, une aile (au nombre de deux avant 1848), deux tours (les communs) qui permettaient aux occupants de faire leurs besoins. Les communs étaient nettoyés par l'eau emmagasinée dans de grandes cuves à l'extérieur. Un puits creusé dans la cave de l'édifice évitait aux occupants de sortir pour aller chercher l'eau. Toujours dans le corps central, de grands caveaux servaient à entreposer les légumes, la viande et le vin. L'utilisation de ces pièces spécialisées a cessé avec la modernisation progressive des technologies. Le corps central et l'aile encore présente (aile ouest) sont pratiquement intacts sur le plan architectural. Il s'agit de l'un des rares bâtiments historiques du Québec possédant sa structure originale et la grande majorité de ses murs. L'aile Ostell correspond à la deuxième partie du Séminaire Saint-Sulpice. Cette partie est plus récente et plus élevée que la première. Elle est adossée à la Basilique Notre-Dame. Dans son ensemble, il s'agit d'un bâtiment exceptionnel. À l'arrière, il y avait des jardins français beaucoup plus grands à l'époque qu'ils ne le sont aujourd'hui.
Le Séminaire Saint-Sulpice n'est pas ouvert au public, mais il arrive que les autorités permettent des visites sur rendez-vous uniquement. Il s'agit le plus souvent de groupes (archéologues, historiens, fonctionnaires, etc.). Le séminaire ne dispose pas du personnel pour effectuer les visites et l'endroit est toujours habité par 25 sulpiciens. Deux étages du corps central sont réservés au service de santé, lieu où l'on prodigue des soins aux sulpiciens malades. La priorité est accordée au respect des sulpiciens qui résident au séminaire. Les visites sont donc occasionnelles, de façon à ne pas perturber les résidants. Le jardin est toujours fréquenté par les sulpiciens par beau temps. En effet, certains confrères s'y rendent pour prier, réciter le bréviaire ou le chapelet, pour s'y promener et se détendre. Le jardin est un lieu de détente et de tranquillité. Les arbres offrent ombre et fraîcheur lors des chaudes journées d'été.
Actuellement, les pratiques cultuelles qui se déroulent au séminaire sont principalement d'ordre personnel. Il s'agit de prières et de dévotions individuelles. Tous les matins à 9h30, ceux qui le souhaitent peuvent participer aux célébrations à la Basilique Notre-Dame, à proximité du séminaire.
Le Séminaire Saint-Sulpice est avant tout un milieu de vie et une résidence pour plusieurs sulpiciens. Deux étages sont voués aux soins des confrères malades. Le séminaire abrite également le presbytère de la Basilique Notre-Dame et les bureaux administratifs de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Il s'agit aussi d'un lieu de mémoire important qui retrace l'histoire des sulpiciens établis à Montréal depuis le 17e siècle. Chaque sulpicien entretient donc un rapport à la fois intime et collectif avec le bâtiment et le site du séminaire.
Il s'agit du bâtiment le plus âgé du Vieux-Montréal. La structure de la bâtisse est pratiquement intacte, ce qui la rend exceptionnelle non seulement à Montréal, mais dans tout le Québec.
Le Séminaire Saint-Sulpice a été classé monument historique en 1985 et son ensemble classé site historique la même année. D'importantes restaurations sont en cours présentement et dureront encore quelques années. La première phase de restaurations touche la toiture et sa structure interne en bois (charpente), les lucarnes et les cheminées. La deuxième phase sera la maçonnerie et les fenêtres. La troisième phase consistera à restaurer la cour d'honneur à l'avant du bâtiment et peut-être le réaménagement du jardin arrière. Il est question de refaire l'ancien autel (kiosque dédié à la Vierge) qui était au fond du jardin et dont les archéologues viennent de retrouver les fondations intactes.
Le séminaire et son emplacement au coeur du promontoire du Vieux-Montréal sont très importants pour les sulpiciens, car l'endroit est toujours habité et utilisé. Le séminaire rappelle les débuts de la Compagnie de Saint-Sulpice en Nouvelle-France et le développement progressif de Ville-Marie dont les sulpiciens étaient les premiers seigneurs. Il s'agit d'un lieu phare de la ville de Montréal, un des éléments clé de son histoire et de son patrimoine matériel et immatériel.
Saint-Sulpice envisage de créer un petit circuit historique et touristique sur demande et à horaire fixe lorsque les restaurations importantes qui se déroulent présentement seront complétées. M. Charland indique qu'il ne s'agit pas de la mission première du séminaire et que celui-ci n'est pas un musée, étant donné qu'il est habité et qu'il le sera encore pendant plusieurs années. Cela figure dans les prévisions à long terme.
Toutes les restaurations présentes et futures du séminaire visent à favoriser le maintien des sulpiciens dans leur maison, leur milieu de vie. Le principal défi pour les prochaines années est de trouver le lieu commun entre la vie des sulpiciens et la valeur patrimoniale de leur maison.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Séminaire Saint-Sulpice, 116, Notre-Dame Ouest, Montréal, H2Y 1T2
Téléphone: (514) 849-6561
Site Web: http://www.sulpc.org

Source

Guy Charland
Titre, rôle et fonction : Guy Charland est un prêtre sulpicien qui assume, depuis novembre 2001, les fonctions de procureur provincial (province canadienne) des prêtres de Saint-Sulpice.
Lien avec la pratique : Guy Charland connaît bien le Séminaire Saint-Sulpice, lieu qu'il fréquente chaque jour dans le cadre de son travail de procureur provincial.

Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 16 octobre 2007


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