Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

Le cheminement spirituel d’un soufi naqshbandi

Tradition: Islam
Appartenance: Islam
Groupe: Musulman soufiste
Paroisse, congrégation ou équivalent: Centre soufi Naqshbandi de Montréal

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique spirituelle (9330), Guide spirituel (9331)
et sous Pratique religieuse (9300), Pratique spirituelle (9330), Technique (9332).

Historique général


Cheikh Nazim, maître de l'ordre Naqshbandi
© Archives de l'ordre Soumis à copyright

L'ordre soufi naqshbandi, comme tous les ordres soufis, puise sa matière et son essence dans l'enseignement du Prophète Muhammad, lequel a, très tôt, appris à ses compagnons les méthodes du combat de l'égo (le grand jihâd) et de l'accomplissement. C'est pourquoi les soufis, sous la gouverne d'un shaykh (guide; directeur spirituel; maître) vont tenter de d'atteindre cet accomplissement. Il existe 41 ordres soufis, transmis à travers deux compagnons du Prophète, les califes Abû-Bakr et 'Alî. L'ordre naqshbandi, dit aussi l'ordre siddîqî, vient du calife Abû-Bakr As-Siddîq.


 

Description


Cheikh Omar Koné
© IPIR 2011 Soumis à copyright

Le murîd (disciple soufi), grâce au compagnonnage d'un shaykh, emprunte la voie de l'accomplissement : se défaire de l'ego, de l'emprise de Satan et du monde d'ici-bas, afin de réaliser sa servitude pour se mettre au diapason avec le divin. Lorsqu'il tranche toutes les attaches du monde, il entre dans un état (hâl) d'amour (hubb) envers le shaykh, qui va être acheminé vers un état d'amour du Prophète, avant d'aboutir à l'amour divin. Entre temps, par une connexion de cœur (râbita), la présence du shaykh va se manifester chez le murîd, ce qui va l'amener à la manifestation de la présence du Prophète et à celle de Dieu. S'ensuit l'état d'extinction (fanâ') où il s'éteint, d'abord, dans la réalité du shaykh, ensuite, dans celle du Prophète et, enfin, dans celle de Dieu. Il quitte l'étape de l'âme commandante (nafs 'ammâra) pour celle de l'âme pacifiée (nafs mutma'inna), qui n'est pas la phase ultime : l'ego, une fois terrassé, se transforme en burâq qui permet au soufi d'accomplir un voyage mystique qui échappe à l'espace-temps, voyage que peu de saints ont réalisé. En bref, dans son cheminement, le murîd passe de la station (maqâm) de muslim (musulman) à celle de mu'min (croyant) et, finalement, à celle de muhsin (vertueux; parfait). Une fois l'accomplissement achevé, le soufi parvient à la station de walî (saint) et rejoint, de ce fait, le collège des saints. Mais il s'agit d'une sainteté qui n'a rien de canonique.


La pratique soufie passe par l'observation des cinq piliers de l'islam; il y a aussi la lecture et la récitation du Coran, lequel est considéré comme une source de guidance qui inspire le soufi et définit son mode de vie de façon intégrale. Vient ensuite le fait de se conformer à la sunna (dits, faits ou traditions) du Prophète, qui complète le message coranique. S'ajoute finalement l'observance des principes transmis par le shaykh lors des cercles d'étude. Parmi les pratiques spécifiques du soufi, il y a :


1 – Le dhikr (remémoration;mention de Dieu; litanie), solitaire –à voix haute ou à voix basse– ou collectif –à voix haute–, consiste à répéter inlassablement des versets coraniques, des attributs divins ou des formules spécifiques. Sobre ou chanté et accompagné d'instruments de musiques et/ou de mouvements, il met l'être humain dans un état (hal) particulier, propice au nettoyage du cœur.


2 – La méditation contemplative (tafakkur) à propos du Seigneur des mondes. Elle se fait par la prière obligatoire ou par les prières surérogatoires, lesquelles ont généralement lieu dans le dernier tiers de la nuit, bien avant l'aube; elle permet au soufi de se remettre en cause afin d'évoluer.


3 – La muhâsaba (examen de conscience) consiste, pour l'individu, à revenir régulièrement sur ses faits et gestes, sur lui-même, ce qui lui permet d'entrer dans un état de repentir.


4 – La murâqaba (attention constante) est un exercice qui tend à casser le carcan immédiat pour fusionner avec la réalité du shaykh, avec celle du Prophète et avec celle du Seigneur des mondes.


5 – La suhba (compagnonnage) du shaykh. Si celle-ci s'avère impossible pour quelque raison que ce soit, il faut rendre visite au shaykh au moins une fois par an.


6 – La suhba des frères dans la zawiya (centre de confrérie religieuse) où, grâce à la synergie de différents apports, se réalise une bonne partie de l'éducation spirituelle.

Apprentissage et transmission


Fraternité des soeurs
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L'imam Omar Koné est entré dans l'ordre soufi naqshbandi il y a presque vingt ans. Au début, il a fréquenté plusieurs shaykhs de différents ordres soufis avant de rencontrer le shaykh Muhammad Nâdhim 'Âdil al-Haqqânî de la tarîqa (voie; confrérie) naqshbandiyya. Une fois accepté dans l'ordre, il a fait sa bay'a (allégeance) au shaykh, ce qui lui a conféré le statut de murîd, statut qui oblige à se conformer rigoureusement à la sharî'a (Loi), à se modeler sur l'exemple du Prophète, à observer scrupuleusement les pratiques soufies et à suivre à la lettre les enseignements du shaykh, auquel on doit rendre visite une fois par an au moins. Après sept ans, l'imam Omar Konéest appelé à administrer le Centre Soufi Naqshbandi de Montréal; il obtient ainsi le titre et la fonction de muqaddam (directeur dezawiya); c'est lui qui dirige la prière et les assemblées de dhikr. De manière générale, la progression du soufi n'est pas monolithique, car chacun évolue selon son rythme.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu: Centre soufi de Montréal, 138, Rue Fairmount Ouest , Montréal, H2T 2M5
Téléphone: (514) 270-9437
Site Web: http://www.naqshbandi.ca/

Source

Omar Koné
Titre, rôle et fonction : L’imam Omar Koné, responsable du Centre Soufi Naqshbandi de Montréal.

Enquêteurs : Ahmed Sdiri, Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 25 novembre 2011


Partenaires

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