Récit de pratique culturelle

Pratiques soufies de l’ordre naqshbandi

Tradition: Islam
Appartenance: Islam
Groupe: Musulman soufiste
Paroisse, congrégation ou équivalent: Centre soufi Naqshbandi de Montréal

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Rite de sollicitation (9325)
et sous Pratique religieuse (9300), Pratique de communication religieuse (9350), Incantation (9356).

Historique général


Femmes pendant la soirée soufie
© IPIR 2011 Soumi

L'ordre soufi naqshbandi, comme tous les ordres soufis, puise sa matière et son essence dans l'enseignement du Prophète Muhammad, lequel a, très tôt, appris à ses compagnons les méthodes du combat de l'égo (le grand jihâd) et de l'accomplissement. C'est pourquoi les soufis, sous la gouverne d'un shaykh (guide; directeur spirituel; maître), vont tenter d'atteindre cet accomplissement. Il existe 41 ordres soufis, transmis à travers deux compagnons du Prophète, les califes Abû-Bakr As-Siddîq et 'Alî. L'ordre naqshbandi, dit aussi l'ordre siddîqî, vient du calife Abû-Bakr As-Siddîq.

Description


Femmes s'adonnant aux chants soufis
© IPIR 2011 Soumis à copyright

La pratique soufie passe par l'observation des cinq piliers de l'islam; il y a aussi la lecture et la récitation du Coran, lequel est considéré comme une source de guidance qui inspire le soufi et définit son mode de vie de façon intégrale. Vient ensuite le fait de se conformer à la sunna (dits, faits ou traditions) du Prophète, qui complète le message coranique. S'ajoute finalement l'observance des principes transmis par le shaykh lors des cercles d'étude.


Dans l'ordre soufi naqshbandi, à côté des prières obligatoires, il existe des prières surérogatoires (nawâfil) pour l'accomplissement desquelles on réserve le dernier tiers de la nuit. Il y a également le jeûne surérogatoire, qui permet de contrôler les appétits et les désirs, et l'aumône volontaire (sadaqa), qui consiste à partager les biens, les connaissances, à soutenir autrui dans l'épreuve et à faire montre de générosité. S'ajoute le dhikr (remémoration; mention de Dieu; litanie) qui s'effectue individuellement, souvent à l'aide d'un chapelet (subha). Ce dernier se compose de 99 grains, qui représentent les attributs divins; il compte également trois grands grains, en forme de dômes, qui évoquent chacun un niveau d'avancement et indiquent ainsi la progression du disciple (murîd). Ces trois grands grains figurent aussi les trois stations (maqâmât) par lesquelles passe le soufi lors de son cheminement : l'islam, l'îmân (foie) et l'ihsân (excellence). Il y a, dans le chapelet, 70 grains blancs (= 7 x 10, où 7 réfère aux sept cieux et 10, à l'unicité de Dieu). Quant à la forme circulaire du chapelet, elle se rapporte à la perfection; la corde du chapelet, elle, représente la tarîqa ou voie soufie, tandis que la gamme chromatique du chapelet comprend le vert, qui symbolise la paix et l'harmonie, le blanc, qui incarne l'amour et la pureté, le noir, qui va de pair avec le mystère, le rouge, qui désigne la majesté et le pouvoir. Le chapelet, qui sert pour la litanie (dhikr) des attributs d'Allah, peut servir aussi pour mentionner les 201 noms du Prophète Muhammad.


Chaque murîd a un wird, c'est-à-dire un ensemble de dévotions et de méditations personnelles, bien précises, qu'il effectue à des moments déterminés. Ces dévotions se composent de formules types qu'on répète inlassablement comme lâ-'ilâha'illâ-Llâh (Il n'y a de Dieu que Dieu), 'allâhu-'akbar (Dieu est grand), subhân-allâh (Gloire à Dieu), etc. On peut réciter le wird entre la prière du coucher du soleil (maghrib) et celle du soir ('ishâ'), comme on peut le réciter après cette dernière ou avant celle de l'aube (fajr). Le wird peut être individuel ou collectif. Le wird individuel d'un novice est infiniment plus simple que celui d'un disciple initié. En principe, on reçoit le wird du shaykh (guide; directeur spirituel; maître), c'est pourquoi il diffère d'un ordre soufi à un autre et se distingue aussi du dhikr, car ce dernier, n'étant pas associé à un ordre précis, est beaucoup plus libre. Dans l'ordre soufi naqshbandi, le dhikr est une pratique silencieuse, pour l'accomplissement de laquelle on s'oriente, normalement, vers la qibla (direction de la Mecque). Si, par exemple, on répète un attribut divin, on doit se concentrer sur cet attribut, en fermant les yeux, afin de se soustraire au monde matériel.


Les pratiques collectives des soufis relèvent de la suhba ou compagnonnage des frères et des sœurs dans la zawiya (centre de confrérie religieuse). Ainsi, les soufis affiliés à la tarîqa (voie) naqshbandiya se réunissent à la zawiya les jeudis et samedis soirs, après la prière du soir ('ishâ'). Ils s'assoient en cercle pour suivre un cours que donne, en français et en anglais, le muqaddam (directeur de zawiya) Omar Koné sur un aspect du comportement (sulûk) dans le cadre du combat de l'égo. Ensuite, sous la direction du muqaddam Koné, on commence à répéter, à voix haute, des attributs divins, avant de réciter, à plusieurs reprises, la fatiha et d'autres sourates courtes du Coran. On récite de nouveau la fatiha et on répète, plusieurs fois, soit des formules comme celles mentionnées précédemment, soit des attributs divins ou des noms du Prophète Muhammad. Après, un autre muqaddam fait une invocation (du'â') pour tous les musulmans et pour le pays. Alors tout le monde se met debout en se saluant, tout en invoquant, sous forme de chant, la prière et le salut d'Allah sur le Prophète et sur sa famille et ses compagnons. On entonne ensuite le début du chant religieux avec lequel le Prophète Muhammad a été accueilli par les habitants de Médine lors de son émigration (hijra). De temps à autre, les formules précitées viennent entrecouper tel ou tel strophe d'un poème religieux. Pendant tout ce temps, afin de soutenir le rythme, des membres de la tarîqa s'accompagnent de tambourins et de darbouka. Les femmes, elles aussi, participant à ce chœur formé de tous les présents, s'accompagnent de tambourins et poussent des youyous à quelques reprises. La soirée se termine par une invocation (du'â') à la suite de laquelle on participe à un repas commun.


Un groupe de femmes soufies se réunit le dimanche, de façon régulière, à la zawiya naqshbandiya, afin de chanter, en chœur ou individuellement, des poèmes qui ont pour thèmes la louange d'Allah et l'éloge du Prophète Muhammad ou de sa fille Fâtima az-Zahrâ'. Elles s'accompagnent, pendant qu'elles chantent, de tambourins et de guitares.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu: Centre soufi Naqshbandi de Montréal, 138, Rue Fairmount Ouest, Montréal, H2T 2M5
Téléphone: (514) 270-9437
Site Web: http://www.naqshbandi.ca/

Source

Ahmed Amine El-Aïssaoui et Shams Saadeldin
Titre, rôle et fonction : Ahmed Amine El-Aïssaoui et Shams Saadeldin sont membres de l'Ordre soufi Naqshbandi

Enquêteurs : Ahmed Sdiri, Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 25 novembre 2011, 26 novembre 2011


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