Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

La préparation à l'ordination chez les Sulpiciens

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Ordination/vœux (9236).

Historique général


Présentation du calice
© Archives des Sulpiciens, soumis à copyright

Avec la fondation du Grand Séminaire de Montréal en 1840 et la construction du bâtiment en 1857, les sulpiciens se retirent du public pour s'adonner à leur mission première, soit la formation des prêtres pour les diocèses. Auparavant, ils étaient très impliqués dans différents pans de la vie cultuelle, culturelle et administrative de Montréal. La formation des prêtres est l'activité principale des sulpiciens, ici comme dans les missions à l'étranger, et l'ordination est l'aboutissement du processus pour le candidat. L'ordination, ou sacrement de l'ordre, est ce moment important où le candidat est ordonné diacre, prêtre ou évêque selon qu'il s'agisse des degrés suivants du sacrement : le diaconat, le presbytérat ou l'épiscopat. L'épiscopat relève non pas du Grand Séminaire mais bien du pape qui décide qu'un prêtre deviendra évêque.

Description


Se prosterner durant la litanie des saints
© Archives des Sulpiciens, soumis à copyright

Le mandat principal des sulpiciens est d'assister les évêques dans la préparation des candidats à la prêtrise et dans la formation permanente des prêtres. Comme chaque sulpicien a d'abord été ordonné avant de faire son entrée dans la Compagnie, l'ordination est une pratique fondamentale du patrimoine immatériel de Saint-Sulpice. L'ordination est un rite relativement élaboré (comportant plusieurs étapes) qui est fait par l'évêque. L'ordination est le moment où la personne s'engage au service de l'Église dans un diocèse donné. Il s'agit donc d'un recrutement pour les diocèses et non pour les sulpiciens. Néanmoins, les ordinations sont des occasions de grandes fêtes pour les sulpiciens.
On distingue deux temps de la pratique de l'ordination : avant et après 1970. Avant 1970, il y avait sept étapes à franchir. La tonsure, qui ne fait pas partie de ces étapes, se déroulait tout de même lors des ordinations. Il s'agissait d'un rite de passage ou d'adoption avec l'évêque. Ce dernier coupait cinq mèches de cheveux du candidat en forme de croix. Cela signifiait un don total de sa vie à Dieu, un abandon au Seigneur. La première étape était celle de portier : le candidat recevait des clés, touchait la porte et sonnait les cloches. Il devenait en somme responsable des portes et des cloches, de l'accueil et du bon ordre de l'église. La seconde étape était le lectorat (lecteur). Le candidat recevait un livre et devenait responsable de la lecture de la messe, excepté l'Évangile. La troisième étape était celle de l'exorciste. Il s'agissait d'un rite préparatoire au baptême, des prières de délivrance pour les futurs baptisés. La quatrième étape était l'acolytat (acolyte). Le candidat devenait responsable du service de la messe (servant de messe). Ces quatre étapes formaient ce qu'on appelait les ordres mineurs. La cinquième étape était nommée le sous-diaconat (sous-diacre). Le candidat prononçait le voeu de célibat à vie et promettait de lire le bréviaire tous les jours. Il recevait le calice et la patène. La sixième étape était le diaconat (diacre). Le candidat était désormais apte à proclamer l'Évangile lors de la messe. Il pouvait aussi servir le prêtre et l'aider à l'autel pour la manipulation du calice. Il recevait la dalmatique (vêtement liturgique du diacre d'allure carrée) et l'Évangile. La septième et dernière étape était le presbytérat (prêtre). Le candidat touchait le calice et la patène pour signifier qu'il allait dire la messe. Il recevait la chasuble et l'onction des mains.
Au diaconat, l'évêque imposait les mains et cela était suivi de longues prières. Au presbytérat, l'évêque et tous les prêtres présents à l'ordination imposaient les mains à la suite des autres (mains sur la tête du candidat). Cela était suivi de longues prières. Il pouvait y avoir des rites complémentaires selon le cas. Ces trois dernières étapes portaient le nom d'ordres majeurs. Toutes ces étapes se déroulaient en même temps, généralement à la cathédrale. Les séminaristes de première année recevaient la tonsure, ceux de deuxième année devenaient portier et ainsi de suite dans une cérémonie très longue, étant donné le nombre important de séminaristes. Après 1970, on distingue d'abord deux ministères. L'admission est un rite durant la messe au cours duquel le séminariste est accepté par l'évêque dans son diocèse. Suivent le lectorat et l'acolytat comme premier et deuxième ministères. Ces deux ministères remplacent les ordres mineurs d'avant 1970. Après les ministères vient le sacrement de l'ordre qui comprend le diaconat et le presbytérat. Ce sacrement comprend aussi l'épiscopat, étape qui ne relève pas du Grand Séminaire. Au diaconat, le candidat s'engage au célibat et à la lecture quotidienne du bréviaire. Au presbytérat, il y a l'imposition des mains au candidat par l'évêque et par les prêtres présents pour l'occasion avec la récitation de grandes prières. Avec cette formule de 1970, certaines étapes de l'ordination ont donc été retranchées, mais l'ordination conserve toute sa place et son importance pour les sulpiciens et l'Église. Ainsi, aux ministères correspond la transmission d'un objet et au sacrement de l'ordre correspond l'imposition des mains avec de grandes prières.
Afin d'être ordonné à Montréal dans le contexte multiculturel qui prévaut, le candidat doit être au minimum bilingue. Pour des raisons concernant la scolarité, le comportement ou la maladie, l'ordination d'un candidat pouvait et peut être reportée à l'année suivante. L'expression populaire « être clipé aux ordres » signifiait que le candidat ne pouvait avoir accès à un ministère. La punition extrême, et rare, était l'expulsion du séminaire.
Le nombre de participants est variable d'une année à l'autre. Cela comprend les candidats, l'évêque, le personnel religieux et l'assistance (les proches et les paroissiens). Jusqu'en 1960, il y avait environ 120 ordinations par année dans le diocèse de Montréal. Dans les années 1970, ce nombre a chuté a 20. Aujourd'hui, Marcel Demers estime à environ trois ordinations par année pour remplacer 30 prêtres qui quittent.
Les premières étapes (les ministères) se déroulent au Grand Séminaire pour le côté pratique de la chose. De plus en plus, le diaconat se tient à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de façon à accueillir le plus de gens possible, car la famille et les proches des candidats veulent assister à l'événement. L'ordination presbytérale se fait dans les églises paroissiales individuellement, car les candidats sont peu nombreux de nos jours. Il s'agit aussi d'une belle occasion de partager avec les paroissiens que le candidat a côtoyés durant son stage préparatoire.
Tel qu'évoqué dans la section « Déroulement de la pratique », la pratique de l'ordination s'est assouplie et simplifiée au tournant des années 1970. Il s'agit de sa seule actualisation.
Les ordinations, bien qu'elles soient beaucoup moins nombreuses aujourd'hui, constituent des moments d'une importance capitale pour les sulpiciens. C'est l'aboutissement et la concrétisation de leur mission de formation des prêtres.
Les principaux objets liés à cette pratique sont les vêtements liturgiques correspondant à chaque statut (évêque, prêtres, diacres), le calice et la patène, les objets remis pour les ministères et les objets du décor et de la cérémonie religieuse.
Habituellement, la chorale de la paroisse est présente durant les ordinations et un goûter suit la cérémonie. Il s'agit d'une belle occasion pour fraterniser. La musique et l'atmosphère qui règne dans l'église en font une célébration très solennelle.
Une ordination peut aujourd'hui durer environ deux heures, à la grande satisfaction de l'assistance. Il s'agit en effet d'un moment unique et très signifiant dans la vie du futur prêtre.
Autrefois, les ordinations étaient incluses dans les quatre moments nommés « Quatre-temps », caractérisés par trois journées spéciales de prières (mercredi, vendredi et samedi) au début de chaque saison. Le plus souvent, cela se déroulait à la fin de l'année scolaire, soit au mois de juin. Cela correspondait au Quatre-temps de l'été et parfois à la fête de la Pentecôte. Il y avait des exceptions comme c'est le cas de nos jours.

Apprentissage et transmission


Imposition des mains
© Archives des Sulpiciens, soumis à copyright

Au Grand Séminaire, les séminaristes reçoivent une préparation à l'ordination durant toute leur formation, notamment lors des cours de liturgie et des stages en paroisse.
La pratique de l'ordination se transmet dans son contexte de réalisation, au Grand Séminaire, à la Cathédrale ou encore dans certaines églises paroissiales.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: (514) 935-1169
Site Web: http://www.sulpc.org

Source

Marcel Demers
Titre, rôle et fonction : Marcel Demers est prêtre et formateur du clergé (liturgie) au Grand Séminaire de Montréal.

Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 4 décembre 2007


Partenaires

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