Récit de pratique culturelle

Les soins dans les grandes salles de malades de l'Hôtel-Dieu de Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245).

Historique général


La salle Sainte-Thérèse, 1944
© Archives H.S.J., Soumis à copyright

En 1642, à Montréal, les soins hospitaliers étaient dispensés à l'Hôtel-Dieu du Fort grâce à Jeanne Mance et à la diligence de sa bienfaitrice, Mme de Bullion. En 1645, débute la construction de l'Hôtel-Dieu sur la rue Saint-Paul et les trois premières soeurs hospitalières de Saint-Joseph se joignent à Jeanne Mance en 1659 pour soigner les malades. En 1695, « la salle des Malades de l’hospital [...] est de quatre-vingt pieds de long hors d'oeuvre, sur vingt huict de large ». En 1861, en raison de l'exiguïté de l'Hôtel-Dieu du Vieux-Montréal, un nouvel hôpital est construit, l'Hôtel-Dieu du mont Sainte-Famille. Ce nouvel édifice dispose alors de 150 lits. Entre 1659 et 1973, les Hospitalières de Saint-Joseph administreront l'hôpital et soigneront les malades dans de grandes salles, car à l'époque les chambres privées n'existaient pas.

Description


La salle Sainte Vierge, vers 1900
© Archives H.S.J., Soumis à copyright

Être infirmière a un sens tout particulier pour une soeur hospitalière de Saint-Joseph : « J'avais l'impression de vivre les émotions que Jeanne-Mance avait vécues [...] ça avait beaucoup de sens », souligne soeur Laliberté. Le soin aux malades se déroule dans de grandes salles : deux salles de dix personnes, une de onze, une autre de douze ainsi que trois chambres d'isolement. Les salles portent le nom de saints personnages : salles Saint-Joseph, Sainte-Thérèse, Sainte-Vierge et Sainte-Famille. Dans chacune des salles, un crucifix est accroché au mur et une statue du saint ou de la Sainte Famille veille sur les malades.
Les lits sont disposés en rangées dans les salles pour les malades les plus pauvres. Les infirmières peuvent garder un oeil sur les patients. Seul un rideau permet d'avoir un peu d'intimité lorsque nécessaire. À cette époque, les malades se présentent souvent à l'hôpital en phase terminale. Les infirmières prient souvent au chevet des malades, amenés par leur famille, proches de l'agonie.
Toute la pratique est orientée pour le mieux-être du malade. Les journées dans les salles commencent tôt. Dès 6 h 30, les novices et les postulantes prient dans les salles. À 8 h, la journée de travail débute par une prière de tout le personnel (infirmières, étudiantes, hospitalières). Avant de servir le déjeuner aux malades, les infirmières prennent des nouvelles des patients et préparent la salle pour la communion quotidienne. Après le dîner, on ferme les rideaux jusqu'à deux heures pour la sieste. Bien que les journées de travail débutent à 8 h pour se terminer à 16 h, il n'est pas rare que les soeurs hospitalières prolongent leur journée auprès des grands malades ou qu’elles rendent visite aux patients en soirée.
Jusque dans les années 1960, les soeurs hospitalières oeuvrent dans tous les départements de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Le charisme de la communauté imprègne le climat de travail : infirmières, étudiantes et médecins collaborent étroitement dans un esprit de dévouement.
Les soins en salle n'existent plus depuis 1973. Les salles ont été transformées en chambres, lesquelles deviendront des cliniques.

Apprentissage et transmission


Le pavillon Jeanne-Mance de l'Hôtel-Dieu de Montréal
© Archives H.S.J., Soumis à copyright

Avant de devenir infirmières, les religieuses devaient faire leur noviciat et leur postulat. Elles recevaient leur formation d'infirmière à l'École des infirmières de l'Hôtel-Dieu. En plus de la formation pratique, on prenait soin d'y enseigner des valeurs telles que le dévouement, la gratuité, la maîtrise de soi. Comme le souligne soeur Laliberté : « On nous enseignait de ne jamais calculer ». Quant à la transmission de la pratique et des valeurs des soeurs hospitalières, les religieuses disent que « l'esprit est ancré dans les murs ». Ainsi, les soins personnalisés et le respect du malade demeurent des valeurs importantes pour le personnel hospitalier d'aujourd'hui.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Maison mère des Hospitalières de Saint-Joseph, 251, avenue des Pins Ouest, Montréal, H2W 1R6
Téléphone: 514 844-1022
Site Web: http://www.rhsj.org/

Source

Soeur Anne-Marie Laliberté
Titre, rôle et fonction : Soeur Anne-Marie Laliberté a été infirmière à l'Hôtel-Dieu (1963-1980), à l'infirmerie de la communauté (1980-1989) et responsable de la pastorale auprès des malades de l'Hôtel-Dieu (1989-1998).
Lien avec la pratique : Avant d'entrer en communauté, soeur Laliberté désire être auprès des malades. C'est pour cette raison qu'elle choisit les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Elle fait ses débuts en tant qu'infirmière hospitalière dans les salles de malades de l'Hôtel-Dieu de Montréal de 1963 à 1975. Elle y sera infirmière responsable. Elle sera par la suite infirmière au pavillon Le Royer.

Enquêteur : Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 10 février 2009


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