Récit de pratique liée à un savoir-faire

Une tradition culinaire des Antoniennes : le gâteau en forme d'agneau

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Soeurs Antoniennes de Marie

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique alimentaire (9244).

Historique général


Le gâteau en forme d'agneau des Antoniennes de Marie
© IPIR 2009, Soumis à copyright

Le service au clergé constitue le rôle et la mission des Antoniennes. Depuis leur fondation, elles répondent à l'appel : « nourrir » par leur service, « nourrir » par leur offrande. Faire la cuisine pour le clergé est donc une obédience qui revêt un caractère particulier pour la communauté. Elles ont développé leurs talents de cuisinière pour répondre à cette mission.
Si la cuisine antonienne quotidienne s'inscrit dans la tradition culinaire québécoise, un soin particulier est accordé aux plats servis lors des fêtes religieuses. La fête du sacerdoce, célébrant le ministère sacerdotal des prêtres, est un moment important dans le calendrier des Antoniennes. À cette occasion, elles préparent un repas pour les prêtres. Elles confectionnent, entre autres, des gâteaux en forme d'agneau. Dans l'iconographie chrétienne, l'agneau est le symbole du Christ, dont il évoque le sacrifice. Cette tradition de confectionner des gâteaux représentant un agneau remonterait aux années 1950.

Description


La forme du gâteau avant la décoration
© IPIR 2009, Soumis à copyright

Le gâteau sacerdotal en forme d'agneau est une pâtisserie traditionnelle chez les Antoniennes. À l'occasion du Jeudi saint, les soeurs préparent un banquet pour les prêtres. « Les prêtres attendent cette fête avec impatience ». Ce moment de l'année correspond à la fête du sacerdoce où, selon la tradition catholique, l'institution de l'Eucharistie a été fondée. On commémore le repas de Jésus avec ses apôtres. À la fin du repas, les Antoniennes servent leur gâteau symbolisant, comme le souligne une antonienne : « Jésus qui s'est donné, qui a donné sa vie pour nous racheter ». Cette tradition se perpétue dans les différents lieux où ont oeuvré les Antoniennes : la maison mère, les séminaires, les collèges, les presbytères, les maisons des pères, etc.
La préparation se fait selon les étapes suivantes : cuisson du gâteau, décantation, démoulage, assemblage des deux pièces à l'aide du glaçage et décoration. Le gâteau formant la base est en général rectangulaire. On le couvre de glaçage blanc et il est décoré selon l'inspiration de la pâtissière. La préparation se fait avec beaucoup de minutie. Le gâteau est décoré de rosettes, habilement formées à l'aide d'une poche pâtissière à douille en forme d'étoile. Cette technique permet d'imiter la laine de l'agneau. Deux ou même trois couches de rosettes sont réalisées pour accentuer le relief. Afin de lustrer le glaçage, on emploie un couteau enduit d'eau chaude. Pour imiter les yeux, notre informatrice emploie des raisins secs, pour la bouche, de la noix de coco teint en brun. On le présente souvent portant un ruban rouge au cou. Un ruban blanc et rouge entoure sa taille.
La base du gâteau est garnie de noix de coco teint en vert et jaune imitant un pâturage, des fleurs ou des grappes de raisins évoquent le printemps. L’agneau mesure 30 centimètres de long, 20 centimètres de haut et 15 centimètres de large. Un gâteau peut servir environ six personnes. Le glaçage est fait à base de matière grasse, de lait et de sucre en poudre. La quantité est mise à l'oeil en fonction de la consistance désirée, car « il faut que le crémage soit assez ferme pour que la rosette tienne ».
Les Antoniennes ont mis au point une recette particulière pour réaliser la pâtisserie. Le moule étant de forme particulière, il est nécessaire que la pâte soit plus ferme qu'à l'habitude. Les moules en forme d'agneau sont utilisés pour cuire les gâteaux à l'occasion de la fête du sacerdoce mais également pour mouler du sucre à la crème et du beurre.

Apprentissage et transmission


Préparation du gâteau en forme d'agneau
© IPIR 2009, Soumis à copyright

Notre principale informatrice a appris à cuisiner dans sa famille avec sa mère et ses soeurs. Lorsqu'elle entre en communauté, elle poursuit son apprentissage auprès des religieuses. Les nouvelles venues sont initiées aux travaux manuels dès leur arrivée. Elle prend plus tard un cours à Montréal avec soeur Monique Chevrier, de la Congrégation de Notre-Dame. Cependant, pour soeur Émond, aucun cours ne peut remplacer l'apprentissage avec les compagnes : « On apprenait bien plus [...] tous leurs trucs, surtout avec nos soeurs âgées ».

Localisation

Municipalité: Ville Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Hors MRC
Lieu: Maison mère des Antoniennes de Marie, 927, rue Jacques-Cartier Est, Chicoutimi, G7H 2A3
Téléphone: 418 549-1055
Télécopieur: 418 693-8609
Site Web: http://www.soeursantoniennes.org/

Source

Soeurs Denise Émond et Rosanne Harvey
Titre, rôle et fonction : Soeur Émond a travaillé en cuisine dans différents établissements religieux : chez les Pères Blancs d'Ottawa, à l'institut Saint-Vincent-de-Paul de Cap-Rouge, au séminaire de Chicoutimi, à Pont-Viau chez les Pères des missions étrangères ainsi qu'à la résidence Mgr-Paré depuis huit ans. Elle planifie les menus des prêtres et est « première cuisinière» à la cuisinette et au réfectoire des prêtres de la maison mère.

Enquêteur : Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 7 avril 2009


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: