Récit de pratique liée à un savoir-faire

La fabrication des soutanes à la maison mère des Antoniennes de Marie

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Soeurs Antoniennes de Marie

Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Vêtement et accessoire (9294).

Historique général


Atelier de fabrication de soutanes, 1904-1932
© Archives A.M., soumis à copyright

Depuis la fondation de la communauté et jusqu’à l’abandon du costume traditionnel, les Antoniennes ont toujours confectionné leurs propres vêtements et ceux requis pour le clergé. Les Antoniennes ont été fondées par l'abbé DeLamarre dans le but d’accompagner et d’aider la mission apostolique des prêtres. Confectionner les vêtements portés par le clergé et utiles au culte s'inscrit dans la mission première des Antoniennes. Les vêtements et accessoires qu’elles ont confectionnés ont évolué en même temps que les changements sociaux. Avant le Concile Vatican II, tous les prêtres portaient la soutane. Puis peu à peu, la soutane a été remplacée par le « clergyman », une tenue proche du costume civil qui fut adoptée dans les années 1960 par les prêtres.
La salle de couture actuelle, aménagée en 1988, servait à l'origine de salle de cours pour les novices. Un imposant crucifix orne toujours la salle de couture, et ce, depuis les débuts de la communauté. Bien qu’aujourd’hui la salle de couture ne serve qu’aux réparations mineures, plusieurs outils datant de la fondation demeurent opérationnels, l’imposante machine à boutons par exemple. La confection des vêtements du clergé s'est arrêtée au moment où ont cessé les commandes.

Description


Machine à boutons, 1950-1956
© Archives A.M., soumis à copyright

Les Antoniennes de Marie confectionnaient tous les vêtements liturgiques commandés par les membres du clergé du diocèse de Chicoutimi. La couleur des soutanes et des accessoires variait selon le grade et le titre : les prêtres portaient des soutanes noires et les chanoines, des soutanes noires avec des garnitures violettes. Les soutanes des évêques étaient complètement rouges et la soutane du pape est toujours blanche. Les soutanes des prêtres qui partaient en mission dans les pays chauds étaient blanches, en raison du climat.
La soutane est une longue tunique plus ou moins cintrée (selon le choix du clerc) munie de plusieurs boutons sur le devant (de haut en bas). L’intérieur de la soutane jusqu’à la taille ainsi que les manches sont doublés. Le bord intérieur du bas de la soutane est fini par une pièce de feutre afin de le protéger contre l'usure. Les soutanes sont toujours confectionnées en tissu sergé, seules les qualités de l'étoffe et les couleurs varient selon le choix du clerc. Les pourtours de la soutane sont ornés d’un cordonnet tissé (noir, violet, rouge ou blanc) et cousu à la main. Au dos de la soutane, trois plis à la hauteur de la taille sont retenus par une petite surface brodée en forme « d’oiseau ». Ce « petit oiseau » sert à solidifier ce point de jonction de tissus (Voir les photos). Les modèles, les matériaux et les couleurs des garnitures sont aussi choisis en fonction du prêtre et de son grade. Lors des cérémonies religieuses, les prêtres complétaient leur tenue par quelques accessoires, notamment la barrette qui est un bonnet rigide de forme carrée à quatre cornes (parfois trois) dont les arêtes sont bordées d’un cordonnet tissé. La barrette est recouverte de tissu et son sommet est flanqué d’une houppe. La calotte est un petit bonnet très simple recouvert de tissu, de forme ovale qui couvre le sommet de la tête. Il est fabriqué avec une pièce de chamois coupée en sept laizes égales. Même si la calotte est un objet assez rudimentaire, sa fabrication demande beaucoup de précision et d’adresse. Ces accessoires sont de la même couleur que la soutane.
Les Antoniennes ont cessé graduellement la confection des soutanes pour s'adapter aux nouveaux besoins des prêtres. Le clergyman est la tenue qui a remplacé la soutane traditionnelle. Il s’agit d’une tenue se rapprochant de la tenue civile. Le clergyman est composé d’un pantalon, d’une chemise spéciale dont le col est presque inexistant et d’un plastron, ou rabat, muni d’un col rigide. Le plastron s’attache dans le dos et dans le cou à l'aide d'agrafes ou de velcro. Les Antoniennes ont confectionné des plastrons aux couleurs variées : gris, noir, bleu, brun… Les plastrons sont agencés aux couleurs des habits.
Les étapes de confection sont les mêmes pour l’ensemble des morceaux à confectionner : prise des mesures, coupe du tissu, assemblage et ajouts de décorations et d'accessoires (bordures, doublures, broderies, confection des boutons et boutonnières). La confection des boutons se fait sur place à l’aide d’une imposante machine que l’on actionne avec le pied (Voir la vidéo). Les boutonnières se font après les boutons puisqu’elles doivent être adaptées à leur taille. Pendant les périodes d’activités intenses, il pouvait y avoir une dizaine de religieuses qui travaillaient sous l’oeil avisé de la couturière responsable.
Le travail manuel chez les Antoniennes est accompli en l’investissant du charisme et de la mission spirituelle qui leur sont propres. Ainsi, il était fréquent de voir une religieuse priant ou récitant son chapelet tout en taillant, brodant, cousant des habits religieux. Comme le souligne soeur Savard, « Évidemment, la fréquence des prières variait selon la piété de chacune! ».

Apprentissage et transmission


Soutanes, 1904-1932
© Archives A.M., soumis à copyright

L'apprentissage se fait dans l'atelier par l'entremise des plus expérimentées. Les postulantes et les novices étaient souvent initiées dès les premières années de leur entrée en communauté.

Localisation

Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Le Fjord-du-Saguenay
Lieu: Maison mère des Soeurs Antoniennes de Marie, 927, rue Jacques-Cartier , Chicoutimi, G7H 2A3
Téléphone: 418 549-1055
Télécopieur: 418 549-1322
Site Web: http://www.soeursantoniennes.org

Source

Soeur Lucienne Savard
Lien avec la pratique : Soeur Lucienne Savard a travaillé à la salle de couture pour aider à confectionner des soutanes et d'autres vêtements portés par la communauté ou par les prêtres.

Enquêteurs : Catherine Gaumond, Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 7 avril 2009


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