Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Rimouski
Communauté religieuse: Congrégation des Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire
Classé sous Organisation religieuse (9200), Temps religieux (9280), Temps liturgique (9282).
Cérémonie de l'agneau pascal, 1951
© Archives R.S.R., soumis à copyright
La tradition de la bénédiction de l'agneau pascal aurait probablement été introduite dans la communauté sous l'influence des Pères Rédemptoristes de Sainte-Anne-de-Beaupré, auprès de qui les sœurs ont séjourné. « Un coup d’œil en arrière : le 16 août 1893, sept de nos sœurs […] mettent pieds au village privilégié de Sainte-Anne-de-Beaupré [...] Du côté matériel, que de délicatesses! Les douceurs s’adaptent aux saisons : du sirop d’érable à pleine chaudière, des pommes au quart, du raisin au panier, la dinde de Noël, l’agneau bénit de Pâques… (ARSR Hommage et reconnaissance à tous nos bienfaiteurs 1879-1949, p. 84-87).
Au sujet du jour de Pâques, voici ce qui est plus indiqué : « Alleluia! Alleluia! C’est Pâques. Le divin ressuscité fait renaître la joie dans tous les cœurs. Quel beau jour pour nous. Rien ne manque à cette solennité. Cérémonies religieuses, joyeuses récréations. Les bons Pères Rédemptoristes nous envoient une petite part de leur agneau pascal et d’autres excellentes choses, telles que fruits, œufs, pain bénit » (Chronique de la Communauté à Sainte-Anne-de-Beaupré, 30 mars 1902 : 128).
On peut supposer que mère Marie de la Victoire, supérieure de l’époque, avait appris l’existence de cette coutume, avant 1902 et que, les circonstances s’y prêtant, elle l’introduisit dans sa communauté en 1901. La pratique des Pères décrite dans la Chronique a été adoptée par la Congrégation. Ainsi, entre 1901 et 1965, ainsi qu'à l'occasion du centenaire en 1975, l'agneau pascal fut bénit.
Cérémonie de l'agneau pascal, 1929
© Archives R.S.R., soumis à copyright
La bénédiction de l’agneau pascal a lieu le dimanche de Pâques ou, encore, à l’occasion de la veillée pascale, soit le samedi soir. Lors de ces célébrations, on commémore la mort et la résurrection du Christ.
L'agneau pascal est le symbole de Jésus-Christ donnant sa vie en sacrifice: « Nous disons que le Christ, à cause de sa mort sur la croix, qu'il a subie sans plainte est un peu comme l'agneau que l'on mène à la boucherie, le petit agneau qui se laisse immoler tout doucement, sans révolte, sans cri. Alors, on symbolise beaucoup la mort du Christ avec la mort de l'agneau » souligne soeur Charron.
L'agneau portant l'étendard symbolise la victoire, la résurrection. Il s’agit d’une figure d’usage dans le christianisme et dans le cycle pascal où l'on affirme appartenir à la nouvelle alliance.
L'agneau pascal consommé le jour de Pâques est présenté couché, la tête droite avec un étendard en oriflamme, en signe de victoire. De petits pains azymes, des oeufs, des fruits et parfois du sucre à la crème ont été disposés autour. Lors de la veillée pascale, après la messe et la bénédiction du feu nouveau, le prêtre procède à la bénédiction des oeufs et de l'agneau. Le prêtre arrive avec les enfants de choeur et bénit l'agneau. Puis, on entreprend la cuisson de ces aliments bénits. Un petit réveillon qui consiste à consommer un bouillon de soupe est pris après la cérémonie dans le cas d'une veillée. Sinon, le déjeuner est rapidement consommé si l'évènement a lieu le dimanche.
Le dimanche de Pâques, les oeufs et les petits pains sont mangés au déjeuner, l'agneau est consommé au dîner après la messe solennelle. Le silence observé au repas pendant le carême fait place à des conversations joyeuses et animées.
Sœur Marie de Saint-Michel résumait ainsi la tradition : « Dès l’automne, le plus petit des agneaux revenus du pacage est mis à part et bien soigné, toujours proprement, il sera dès lors l’agneau pascal. C’est le Samedi saint que se terminera sa vie. Préparé sur la banquette, recouvert de coton absorbant de la tête aux pieds, on le croirait encore vivant, remis sur une petite table, entouré de fruits à plein plateau, de pommes et d’oranges, de bouteilles de sirop, de petits pains de sucre, de miel et d'autres bonnes choses, il attend le goupillon du pasteur, tout plein d’eau bénite du Samedi saint et les prières de l’Église. Ainsi, l’agneau pascal est donc séparé du profane, et les six ou sept bénédictions jetées à pleines mains sur les petits pains et autres friandises font de cette tablée de pains, de viande et de fruits, la nourriture toute spéciale de la famille rosariste et de ses employés, pour les trois repas de la journée. Heureux Jour de Pâques! Et cela depuis Pâques 1901. Les petits pains sont vite préparés et expédiés chez nos gens de la ferme et de l’usine » (Sœur Marie de Saint-Michel, Origine de la ferme : 151).
Soeur Pauline Charron
© IPIR 2009, soumis à copyright
Les soeurs sont initiées à cet évènement dès leur entrée en communauté. Les archives dont elles disposent sont riches en renseignements détaillés sur le phénomène en question. Aujourd'hui, c'est par l'oralité que les soeurs se souviennent de cette pratique qui n'existe plus depuis 1975.
Municipalité: Rimouski
Région administrative: 01 Bas-Saint-Laurent
MRC: Rimouski-Neigette
Lieu:
Maison mère, 300, Allée du Rosaire, Rimouski, G5L 3E3
Téléphone: (418) 723-2705
Télécopieur: (418) 724-0922
Site Web: http://www.soeursdusaintrosaire.org
Soeur Pauline Charron
Titre, rôle et fonction : Sœur Pauline Charron est responsable de l'enseignement de la musique et des archives musicales à la maison mère.
Enquêteurs : Roseline Bouchard, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 2 octobre 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: