Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

Les pratiques funéraires des Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge: être thanatopractrice

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Nicolet
Communauté religieuse: Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Rite de passage (9321)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242).

Historique général


Alignement des tombes cimetière ancien
© IPIR 2009-soumis à copyright

Quand une religieuse décède, son corps subit une succession de pratiques liées à l'embaumement avant d'être exposé au salon funéraire. Puis viennent les funérailles et l'ensevelissement de la dépouille au cimetière de la maison mère, soit immédiatement, soit ultérieurement, lorsque le décès survient en période hivernale.

En février 1955, une infirmière, qui avait séjourné aux États-Unis, insiste pour que la thanatopraxie des religieuses soit pratiquée à l’intérieur de la Congrégation et qu’elle comporte un embaumement. Jusque-là, un embaumeur de la ville venait seulement pratiquer une ponction abdominale. Elle propose que soeur Geneviève et elle-même se rendent dans les maisons américaines des Sœurs de l’Assomption pour y apprendre à pratiquer la thanatologie. Après plusieurs années, elles se rendent à Montréal pour y obtenir le certificat de thanatopracteur. Plus tard, soeur Rachel Élie rejoint soeur Geneviève Jacob. Cette dernière exercera ses fonctions pendant trente-six ans.
Après avoir enseigné en Afrique puis s’être occupée de pastorale en milieu hospitalier, Sr Réjeanne Lebel a été nommée responsable du salon funéraire en 2001. Elle a introduit un nouveau rituel permettant aux familles naturelles de perpétuer la mémoire de la défunte qui, souvent, a vécu plus longtemps en religion que dans sa famille.

Description


Salon funéraire
© IPIR 2009-soumis à copyright

Le corps de la défunte est d’abord lavé de façon à ce qu’il ne subsiste aucune matière susceptible de se corrompre. On coud ensuite la bouche. Il s’agit d'une étape difficile, car le visage doit rester expressif. Puis le corps est embaumé. Autrefois, l'embaumement se pratiquait à partir du dessous du bras. Par la suite, la technique s'est fait à partir de l’artère carotide et de la veine jugulaire. On injecte dans l’artère le fluide qui suit la circulation sanguine et qui revient par la veine. Les résidus s'écoulent dans l’évier. Après cette étape, on injecte des substances à base de phénol. Il est nécessaire de traiter le produit afin que la solution utilisée ne brûle pas la dépouille et qu'elle la conserve sans dégradation pendant les trois jours que dure l’exposition du corps. Après que le fluide ait circulé, il faut pratiquer une ponction abdominale pour conserver les viscères. On utilise alors une bouteille de fluide pur.
L’étape suivante est le maquillage. Au début de leur pratique, les soeurs Rachel Élie et Geneviève Jacob ne pouvaient maquiller les corps. Il a fallu que des embaumeurs insistent pour que le visage des religieuses mortes soit maquillé. En effet, le maquillage donne à la personne décédée un semblant de vie. Au dire de soeur Geneviève, « la personne n’a pas l’air cadavérique ». Le maquillage permet en outre de masquer les traces laissées par la maladie. Après l’embaumement, la défunte est lavée, habillée et placée dans le cercueil pour être transportée au salon funéraire.
Pour Sr Réjeanne Lebel, tenir le salon funéraire, c’est rendre le dernier service qui peut être rendu à la sœur décédée. Mais une sœur appartient à deux familles : sa famille religieuse et sa famille « naturelle ». Une religieuse reste enracinée dans sa famille naturelle même si elle a vécu plus de temps dans la congrégation.
Ainsi avant la fermeture du cercueil, pour garder la mémoire de la personne, soeur Lebel demande aux personnes présentes de mentionner les valeurs qu’elles attribuent à la défunte et d'indiquer si elles se reconnaissent dans ces valeurs. Elle leur demande ensuite si elles acceptent de les porter en mémoire de leur parente. En dernier lieu, elle pose la question : « À qui doit-on donner le chapelet de la sœur? ». Un consensus se fait dans la famille sur la personne qui recevra l’objet.
Puis viennent les funérailles et l'ensevelissement au cimetière de la maison mère, soit immédiatement, soit ultérieurement lorsque le décès survient en période hivernale.

Apprentissage et transmission


Srs Rachel Elie & Geneviève Jacob
© IPIR 2009-soumis à copyright

Soeur Geneviève Jacob a appris les techniques de la thanatopraxie aux États-Unis en fréquentant des soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge qui se consacraient à cette technique. De retour au Canada, elle a complété ses connaissances auprès de thanatologues des environs de Nicolet. Sa compagne, soeur Rachel Élie, a appris en pratiquant avec elle. Elle disposait cependant d'un solide bagage d'auxiliaire de soins à l'infirmerie de la congrégation.
Quant à soeur Réjeanne Lebel, lors de sa nomination comme responsable du salon funéraire, elle a interrogé des compagnes et s'est renseignée auprès de son entourage pour élaborer le rituel précédant la fermeture du cercueil.

Localisation

Municipalité: Nicolet
Région administrative: 17 Centre-du-Québec
MRC: Nicolet-Yamaska
Lieu: Niicolet, 251, rue Saint-Jean-Baptiste, Nicolet, J3T 1X9
Téléphone: (819) 293-2011
Télécopieur: (819) 293-5458
Site Web: http://www.sasv.ca/

Source

Les révérendes soeurs Rachel Élie, Geneviève Jacob et Réjeanne Lebel
Titre, rôle et fonction : Soeur Rachel Élie et soeur Geneviève Jacob ont été, pendant 36 ans, chargées d'embaumer leurs consoeurs décédées. Soeur Réjeanne Lebel a été responsable du salon funéraire.

Enquêteurs : Isabelle Becuywe, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 1 décembre 2009


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: