Récit de pratique culturelle

L'Accueil Bonneau pour les personnes en situation d'itinérance à Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


L'Accueil Bonneau, 1954
© Archives SGM, soumis à copyright

L’Accueil Bonneau fut fondé en 1877 à Montréal par Joseph Vincent en collaboration avec les Sœurs Grises, la Société Saint-Vincent de Paul et les Sulpiciens. Riche homme d’affaires, Joseph Vincent désire établir et soutenir une œuvre consacrée aux personnes sans domicile fixe. Il en fait part au révérend René Rousseau, prêtre sulpicien de l’Église Notre-Dame. Le révérend Rousseau lui recommande de rencontrer la Congrégation des Sœurs Grises, fondée dans le Vieux-Montréal une centaine d’années auparavant, et la Société Saint-Vincent de Paul, qui fête alors ses vingt ans d’existence à Montréal. 


Jusqu’en 1894, l'Hospice Saint-Charles (nom que porte à l'origine l'Accueil Bonneau) accueille des hommes et des femmes, le jour et la nuit. Les nouveaux développements dans le quartier conduisent à la destruction de l’Hospice. Un service de dépannage offert aux personnes en difficulté, portant le nom de Fourneau économique, est maintenu jusqu’en 1904 sur la rue Champ-de-Mars. La persévérance de la Société Saint-Vincent de Paul et des Soeurs Grises permet en 1904 le retour des services complets dédiés aux personnes itinérantes. Le Vestiaire des Pauvres ouvre alors ses portes sur la rue des Commissaires (devenue rue de la Commune) et en 1971 son nom est remplacé par celui d'Accueil Bonneau en hommage à sœur Rose-de-Lima Bonneau, responsable du Vestiaire des Pauvres de 1909 à 1934. 


Dans les années 1970, la désinstitutionnalisation et l'accroissement des problèmes liés à la toxicomanie amènent de nouvelles problématiques. L'Accueil Bonneau doit alors adopter une nouvelle voie. Après avoir mené une réflexion sur l'avenir de l'organisme, l’Accueil Bonneau s’incorpore, se dote d’un conseil d’administration et décide de continuer à offrir la soupe populaire de même que des services sociaux afin d'aider les sans-abri à se trouver un logement et d'enrayer les causes qui les conduisent à l’itinérance. Un service de l’Accueil Bonneau, appelé Promotion humaine et sociale, emploie des travailleurs sociaux qui agissent sur une base individuelle. L’évolution de l’œuvre a permis la construction de quatre résidences offrant des logements sociaux à prix abordable aux personnes qui fréquentent l’Accueil Bonneau.

Description


Les cuisines de l'Accueil Bonneau
© IPIR 2009, soumis à copyright

La mission de l'Accueil Bonneau est « de contribuer à la réinsertion sociale de personnes ayant vécu ou vivant en situation d'itinérance. Son objectif consiste à aider ces personnes à retrouver la stabilité résidentielle, l'autonomie et de bonnes conditions de vie ». 


L’Accueil Bonneau est surtout fréquenté par des hommes adultes. Le refuge ouvre ses portes le matin, une heure avant le petit déjeuner afin de permettre à ses usagers de prendre un numéro et de se joindre à une file d’attente. Situé sur la rue de la Commune, l’immeuble assure un service de dépannage offrant de la nourriture, des vêtements, de la literie et des chaussures. Les usagers ont accès à des douches et peuvent acheter de nouveaux vêtements, une fois par mois. Un coiffeur et un pédicure y offrent respectivement leurs services tous les deux ou trois jours et une fois par mois. Sur la rue Saint-Paul et à la salle de jour, ouverte à 8h tous les matins, des travailleurs sociaux et des intervenants répondent aux questions des usagers. Ils leur offrent des renseignements pratiques et un service d’orientation et de suivi à plus long terme dans le but de les aider à régler certaines difficultés, notamment la gestion de leur salaire et de leur budget, y compris pour les personnes ayant une déficience intellectuelle. De plus, les bénéficiaires de l'aide sociale peuvent y recevoir leurs prestations, à condition d’avoir un logement. De l'aide est offerte afin de trouver des solutions à long terme pour que les personnes puissent conserver leur logement. 


Les intervenants créent des liens de confiance avec les usagers et les aident à résoudre leurs problèmes. Ils leur donnent des outils pour leur permettre d'acquérir plus d'autonomie. C’est toujours de leur plein gré que les usagers consultent des médecins ou des travailleurs sociaux. L’organisme possède des chambres avec pension et plus de quatre immeubles de logements sociaux. Des intervenants y travaillent et veillent à ce qu’il y ait une solidarité entre les occupants. Des salariés travaillent à l’Accueil tous les jours et les bénévoles participent activement aux travaux. 


Dès 1970, la moitié du conseil d’administration était laïque. En 1984, cinq laïques étaient employés de l'Accueil. La mixité de religieux et de laïcs a toujours été encouragée. Les Sœurs Grises assuraient la direction générale. Les membres du personnel et les bénévoles de l’Accueil Bonneau ont toujours été associés à cette oeuvre. En 20 ans, le personnel passera de cinq à trente employés. En 2009, le Conseil d'administration de onze membres comptait quatre sœurs grises, trois responsables de la Société Saint-Vincent de Paul, trois sulpiciens, et un directeur général. La direction générale est aujourd'hui assumée par un laïc. Pour combler les emplois spécialisés, l'Accueil Bonneau  embauche des travailleurs sociaux ou spécialisés en santé mentale et des personnes travaillant en cuisine et en comptabilité. 


L’Accueil Bonneau compte sur plus de 225 bénévoles et sert plus de 320 000 repas annuellement. L’organisme distribue plus de 60 000 articles de première nécessité. Pour les usagers, l’Accueil Bonneau offre un accompagnement qui permet de développer un sentiment d’appartenance. L’esprit de Marguerite d’Youville est présent dans la façon de respecter les personnes et d’être à l'écoute sans contrainte ni tentative pour amener les gens vers la pratique religieuse. Toutefois, la prière avant le repas est une tradition. Un local de l’Accueil Bonneau a été aménagé afin qu'une messe y soit célébrée le dimanche pour les personnes intéressées. À Noël, un grand repas agrémenté de musique y est offert. Le premier dimanche de l’année, la Société Saint-Vincent de Paul y sert son repas traditionnel, auquel Monseigneur l’évêque assiste.

Apprentissage et transmission


Les bénévoles préparent les aliments pour la distribution
© IPIR 2009, soumis à copyright

Depuis sa fondation, l’Accueil Bonneau a su adapter ses services aux besoins du temps: de la soupe populaire au centre d’aide qu’il est devenu. Pour administrer une œuvre sociale, il faut compter sur des personnes qui ont à coeur l'amélioration des conditions de vie des personnes défavorisées. Selon sœur Fournier, même si les Soeurs Grises étaient amenées à disparaître, leur héritage restera et vivra sous une autre forme. La participation des laïcs à cette oeuvre a toujours été importante et elle va en augmentant. POur les Soeurs Grises, cette oeuvre conservera toujours  l’esprit de la bienheureuse mère Marguerite d’Youville.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu: Accueil Bonneau, 427, de la Commune Est, Montréal, H2Y 1J4
Téléphone: 514 845-3906
Site Web: http://www.accueilbonneau.com/fr/contact/

Source

Soeur Nicole Fournier
Titre, rôle et fonction : Secrétaire de la Congrégation
Lien avec la pratique : Soeur Nicole Fournier a été bénévole à la salle à manger de l'Accueil Bonneau, à son retour de mission au Cameroun. Puis elle est devenue responsable des bénévoles. L'année suivante, elle est devenue directrice générale de l'Accueil Bonneau pendant vingt-deux ans, soit jusqu'en 2006.

Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 11 juin 2009


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: