Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

La spiritualité des Sœurs Grises de Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique spirituelle (9330), Guide spirituel (9331)
et sous Organisation religieuse (9200), Temps religieux (9280), Temps liturgique (9282).

Historique général


Sr Julienne Massé
© IPIR 2009, soumis à copyright

Les pratiques cultuelles des Sœurs Grises de Montréal s’inspirent de l’École française de spiritualité (centrée sur Jésus). Les pratiques cultuelles et les rituels puisaient également leur inspiration et leur source d’intériorisation dans le charisme originel de mère d’Youville, dans la spiritualité propre aux Sœurs Grises et dans des dévotions plus spécifiques (cultes des saints, indulgences, confréries, reliques, etc.) vécues soit collectivement ou de façon personnelle ou individuelle.


Les pratiques les plus anciennes des Sœurs grises et les grandes dévotions de Marguerite d’Youville sont héritées des frères Charon, Frères hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph, étant donné qu’elle a hérité de leur mission. Les Sœurs Grises ont souvent été identifiées comme étant des femmes de prière en plus d'être des femmes d'action : « C'est dans la prière et la contemplation à la suite de Jésus qui savait se retirer dans des lieux déserts pour prier (Lc 5, 16) que le Père transforme notre cœur. Et c'est notre mission auprès du pauvre qui nous presse, à chaque instant, de nous retourner vers le Père. » (Article 32, Constitutions de 1981) Leurs pratiques cultuelles ont toujours été vécues dans l’esprit de la spiritualité de mère d’Youville et cela s’est reflété dans leurs constitutions qui visent à accroître la « vie intérieure ». La dimension spirituelle de la mission de l’Institut consiste à manifester la confiance de Jésus en la Providence de son Père et son amour compatissant envers le pauvre. L’amour qu’elles devraient avoir en découle et c’est par des œuvres de charité que les Sœurs Grises continuent à rendre visible la tendresse du Père. 


Toutes leurs pratiques cultuelles sont en conformité avec celles de la communauté universelle ecclésiale en incluant les cycles liturgiques. La communauté ecclésiale vivait et vit encore au rythme des cycles ou saisons liturgiques et de la vie sacramentelle. Le symbolisme (rites, signes) joue toujours un rôle majeur dans la liturgie ecclésiale et dans toutes les pratiques. Certaines pratiques se font de façon communautaire. Mais une place est accordée à une vie spirituelle plus personnalisée, selon les goûts de chacune. Les autres maisons de l'Institut, y compris celles des missions éloignées et des groupes restreints, se sont toujours efforcées de vivre selon cet esprit, tout en s'ajustant aux conditions spécifiques de chaque milieu de vie et d'apostolat, et aux exigences particulières de la mission (p. ex. les missions au Cameroun, Brésil, dans le Grand Nord, ou même lorsqu'elles vivent en appartement à Montréal afin de s’intégrer aux milieux populaires).

Description


Règles et constitutions des Soeurs grises
© IPIR 2009, soumis à copyright

La croix de Jésus est au cœur de leur mission : « Elle est la force qui les aide à porter les souffrances inhérentes à leur apostolat ». (Article 31 des Constitutions de 1981) Les Sœurs Grises entretiennent un culte spécial envers Marie. Les modalités d’expression des dévotions et pratiques culturelles ont varié sensiblement selon les grandes époques. Les dévotions fondamentales, traduisant la spiritualité spécifique des Sœurs Grises, demeurent substantiellement les mêmes qu’autrefois. Seules les pratiques décrites explicitement dans les constitutions actuelles sont conservées. Certaines pratiques anciennes ont été abolies ou sont tombées en désuétude ; d’autres sont laissées à l’initiative personnelle. 


Pendant la période pré-Vatican II, les pratiques et dévotions vécues sur une base quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, annuelle et dans le cadre d’une années liturgique peuvent se résumer comme suit : Sur une base quotidienne, les religieuses pratiquent le signe de croix, les prières du matin et du soir (remplacées aujourd’hui par l’office divin), la célébration des laudes et des vêpres et l’oraison quotidienne suivant la prière du matin qui n’est plus une pratique officielle. Elles célèbrent aussi l’eucharistie, l’adoration du Saint-Sacrement, l’examen particulier. D’une durée d’une dizaine de minutes, cette pratique ne se fait plus en commun, elle est laissée à l’initiative de chaque sœur. Les sœurs font également la lecture spirituelle personnelle et la lecture pendant les repas (le choix des lectures est maintenant laissé à la discrétion des personnes) et la récitation du psaume 50, en procession après le dîner. Cette dernière pratique cultuelle a cessé vers le milieu des années 1960. 


Plusieurs pratiques cultuelles quotidiennes dédiées à Marie étaient prescrites ou le sont encore, comme le chapelet et le rosaire, la récitation du Salve Regina, et la dévotion mariale. Aussi, l’invocation à la divine Providence et les aspirations au Père éternel sont des dévotions léguées par la mère fondatrice. Sur une base hebdomadaire, chaque jour de la semaine était dédié à une dévotion particulière. Par exemple, le dimanche était dédié aux trois adorables personnes de la Trinité, le lundi au Père éternel, le mercredi à saint Joseph, le jeudi à mère d’Youville, le vendredi, c’était la consécration à la sainte Croix et le samedi à la Sainte Vierge. Sur une base mensuelle, il y avait une récollection mensuelle, ou retraite du mois, destinée à la méditation, au recueillement et à la prière et à l’exposition du Saint-Sacrement. Sur une base annuelle, il y avait la retraite annuelle et différentes fêtes vécues dans le cadre de la liturgie ecclésiale du temporal et du sanctoral. Certaines fêtes étaient chômées, c’est-à-dire vécues comme un dimanche avec une grand-messe solennelle et le chant des vêpres. 


Plusieurs dévotions sont aussi présentes dans les pratiques liturgiques et spirituelles des Sœurs Grises, comme la dévotion à la Sainte Trinité, à l’Esprit saint, et à la Parole de Dieu transmise dans le Nouveau Testament et les psaumes ou dans l’Ancien Testament, et autrefois les dévotions à la sainte Enfance de Jésus, les saints anges, sainte Anne, saint Joachim, saint Roch, saint Alphonse Rodriguez et sainte Amable. La dévotion à la confrérie de la Sainte Famille, fondée en 1663, était pratiquée par mère d’Youville bien avant la fondation de son institut en 1737. La dévotion à la sainte Croix remonte au temps où mère d’Youville était pensionnaire chez les Ursulines de Québec. Elle demeure très vivante aujourd’hui. 


Avec le renouveau liturgique, toutes leurs grandes dévotions trouvent leur place à travers la liturgie ecclésiale, le cycle liturgique et temporal et le cycle sanctoral des saints. On y trouve toujours une « coloration youvillienne », teintée de la dévotion à mère d’Youville. Autant que possible, selon les conditions de santé et des déplacements, les sœurs vont à la messe. La messe dominicale a un cachet spécial. Les pratiques ne sont pas une morale d’obligation mais une morale d’amour. Bien qu’elles se fassent dans un cadre libre, les sœurs participent autant que possible aux pratiques communes et elles prient pour celles qui ne peuvent pas être présentes. Cela fait partie de la solidarité et de la vie communautaire.

Apprentissage et transmission


Sr Julienne Massé
© IPIR 2009, soumis à copyright


L’apprentissage chez les Sœurs Grises se faisait au cours des formations qu’elles suivaient lorsqu’elles entraient en communauté, puis lors de retraites qui les aidaient à intensifier la pratique de la vie spirituelle. La transmission peut être perçue à travers les lettres et les communiqués officiels, la correspondance suivie de part et d'autre, les circulaires mensuelles ou bimensuelles, les visites canoniques faites par des autorités provinciales ou générales, les chapitres généraux, les retours périodiques de personnes désignées à la maison mère, qui permettaient et permettent encore d'entretenir et de perpétuer la vitalité du charisme de mère d'Youville et l'esprit de l'Institut, de même que la solidarité et l'unité entre ses membres. Cette mission faisait aussi partie du mandat des supérieures locales de chaque maison.


À la suite du chapitre général de 1996, il est ressorti, concernant la transmission de la mission, un point important de leurs valeurs : le travail avec leurs contemporains laïcs. Pour les Sœurs Grises, c’est ainsi que le charisme de mère d’Youville se perpétuera et que son héritage survivra : « En partenariat avec nos contemporains, nous nous engageons à poursuivre et à transmettre notre MISSION. Ensemble, nous continuerons de répondre avec créativité aux besoins urgents et non comblés de la société et de participer ainsi à la construction d'un monde plus libre et plus humain », tel que formulé dans cet extrait de l’énoncé de mission lors du chapitre de 1996.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu: Maison mère des Soeurs grises de Montréal, 1190, rue Guy, Montréal, H3H 2L4
Téléphone: 514-937-9501
Site Web: http://www.sgm.qc.ca/sgm/francais/frameset.htm

Source

Soeur Julienne Massé
Titre, rôle et fonction : Soeur Julienne Massé travaille aux archives des Soeurs Grises de Montréal depuis 1983.
Lien avec la pratique : Ayant travaillé à mettre sur pied un inventaire des archives des Sœurs grises, sœur Massé a pu consulter les documents qui rendent compte des pratiques cultuelles depuis la fondation de l'Institut en 1737. Elle a également été témoin de l'évolution des pratiques depuis son entrée dans la communauté.

Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 23 juin 2010


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: