Récit de pratique liée à un savoir-faire

La fabrication du vin de messe par les Soeurs de la Charité de Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité de Québec

Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Aliment (préparation) (9291).

Historique général


Cellier de la Maison Mère-Mallet
© Archives S.C.Q., soumis à copyright

La première religieuse de la congrégation des Sœurs de la Charité de Québec à se lancer dans la fabrication du vin de messe est sœur Marie-de-la-Providence. Ce vin était destiné exclusivement à la cérémonie de l’Eucharistie. Dès 1927, la communauté installe l'équipement nécessaire à cette production dans la cave de la Maison Mère-Mallet. Sont même décrites, dans le Coutumier de la Congrégation, édition 1943, les responsabilités des religieuses responsables de la fabrication du vin de messe : « La religieuse à qui sera confiée la fabrication du vin de messe saura apprécier la faveur de concourir directement à la préparation d'un élément essentiel du Saint Sacrifice. Elle sera fidèle à suivre les procédés de la vinification, tant par esprit de pauvreté que par respect, car une simple négligence peut amener des conséquences fâcheuses quant à la qualité du vin. [...] » 


Ce travail, qui nécessitait l'apport de trois religieuses, permettait d'approvisionner en vin de messe toutes les maisons de la communauté situées à Québec, de même que la fondation des Îles-de-la-Maleine et de Saint-Ferdinand. En 1953, au décès de sœur Marie-de-la-Providence, grande responsable de ce savoir-faire, cette production se termine. Toutefois, ses assistantes se doivent de continuer. Elles le font jusqu'aux années 1970, en entretenant le cellier et en distribuant le vin produit avant le décès de sœur Marie-de-la-Providence.

Description


Sr Rita Saint-Pierre
© IPIR 2010, soumis à copyright

La fabrication du vin de messe est un procédé fort différent de la fabrication d'un vin maison. On ne retrouve, dans le vin de messe, que du jus de raisins ; ni eau, ni sucre ne sont ajoutés. De 1927 à 1953, la période de production du vin de messe chez les Sœurs de la Charité de Québec se déroulait généralement entre le 29 septembre, jour de la Saint-Michel, et la mi-novembre. Durant ces quelques semaines, les trois ou quatre religieuses responsables de cette tâche travaillaient à temps plein à la fabrication du vin. De plus, deux à trois semaines avant la réception des raisins, les religieuses devaient préparer la cave et le cellier, notamment en désinfectant les murs à la chaux et en lavant minutieusement les barils et les cuves. Lorsque arrivait la fin septembre, jusqu'à mille paniers de raisins pouvaient être livrés à la Maison Mère-Mallet. 


De grandes quantités de raisins étaient livrées, par exemple, 400 paniers de raisins bleus, 400 paniers de raisins verts et 250 paniers de raisins rouges pouvaient être livrés, sans compter les raisins secs, aussi utilisés dans la production du vin de messe. Dès la réception des paniers de raisins, l'étape du triage et de la distribution des raisins débutait. Les raisins étaient distribués dans une douzaine de cuves de 60 gallons en bois. L'étape du broyage devait se faire dès le lendemain, à l'aide d'un hachoir. Après une journée de repos, le raisin était prêt à être pressé. Cette extraction de jus était la seule étape effectuée par des hommes. Le raisin broyé était versé dans deux presses qui permettaient de récolter le jus des raisins. Ce jus était alors distribué dans de grandes cuves propres. Selon le nombre de gallons de jus présent dans chacune des cuves, des raisins secs étaient alors ajoutés au liquide. Le raisin sec est ce qui permettait de sucrer le vin de messe. Le raisin sec devait auparavant être haché en petits morceaux. Les novices de la communauté se chargeaient de cette tâche durant les premières années. Plus tard, les raisins secs étaient coupés au hachoir. Après s'être gonflés durant la nuit, les raisins secs présents dans les cuves devaient à leur tour être pressés. Le jus de raisins était alors transvidé dans des barils, au moyen d’une pompe. 


Après une douzaine de jours de fermentation, le jus était encore une fois transféré dans de nouveaux barils pour la conservation et la suite de la fermentation. Un an après le début de cette production, le vin de messe était prêt à être consommé lors de l'Eucharistie. Vers la fin de chaque production annuelle, au mois de novembre, les barils de vin de messe étaient bénis par l'aumônier de la Congrégation. Cette production était très exigeante physiquement pour les sœurs qui en avaient la charge. De plus, de la fin septembre à la mi-novembre, ces religieuses avaient de la difficulté à s'acquitter de leurs prières quotidiennes. Par exemple, elles n’avaient parfois pas le temps de faire leur visite quotidienne au Saint-Sacrement. Sœur Marie-de-la-Providence les invitait alors à aller dans les locaux de la reliure où il était possible de regarder, par la fenêtre, la lampe du Sanctuaire de la chapelle du Patronage.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu: Maison généralice, 2655, rue Guillaume-Le Pelletier, Québec, G1C 3X7
Téléphone: (418) 628-8860

Source

Soeur Rita Saint-Pierre
Lien avec la pratique : De 1947 à 1954, sœur Rita Saint-Pierre a assisté sœur Marie-de-la-Providence dans la fabrication du vin de messe.

Enquêteurs : Maude Redmond Morissette, Isabelle Becuywe
Date d'entrevue : 17 février 2010


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