Récit de pratique culturelle

L'administration d'une communauté hospitalière

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Classé sous Organisation religieuse (9200), Structure (9210), Structure administrative (9213).

Description


Soeur Davis en entrevue
© IPIR 2008, soumis à copyright

Au XXe siècle, l'administration des Hospitalières de Saint-Joseph a été
bouleversée par les nombreux changements sociaux qu'a vécu le Québec et
la communauté. L'étatisation des soins hospitaliers et la
transformation de la gouvernance des communautés, de maisons autonomes
en généralat, changent les habitudes des soeurs. Le témoignage de
soeur Davis présente l'évolution de l'administration chez les
Hospitalières de Saint-Joseph, tant pour la communauté que pour le soin
aux malades.


Jusqu'à la complète étatisation des soins médicaux au Québec, les Hospitalières de Saint-Joseph ont toujours veillé à administrer sainement leur argent de façon à ce que leurs «seigneurs, les malades» soient leur priorité.  Les Religieuses hospitalières administraient leurs affaires avec un souci d'économie constant et elles faisaient une distinction systématique dans la comptabilisation des frais, toujours au profit des malades.

Travaillant de 1950 à 1962 à la procure de l'Hôtel-Dieu de Montréal, soeur Davis se souvient d'un aspect important du contrat que devaient signer les médecins qui y travaillaient. Si les docteurs étaient payés pour les soins qu'ils donnaient dans les chambres privées et semi-privées, ils devaient donner gratuitement de leur temps dans les grandes salles de malades et dans les dispensaires (cliniques externes). Comme le dit soeur Davis, «c'est comme si tout le monde avait la vocation d'avoir soin des malades». Ainsi, bien qu'elle ne travaillait pas à proximité des malades, en tant qu'administratrice, elle contribuait néanmoins à ce que les malades pauvres reçoivent des soins gratuitement.

L'essentiel de ses tâches étaient d'engager du personnel, de régler des conventions collectives, de veiller sur les constructions et sur les achats, de même qu’à l'entretien ménager. Au terme de son mandat à la procure, soeur Davis voit apparaître d'importants changements administratifs. Effectivement, en 1961, pour la première fois, le gouvernement québécois paie pour le fonctionnement de l'hôpital. L'Hôtel-Dieu demeure la propriété des Hospitalières. Les religieuses reçoivent de l'État leur premier salaire. De 1962 à 1967, soeur Davis est directrice de l'Hôtel-Dieu de Hauterive, sur la Côte-Nord. En 1967, la supérieure générale de la communauté lui demande de revenir à Montréal pour être adjointe de l'économe générale, fonction qu'elle occupe rapidement.

L'économe générale veille aux dépenses de l'ensemble de la congrégation et aux oeuvres de la communauté (hôpitaux, foyers, collèges). L'économe générale n'est pas seule à administrer la communauté. Depuis que les maisons autonomes ont été abolies graduellement au profit du fonctionnement en généralat, de 1943 à 1953, l'économe générale travaille de concert avec les économes provinciales. Désormais, toutes les maisons des Hospitalières de Saint-Joseph sont reliées au généralat qui siège à Montréal. De 1967 à 1990, soeur Davis est économe générale de la communauté. La règle de base qui prévaut dans la saine gestion des finances de la communauté est de maximiser les économies, car, comme le rappelle soeur Davis, les soeurs «vivaient pauvrement» dans le but de permettre à la communauté de donner les meilleurs soins possibles aux malades. Ainsi, pour répondre à ce besoin d'économiser, les soeurs effectuaient leurs photocopies par un procédé peu dispendieux qui utilisait de la gélatine, récupéraient le plus possible le papier carbone, faisaient leur savon, fabriquaient le pain, entretenaient un immense jardin pour la communauté et l'hôpital et s'assuraient que, comme le souligne soeur Davis, «le meilleur de la nourriture [soit] pour [leurs] seigneurs, les malades». Si les soeurs avaient l'essentiel en ce qui a trait à la nourriture, les malades avaient le meilleur. Ainsi, si un patient le demandait, les hospitalières n'hésitaient pas à lui donner de bons morceaux de viande. Comme nous le dit soeur Davis, «on essayait de donner tout ce qu'on pouvait».

Avant 1961, les soeurs qui travaillaient à l'hôpital n’étaient pas rémunérées, bien qu'elles travaillaient énormément. Elles ne prenaient qu'une demi-journée de congé par année. Elles se dévouaient totalement à leur mission. Pendant longtemps, les religieuses et le personnel qu'elles embauchaient constituaient une équipe, «une famille», pour laquelle le soin du malades était une priorité. Il est évident que l'administration des Hospitalières reflète les valeurs premières de cette communauté car, en tout temps, les oeuvres sont la priorité.

Avant les années 1950, les maisons se géraient de façon autonome. Après cette période, pour des diverses raisons, la communauté fonctionne en généralat. Le budget de la communauté est alors comptabilisé séparément de celui de leurs oeuvres, ce qui permet aux religieuses de s'investir le plus possible dans leur mission spirituelle de soigner les malades.

Apprentissage et transmission


L'hôtel-Dieu de Hauterive (Baie-Comeau)
© Archives RHSJ, soumis à copyright

Avant même d'entrer en communauté, soeur Davis a travaillé pendant six ans dans un bureau d'avocats aux États-Unis. Elle y a appris les rudiments de l'administration, par exemple comment faire des contrats. Elle tire profit de ces compétences lorsqu'elle engage du personnel, notamment. Par ailleurs, elle a également aidé un homme qui travaillait dans le domaine des assurances. Encore une fois, cette expérience acquise est mise à profit dans les différentes occupations qu'elle a eu au sein de sa communauté. Lorsqu'elle entre en communauté, soeur Davis reçoit une formation d'infirmière. Plus tard, elle suivra une formation au HEC de Montréal, ainsi que des cours et des stages à Winnipeg pour apprendre la gestion d'hôpitaux. Lorsqu'elle quitte ses fonctions administratives en 1990, une autre soeur la remplace. Il faut dire que l'administration de la maison mère, du généralat et d'un Hôtel-Dieu repose sur un ensemble de religieuses qui ont différentes fonctions.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Maison mère de la communauté , 251, Avenue des Pins Ouest, Montréal, H2W 1R6
Téléphone: 514-844-3961
Site Web: http://www.rhsj.org/

Source

Soeur Ellen Davis
Titre, rôle et fonction : Au sein de sa communauté, soeur Davis a eu essentiellement des affectations liées à l'administration. Elle a travaillé à la procure de l'Hôtel-Dieu de Montréal (de 1950 à 1962), à la direction de l'Hôtel-Dieu de Hauterive (de 1962 à 1967) et comme trésorière générale des Hospitalières de Saint-Joseph (de 1967 à 1990).
Lien avec la pratique : De 1950 à 1990, soeur Ellen Davis a occupé, dans l'administration de la communauté, les plus hautes fonctions dans ce domaine. Après quarante ans d'expérience en administration, elle explique les particularités de l'administration dans une congrégation religieuse à vocation hospitalière.

Enquêteurs : Catherine Gaumond, Roseline Bouchard.
Date d'entrevue : 10 février 2009


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: