Récit de vie

Soeur de la Mirande et la mission sur la Côte-Nord

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262)
et sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Vocation/forme d'élection (9232).

Description


Soeur Yvonne de la Mirande
© IPIR 2008, soumis à copyright

Le parcours de soeur de la Mirande témoigne du dévouement que demande le travail de toute hospitalière, en particulier en contexte de mission et de la capacité d'une communauté religieuse à s'adapter aux besoins des régions où elle s'installe. Dans la région de la Côte-Nord, les Hospitalières de Saint-Joseph ont su répondre aux besoins des soins du corps, mais aussi de l'âme, d'hommes en détresse vivant avec des pensées suicidaires et des problèmes de dépendance. Notre informatrice a eu différentes fonctions au sein de sa communauté pendant sa vie religieuse. Elle a été infirmière et a travaillé au laboratoire de pathologie de l'Hôtel-Dieu de Montréal. De 1954 à 1972, dans la région de la Côte-Nord, elle est successivement infirmière, responsable du bureau d'admission, archiviste médicale, analyste en laboratoire, à la fois responsable des rayons X et directrice de l'hôpital, et finalement supérieure de sa communauté (de 1967 à 1972).

En 1972, elle donne sa démission à titre de directrice pour relever un nouveau défi. Elle fonde, en 1973, S.O.S. Amitié, un service téléphonique anonyme pour aider les personnes aux prises avec des idées suicidaires. En 1975, elle entreprend, en plus de ce projet, la mise en oeuvre de l'organisme «Point de Rencontre», qui aide les hommes suicidaires, alcooliques et toxicomanes de la région de la Côte-Nord et d'ailleurs.

La vie de soeur de la Mirande illustre le cheminement des soeurs qui décident d'entrer dans la communauté des Hospitalières de Saint-Joseph. Soeur Yvonne de la Mirande est la treizième d'une famille de quinze enfants. Elle naît et grandit à Montréal, dans le quartier Crémazie, sur la rue Foucher. Toute jeune, elle s'implique dans diverses organisations religieuses: chez les croisillons à huit ans, chez les croisés à dix ans et dans la Jeunesse étudiante catholique (JEC) à douze ans. Elle est aussi enfant de Marie. Jeune, soeur de la Mirande va à la messe quotidiennement à six heures, tous les jours de la semaine. Dans sa famille, la religion a une place très importante. Tous les soirs, la famille se réunit pour une prière commune. Dès l'âge de sept ou de huit ans, elle montre un désir de devenir infirmière et missionnaire. Un dimanche, elle visite une cousine de sa mère qui est Hospitalière de Saint-Joseph. C'est à ce moment que germe en elle l'idée de devenir infirmière. Elle voit des hommes malades dans les grandes salles de l'Hôtel-Dieu et elle se dit alors qu'elle deviendra une infirmière pour les soigner. Elle étudie chez les Soeurs de Sainte-Croix, à Saint-Alphonse d'Youville, où les Soeurs de l'Immaculée-Conception lui parlent fréquemment de leur mission en Chine. Elle étudie dix ans à cette école pour ensuite faire un an de cours commercial chez les Soeurs de Jésus-Marie. Le 1er mars 1945, alors qu'elle est âgée de 19 ans, soeur de la Mirande commence son cours d'infirmière à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Durant sa troisième année de cours, elle décide d'entrer chez les Hospitalières de Saint-Joseph. Elle a, comme elle le mentionne, «fait attention à la grâce qui passe et qui ne revient pas». En 1947, âgée alors de 21 ans, Yvonne de la Mirande entre en communauté, accueillit par le traditionnel chant Veni Creator («viens esprit saint») qu'entonnent les 200 religieuses qui forment sa nouvelle famille. Le 4 mars 1948, elle entame son noviciat. Le 24 mai 1949, elle prononce ses voeux temporaires, et le 9 juin 1950, elle prononce ses voeux perpétuels.

Tous ces moments de la vie religieuse sont soulignés par de grandes cérémonies. Alors qu'elle entre en communauté, le silence est de mise dans l'enceinte du monastère. À l'époque, les Hospitalières sont cloîtrées. Ce n'est qu'au début des années 1950 que la communauté «[revient] comme [son] fondateur [la désirait]». À l'origine, la communauté n'était pas cloîtrée, mais les règles canoniques de l'époque ont imposé à toutes les religieuses ce mode de vie.

Dans les années 1950, le travail des soeurs hospitalières infirmières est difficile, peu importe l'endroit où elles travaillent. La journée débute à 5h30 et ne se termine qu'en fin de soirée. Les soeurs vont à l'office du matin, déjeunent, partent travailler pour la journée et prennent une pause d'une demi-heure pour le dîner. Vers 16h30, elles vont à l'office du soir, soupent et, ensuite, retournent au chevet de leurs malades. Elles soignent les malades, font des pansements, administrent des médicaments, font des prises de sang, etc. Elles travaillent sept jours par semaine et ne prennent qu'un grand congé d'une journée par année. Aujourd'hui, les soeurs disposent de trois semaines de vacances.

La mission des Hospitalières de Saint-Joseph sur la Côte-Nord débute en 1950. Monseigneur LaBrie demande à différentes communautés de soeurs de prendre en charge la direction et la bonne gestion d'un nouvel établissement hospitalier dans la région. Comme le mentionnent les annales de l'Hôtel-Dieu de Hauterive, «[a]u printemps de 1947, Son Excellence Monseigneur N.A. LaBrie c.j.m., évêque du Golfe Saint-Laurent, se présentait à l'Hôtel-Dieu de Montréal pour y solliciter, avec toute l'énergie d'une âme d'apôtre, cinq ou six religieuses, aux fins d'assurer la direction d'un hôpital projeté à Baie-Comeau, ville industrielle du diocèse» (Collectif, 25 ans de L'Hôtel-Dieu de Hauterive, p. 5). Six soeurs partent donc de Montréal, en 1950, pour exercer leur profession. Puisque l'hôpital n'est pas trêt, elles dorment dans les greniers de l'évêché.  Notre informatrice y a également dormi pendant un an et demi. Bien que soeur de la Mirande ne fasse pas partie du premier groupe des six soeurs fondatrices, elle a été témoin des premières années de la fondation de la communauté en Côte-Nord. Lors de son affectation à l'Hôtel-Dieu de Hauterive, le personnel manque et les soeurs sont sur appel constamment. On les appelle en pleine nuit pour faire une analyse en laboratoire ou faire des radiographies. Notre informatrice compare le travail de l'hospitalière à celui d'une mère de famille qui doit veiller sur ses enfants en tout temps et avec dévouement.

La construction de l'hôpital se termine le 26 août 1955. Sept soeurs et cinq infirmières laïques, de même que plusieurs aides, y travaillent. Les soeurs doivent être très polyvalentes. Comme soeur de la Mirande le mentionne en blaguant, «il y a seulement à la cuisine où ils n'ont pas pris la chance» de lui donner cette obédience. Ainsi, même si elle est infirmière, notre informatrice suit un cours d'archiviste médicale en 1959, à Ottawa. Elle occupe cette fonction à son retour.

Après avoir quitté l'Hôtel-Dieu de Hauterive en 1972, soeur de la Mirande entreprend une expérience d'une année dans un tout autre domaine, soit l'aide aux suicidaires. Elle réalise cela dans un esprit d'abnégation total, comme elle le dit: «Moi, j'ai toujours demandé au bon Dieu [...] si c'est Toi qui veut cela, bien fais que ça marche». Elle entame alors le projet S.O.S. Amitié, un service téléphonique anonyme pour répondre aux personnes aux prises avec des idées suicidaires. Elle veille à la formation de ceux qui répondent aux appels. Le projet fonctionne et il est renouvelé pendant de nombreuses années. Réalisant que des personnes en détresse ont besoin de se loger, soeur de la Mirande envisage la création d'une résidence pour les hommes toxicomanes et alcooliques de la région. Les femmes vivant ce genre de difficultés peuvent s'adresser aux Ursulines. La communauté reçoit, pour son projet, l'appui des Club Lions, Richelieu, de l'évêque, d'un prêtre et de plusieurs bénévoles, etc. Ainsi, l'organisme le Point de Rencontre est créé. Les hospitalières qui y travaillent suivent des formations sur la toxicomanie, notamment à l'Université de Sherbrooke. Les hommes qui sont reçus au Point de Rencontre sont même invités, s'ils le désirent, à aller à la messe quotidiennement. Car, d'après soeur de la Mirande, l'essentiel de la guérison est dans la prière.

Le récit de vie de soeur Yvonne de la Mirande nous aide à comprendre pourquoi une jeune Montréalaise catholique en vient à être attirée par la vie d'infirmière et de missionnaire. Elle est devenue hospitalière de Saint-Joseph, tout comme la cousine de sa mère qu'elle a visitée à l’âge de 7 ans. Émue par la misère physique autant que morale, elle se dit alors que sa place était auprès des personnes dans le besoin et qu'elle deviendrait infirmière. Quant à son désir de devenir missionnaire, il se réalise à l'intérieur des frontières de la province de Québec, sur la Côte-Nord. En plus de soigner physiquement les personnes à l'Hôtel-Dieu de Hauterive, soeur de la Mirande et ses consoeurs répondent à leurs besoins psychologiques et spirituels.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: maison mère , 251, Avenue des Pins Ouest, Montréal, H2W 1R6
Téléphone: 514-844-3961
Site Web: http://www.rhsj.org/

Source

Soeur Yvonne de la Mirande
Titre, rôle et fonction : Soeur de la Mirande a occupé différentes fonctions au sein de sa communauté pendant sa vie religieuse. Elle a été infirmière et a travaillé au laboratoire de pathologie de l'Hôtel-Dieu de Montréal. De 1954 à 1972, sur la Côte-Nord, elle est successivement infirmière, responsable du bureau d'admission, archiviste médicale, analyste en laboratoire, directrice de l'hôpital, et supérieure de sa communauté (de 1967 à 1972). En 1972, elle donne sa démission à titre de directrice pour relever un nouveau défi. Elle fonde, en 1973, S.O.S. Amitié, un service téléphonique pour aider les personnes suicidaires. En 1975, elle met sur pied l'organisme «Point de Rencontre», qui aide les hommes suicidaires, alcooliques et toxicomanes de la région de la Côte-Nord et d'ailleurs.

Enquêteurs : Roseline Bouchard, Catherine Gaumond
Date d'entrevue : 9 février 2009


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