Récit de vie

Actualisation de la vie religieuse des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Classé sous Organisation religieuse (9200), Structure (9210), Structure communautaire (9214)
et sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Vocation/forme d'élection (9232).

Description


Soeur Nicole Gaudet, religieuse hospitalière de Saint-Joseph
© IPIR 2008, soumis à copyright

Soeur Gaudet entre chez les Hospitalières de Saint-Joseph en 1967. Bien qu'elle soit, comme plusieurs de ses anciennes compagnes, une infirmière de l'Hôtel-Dieu, son mode de vie est marqué par les changements apportés par le Concile Vatican II. Son témoignage nous révèle de quelle façon le charisme et la vie quotidienne ont été actualisés dans les quarante dernières années.

Soeur Gaudet a soixante ans. Originaire des Laurentides, milieu touristique, elle a grandi en prenant rapidement l'habitude de recevoir des personnes. Vers l'âge de six ans, à l'occasion de sa première communion, elle songe déjà à «donner sa vie à Dieu». À neuf ans, elle est déterminée à entrer en communauté lorsqu'elle aura atteint sa majorité (vingt et un ans). Dans les faits, elle y entre plus tôt, soit à dix-huit ans. Elle choisit les Hospitalières de Saint-Joseph car elle se sent plus à l'aise dans les relations interpersonnels nécessaires au poste de soignante que dans les tâches liées à l'enseignement.

Sœur Gaudet est formée dans les règles: postulat, noviciat et année doctrinale. Cependant, elle fait partie de la première cohorte des soeurs qui reçoivent leur formation d'infirmière au Cégep plutôt qu’à l'École d'infirmières de l'Hôtel-Dieu de Montréal. L'institution et son fonctionnement changent lentement, mais sûrement. C'est avec humour que sœur Gaudet raconte qu'elle désirait, à l'époque, être une « vraie » soeur et porter l’habit traditionnel. Toutefois, elle réalise rapidement que le charisme ne réside pas dans les conventions et les institutions, mais bien dans l'âme: en respectant le vœu de pauvreté, notamment dans les habits portés. Après sa formation de religieuse, soeur Gaudet, tout comme plusieurs jeunes soeurs à l'époque, est conviée à vivre dans une fraternité. Les soeurs plus conservatrices sont entrées dans une communauté cloîtrée, elles pouvaient difficilement s'imaginer vivre dans un autre lieu que la maison mère.

Les fraternités sont de petits groupes qui s'insèrent dans les milieux populaires dans le but de se rapprocher des démunis et de s’impliquer socialement. Cette expérience consiste en une cohabitation à sept personnes dans une même maison ou dans un même logement, notamment dans des coopératives d'habitation. Cela est très différent du mode de vie à la maison mère. Les soeurs doivent y gérer non seulement leur vie religieuse, avec l'eucharistie quotidienne, les prières, l'oraison et les dévotions, mais aussi les tâches ménagères et la cuisine. Leur vie n’est alors plus réglée au son de la cloche du couvent. Soeur Gaudet souligne que ce mode de vie rapproche les soeurs. Comme elle le dit: «On se disait, dans une communauté, tu peux t'isoler, tu peux partir, puis t'en aller dans ta chambre. Mais quand tu es en fraternité et que tu n'es pas bien, que tu te sens «marabout» ou que tu n'as plus de patience, l'autre est proche, n’est-ce pas ?». La vie chrétienne en fraternité se vit différemment, notamment en ce qui a trait au pardon et à la réconciliation.

Soeur Gaudet travaille comme infirmière à l'Hôtel-Dieu de Montréal, de 1975 à 1997. Soigner les malades est une pratique culturelle traditionnelle au sein de la communauté des Hospitalières. Soeur Gaudet nous rappelle que, pour toute hospitalière, chaque personne de l'hôpital est importante, mais la personne la plus importante sera toujours le malade. Ce malade, elle «ne le voyait pas comme un malade. [Elle] soignait la personne», avec tendresse et compassion, deux valeurs fondamentales pour les Hospitalières de Saint-Joseph depuis 350 ans. Pour soeur Gaudet, il s'agit de valeurs acquises dès l'enfance, comme l’écoute. Car, comme elle le dit, «pour moi, je touche Dieu et ça me fait vivre». Soigner un malade c'est lui prodiguer des soins et lui donner de l'amour, donner de l’amour à une personne fragilisée dans son âme et dans son corps.

Après vingt ans de carrière comme infirmière, soeur Gaudet quitte cette fonction pour aller à la Résidence Marie-de-la-Ferre, lieu d'hébergement pour les familles dont un malade se fait traiter dans un hôpital montréalais. On lui propose également de s'occuper d'un groupe d'associés avec soeur Thérèse Payer.

En 1994, l'hôpital demande à acquérir le lieu qui sert de résidence aux soeurs. En conséquence, les Hospitalières de Saint-Joseph doivent changer de lieu. Soeur Gaudet aura pour mission de rendre accueillante la nouvelle résidence, en travaillant de concert avec l'architecte. Les valeurs de beauté, d'ordre, de liberté et de paix doivent se retrouver à l'intérieur des murs. Avec ses vingt et une chambres et une capacité de vingt-trois personnes, la Résidence Marie-de-la-Ferre, du nom de la cofondatrice de la communauté, reçoit des personnes de partout au Québec et, parfois d'ailleurs. Accueillir ces personnes est très important pour la communauté religieuse. Ces visiteurs vivent des émotions fortes et les soeurs doivent bien les accueillir et être des «professionnelles de la compassion», comme le dit soeur Gaudet. Cela peut consister, par exemple, à être particulièrement à l'écoute pendant le déjeuner. Ce sont cinq religieuses qui veillent au bon fonctionnement de la résidence, chacune ayant sa chambre à un étage différent du bâtiment. Le lieu reçoit plus de mille visiteurs par année. Le séjour varie d’une soirée à plus d’un mois et demi, dans certains cas.

Soeur Gaudet a vécu de manière différente que ses prédécesseures dans la communauté. Sa vie en fraternité, a été bien différente du mode de vie traditionnel des cloîtrées à l'intérieur du monastère. Toutefois, elle porte le même charisme qui anime depuis des siècles sa famille: la liberté des enfants de Dieu en femme de foi incarnant la tendresse et la compassion du Christ envers les pauvres et les malades. Sa dernière affectation à la Résidence Marie-de-la-Ferre nous rappelle que la communauté rend toujours service aux malades en accueillant leur famille et en leur permettant de vivre leur maladie accompagnés de leurs proches. Ainsi, bien qu'il n'y ait plus d'Hospitalières de Saint-Joseph en service à l’hôpital, celles-ci restent toujours en contact avec les malades.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu: Résidence Marie de la Ferre, 225, avenue des Pins Ouest, Montréal, H2W 1R5
Téléphone: (514) 844-1022
Télécopieur: (514) 844-9114

Source

Soeur Nicole Gaudet
Titre, rôle et fonction : Soeur Nicole Gaudet a été, pendant vingt ans, infirmière à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle quitte cet établissement pour oeuvrer à la Résidence Marie de la Ferre. Depuis 1994, elle a la charge des associés à la famille des Hospitalières de Saint-Joseph, à Montréal.
Lien avec la pratique : Soeur Nicole Gaudet est entrée en communauté au moment des changements apportés par le Concile Vatican II. Bien qu'elle ait rempli une fonction traditionnellement «hospitalière», c'est-à-dire celle d’infirmière, sa vie religieuse s’est déroulée bien différemment de celle des soeurs cloîtrées d’autrefois. En effet, elle a vécu en fraternité et a même habité dans des milieux populaires, afin de tisser des liens avec les laïcs.

Enquêteurs : Catherine Gaumond, Roseline Bouchard, réédité par Louise Saint-Pierre
Date d'entrevue : 12 mars 2009

Photos


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