Récit de pratique culturelle

Le charisme des Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Saint-Hyacinthe
Communauté religieuse: Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique spirituelle (9330), Guide spirituel (9331).

Historique général


Mission en Haïti (1990)
© Soumis à copyright

La communauté des Sœurs de Saint-Joseph a été créée grâce à la clairvoyance des fondateurs, Monseigneur Louis-Zéphirin Moreau et Élisabeth Bergeron (mère Saint-Joseph). Tous les deux se sentaient très interpellés par la situation précaire de l’enseignement dans les campagnes et avaient un grand désir d’évangélisation. Pour Élisabeth Bergeron, cette interpellation s’est produite au cours de sa jeunesse, alors que ses parents ont dû déménager aux États-Unis pour trouver du travail (en 1865). Elle a été très surprise de voir que les jeunes filles avec qui elle travaillait ne savaient rien du catéchisme. C’est ainsi qu’elle a pris l’initiative de leur donner des cours du soir.

De retour au Québec, à 19 ans (1870), elle a fait plusieurs tentatives infructueuses pour entrer en communauté. Finalement, sa détermination l’a emmenée à fonder une communauté d’enseignantes, à la demande de Mgr Moreau, alors qu’elle-même savait à peine lire. La première constitution de la communauté, en 1882, stipule que les Sœurs de Saint-Joseph se concentreront sur l’éducation des enfants des deux sexes, dans les écoles élémentaires et modèles. Mgr Moreau y avait notamment fait inscrire que la communauté ne devrait pas ouvrir de pensionnat, afin qu’il ne manque jamais d’institutrices à l’élémentaire. Toutefois, la communauté s’est adaptée au fil du temps et la mission a été précisée à plusieurs reprises. En 1904, un ajout à la constitution stipule que les membres de la communauté mettront toute leur intelligence, leur cœur et leur vie au service de l’œuvre sainte de l’enseignement. Cette mission s’effectue par l’éducation complète des enfants des deux sexes, sans distinction entre les riches et les pauvres. En 1973, la définition de pauvreté ne se limite plus seulement à l’aspect monétaire, mais aussi aux aspects matériel, intellectuel et moral. Les sœurs se doivent alors de servir les victimes de la pauvreté, car la pauvreté, dans tous ses aspects, devient une entrave à l’épanouissement humain et à l’acceptation du Salut.

Finalement, la constitution de 1980 révèle leur attrait pour les plus petits, à qui elles doivent présence et attention, comme à Dieu. Bref, depuis les débuts de leur communauté, les sœurs de Saint-Joseph ont comme mission de vivre à la manière de saint Joseph, éducateur de Jésus, en disponibilité aux besoins de l’Église, recherchant la volonté de Dieu à même les événements de la vie quotidienne. Le charisme de la communauté en est d’ailleurs fortement inspiré.

Description


Soeur Céline Comeau (Salle du tombeau de la fondatrice, 2010)
© IPIR 2010, soumis à copyright

Le charisme de la communauté représente le don que Dieu a fait à l’humanité par la création de la communauté des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, en somme, ce qui fait leur originalité en tant que communauté. Leur spiritualité, à la manière de saint Joseph, ou spiritualité de l’Incarnation et leur dévouement à l’enseignement font en sorte qu’elles révèlent un Dieu qui se fait proche de tout être humain. Cela est représenté notamment par un Jésus enfant qui est assisté dans sa croissance humaine par saint Joseph. À ce sujet, la parole de Dieu placée au dessus du tombeau d’Élisabeth Bergeron (la fondatrice) est très éloquente : « Ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort ». C’est donc dire que les sœurs sont appelées à se mettre au service des plus humbles, à rendre justice aux plus pauvres en leur enseignant qu’ils sont des êtres dignes. Saint Joseph fait donc office d’exemple à suivre pour la communauté. Être fiancé à Marie sans être père de son enfant est une situation qui le soumet à une pression sociale considérable. Vivre à sa manière signifie donc d’accepter un projet qui n’est pas le sien, se mettre au service de l’Église et accepter les tâches les moins faciles. Tous ces aspects sont bien présents dans l’œuvre des sœurs, puisqu’elles ont toujours été poussées à ouvrir des écoles, tant pour enseigner que pour catéchiser, dans les endroits le plus reculés, au Québec et à l’étranger. Ainsi, les sœurs n’ont jamais baissé les bras devant les tâches moins rémunérées ou devant des conditions de travail difficiles. De plus, elles se sont mises au service de l’Église par leur implication dans les paroisses, notamment en s’occupant de l’entretien du matériel liturgique et en prenant en charge les fêtes paroissiales, les enfants de chœur et les chants liturgiques.

Les sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe sont toutes égales entre elles. Elles accordent beaucoup d’importance à l’eucharistie, la prière et la confiance en la divine Providence. Leur style de vie est teinté par la joie, la simplicité, l’humilité et le dévouement.

Apprentissage et transmission


Soeur Louise Bibeau au Centre Louise Bibeau pour le dépannage des familles ayant un enfant handicapé
© Soumis à copyright

Bien que les Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe soient maintenant toutes à la retraite, leur oeuvre continue de refléter leur mission : révéler un Dieu qui se fait proche de tout être humain. Au Québec, elles s’impliquent dans la maison de la famille Le Moine, un organisme qu’elles ont contribué à mettre sur pied et qui œuvre dans la formation des parents afin que ceux-ci soient mieux outillés pour éduquer leurs enfants. L’École secondaire Saint-Joseph, qui possède maintenant une direction laïque, dispense également un enseignement proche des valeurs des SJSH dans les mesures d’appui données aux plus faibles. Les soeurs s’impliquent aussi de multiples façons dans des organismes venant en aide aux familles et plus particulièrement aux enfants et aux plus démunis. Par exemple, elles ont mis sur pied un programme d'aide aux devoirs à même la maison mère, elles aident les Clubs des petits déjeuners dans les écoles, elles ont mis en place divers programmes d’entraide (gardiennage par exemple) et elles agissent dans des oeuvres liées à la protection de l'environnement et à la cause des femmes. Cependant, elles gardent toujours une certaine priorité pour les jeunes, qui sont d’ailleurs dans toutes leurs prières communautaires.

Au niveau religieux, elles sont encore aujourd'hui impliquées dans la pastorale et l'initiation aux sacrements. En d’autres mots, dans toutes leurs actions les soeurs favorisent la croissance des plus démunis, en démontrant un attrait marqué pour les plus petits, afin que ceux-ci se sentent aimés et écoutés. Leur implication sociale et spirituelle est aussi présente dans l’attention qu’elles portent aux intentions de prières formulées par les membres de leur communauté. Certaines intentions sont inscrites sur le grand tableau placé devant la chapelle, alors que celles qui ont été déposées dans la boîte de la salle du tombeau d’Élisabeth Bergeron sont lues chaque soir à 18h30, lors de la prière au tombeau. Ce rassemblement regroupe la majorité des soeurs suffisamment en santé pour se déplacer. Les intentions de prières sont lues à haute voix et livrées à mère Saint-Joseph pour qu’elle intervienne, sous le principe de la divine providence, en faveur des personnes ayant formulé une demande. Les sœurs de Saint-Joseph possèdent une trentaine d’associés laïcs qui les appuient dans leur mission d’enseignement de la débrouillardise aux personnes dans le besoin, et ce, sans distinction de classe. Dans le même ordre d’idées, les soeurs font aussi des dons à de nombreux organismes ayant l’éducation à coeur. Leur œuvre dans le domaine de l’enseignement est toujours vivante dans les communautés de sœurs enseignantes de leurs missions au Brésil et au Lesotho. Aussi, de par le monde, elles oeuvrent en tant que sœurs paroissiales dans leurs milieux respectifs. Peu importe où elles se trouvent, les sœurs de Saint-Joseph privilégient toujours les plus pauvres dans leurs actions. Par exemple, au Lesotho elles aident les enfants orphelins de parents morts du sida. Ainsi, dans leurs missions, elles cèdent leur place aux personnes qu’elles ont formées.

La spiritualité des Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe est toujours bien vivante. Les soeurs contribuent à faire connaître Dieu tout en se mettant au service des personnes dans le besoin, et ce, de diverses façons dans les limites de leur capacité physique. Cette parole de Dieu inspire l'oeuvre des sœurs de Saint-Joseph de par le monde : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites ».

Localisation

Municipalité: Saint-Hyacinthe
Région administrative: 16 Montérégie
MRC: Les Maskoutains
Lieu: Maison mère des soeurs de Saint-Joseph, 805, Ave. Raymond, Saint-Hyacinthe, J2S 5T9
Téléphone: 450-773-6067
Télécopieur: 450-773-8044
Site Web: http://www.sjsh.org

Source

Soeur Céline Comeau
Lien avec la pratique : Elle a été enseignante durant neuf ans et a suivi une formation sur la spiritualité ignatienne.

Enquêteur : Catherine Fredette, Maude Redmond
Date d'entrevue : 26 avril 2010


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: