Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Spiritualité autochtone
Appartenance: Spiritualité autochtone (Attikameks)
Groupe: La communauté de Wemotaci
Paroisse, congrégation ou équivalent: La communauté de Wemotaci (Attikameks)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Rite de passage (9321)
et sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Rite d'agrégation (9322).
Cérémonie des premiers pas à Manaouane
© IPIR 2009, soumis à copyright
Pour les Attikameks, éduquer signifie sensibiliser l'enfant par des renseignements utiles (Kiskinohomakewin). Par le passé, l'éducation était donnée à des fins de survie, et ce, par l’enseignement des attitudes et des comportements à adopter pour, par exemple, chasser. La morale et les coutumes faisaient également partie de l'enseignement prodigué par les grands-parents, parents, oncles et tantes à leurs descendants. Plusieurs autres rites cérémoniels marquaient l’éducation des plus jeunes : Octockahawsowin (rite de puberté des jeunes filles) et Witchi astoskewin (initiation des jeunes chasseurs par leur oncle).
Les parents lors de la cérémonie à Wemotaci
© IPIR 2009, soumis à copyright
La cérémonie des premiers pas, Orowitahawsowin, marque une étape de la vie de l'enfant. Elle se déroule très tôt le matin, dans une tente dont la porte est orientée vers l'est pour le lever du soleil. Mary Coon est souvent sollicitée par sa communauté, Wemotaci, pour officier ce troisième rite de passage qu’est la cérémonie des premiers pas. Avant l’âge d’un an, l’enfant fait son apprentissage dans sa famille élargie. À l’âge d’un an, l’enfant commence à sortir et à découvrir le monde. Il est mis en contact avec la communauté. À partir de ce moment, son éducation lui viendra de toute la communauté.
Au moment de célébrer les premiers pas, chaque membre de la communauté s’engage à être un exemple pour l’enfant. Avant l’âge d’un an, l’enfant n’a pas le droit de faire ses premiers pas à l’extérieur. Durant cette célébration, l’enfant porte les habits traditionnels. Un sapin et des arbres sont décorés. La cérémonie a lieu dans l’espace traditionnel et dans la langue attikamek. L'enfant, accompagné de son parrain et de sa marraine, marche sur un chemin jonché de branches de sapin. Si c’est un garçon, on lui offre une gibecière et du gibier, un petit arbre décoré de rubans, une hache ainsi qu’un petit sac rempli de bonbons, de petits objets et de tabac.
À cette occasion, il tire son premier coup de fusil. S’il s’agit d’une fille, on lui offre un tikinakan (panier pour bébé) qui symbolise le fait qu'elle pourra donner la vie. On lui donne également une hache, avec laquelle elle devra donner un coup. La forêt est présente tout au long de la cérémonie, notamment dans les branches de sapin disposées au sol. C’est la marraine qui s’occupera de la fille, le parrain du garçon. Ils devront veiller toute leur vie au bien-être de l’enfant.
Cette cérémonie a plusieurs significations, dont celle de confirmer le rôle essentiel de l'homme et celui de la femme. La cérémonie transmet les valeurs de respect du territoire et de respect des aînés, en plus de celles de la force, de la bravoure, de l’entraide et de l’esprit communautaire. Toutes les personnes qui assistent à la cérémonie s'engagent à transmettre et à appuyer l’enfant initié tout au long de sa vie.
Mary Coon et Lucie Petiquay
© IPIR 2009, soumis à copyright
Pour devenir guide de cérémonie, il faut être choisi par une femme d'un certain âge reconnue comme telle et appelée une kokom. Mary Coon est une kokom. Elle a été élevée dans la tradition autochtone des Cris : ses grands-pères guidaient des cérémonies. En plus d'être guérisseuse psychologique (et non physique), sa grand-mère participait aux rituels, aux deuils et aux accouchements. Sa grand-mère l'amenait toujours avec elle lors de ces cérémonies. Dès l'âge de sept ans, Mary est allée en pensionnat, et ce, pendant onze ans. Cependant, elle revenait sur le territoire durant l'été. À l'âge de quatorze ans, elle a définitivement quitté sa communauté. Après avoir vécu dans de grandes villes, elle est revenue dans la communauté. Elle a revu sa grand-mère, qui a insisté pour qu'elle apprenne les cérémonies, qu'elle fasse des rituels, bref, qu'elle se réalise en tant qu’Amérindienne. Elle a donc commencé à officier certains rites de passage, dont le rituel des premiers pas, le troisième rite de passage de la vie d'un enfant, notamment celui de sa fille. Son oncle Johnny Bossum l'a aidée vers ce retour aux sources, notamment en lui parlant du tambour, de la famille, du sacré, bref, des thèmes sur lesquels elle allait donner des conférences. Aujourd'hui, Mary Coon transmet son savoir à sa fille.
Mary Coon a intégré à l'école certains apprentissages, par exemple la façon de préparer le gibier, de fumer les viandes, en officiant les cérémonies de pleines lunes, etc. Elle a organisé des ateliers, des festins, des conférences et des colloques. Présentement, Mary Coon transmet directement son savoir de guide à Carmen Petiquay, une résidente de La Tuque, qui la suit lors de conférences et durant les cérémonies. Le fait de posséder ce savoir lui permet de guider à La Tuque, où il n'y a pas de guide, la cérémonie de la pleine lune. Il y a douze ans, Mary Coon a commencé à organiser chaque année un pow-wow pendant lequel des joueurs de tambours et des danseurs présentent des pratiques traditionnelles. Aujourd'hui, cet événement est reconnu et attire des autochtones de l'Ouest canadien. L'événement se déroule durant la première fin de semaine de septembre à la fête du Travail au Canada.
Municipalité: Wemotaci
Région administrative: 04 Mauricie
MRC: Hors MRC (autochtones)
Lieu:
Au Centre de Santé Wemotaci, 93, rue Kenosi , Wemotaci, G0X 3R0
Téléphone: (819) 666-2241
Mary Coon
Titre, rôle et fonction : Mary Coon est thérapeute pour la fondation autochtone de guérison et elle coordonne les programmes de santé à Wemotaci. Elle a eu la chance d'apprendre, dans sa famille, plusieurs pratiques traditionnelles et a grandi dans la tradition spirituelle autochtone.
Enquêteur : Valérie Roussel et Anne Élisabeth Ngo Minka
Date d'entrevue : 8 juin 2008, 8 juin 2008
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: