Récit de pratique culturelle

L'habit religieux chez les Frères maristes

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Frères maristes

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique vestimentaire (9243)
et sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Ordination/vœux (9236).

Historique général


La soutane blanche
© IPIR 2009, soumis à copyright

Lors de la fondation de la congrégation, au début du 19e siècle, il n'y avait pas de costume officiel permettant de différencier les frères des autres communautés religieuses. Au lieu de la soutane, le fondateur, Marcellin Champagnat, avait choisi un costume s’apparentant à celui des gens instruits de l’époque, composé d'une redingote bleue, d'un manteau, d'un pantalon noir et d'un chapeau rond, ce qui permettait de les reconnaître en tant que congrégation de frères voués à l'enseignement. Il semble d’ailleurs qu’en raison de la couleur de leur redingote, les frères étaient alors surnommés les « frères bleus de l'ermitage », surnom qui aurait perduré jusqu'à la fin du 20e siècle en France.
En 1824, à la demande de l'archidiocèse de Lyon, qui souhaitait signifier davantage l’appartenance des congrégations de religieux à l'Église, les Frères maristes adoptent la soutane. Le costume comprenait donc alors une soutane noire, un manteau, un rabat blanc (et non un col romain) ainsi qu'un chapeau triangulaire (tricorne). Pour les profès, un cordon de laine, noué à la taille, signifiait, par les trois nœuds, les trois vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté. Après la profession perpétuelle, les frères portaient également sur la poitrine une croix en cuivre incrustée d’ébène. Ce costume hautement symbolique pour l'Église et pour les fidèles allait perdurer jusqu'à la deuxième moitié du 20e siècle.
En 1958, à la demande de plusieurs délégués de pays européens surtout, le Chapitre général vote l'abandon du rabat, du manteau traditionnel et du chapeau triangulaire. Au Québec, ce changement allait prendre effet en 1961. Dans les années qui suivirent, le Concile Vatican II, de son côté, allait également demander des modifications majeures dans le mode de vie des congrégations religieuses, entre autres les traditions vestimentaires. Par exemple, dans la foulée des recommandations de Vatican II, le pouvoir décisionnel concernant les pratiques vestimentaires fut délégué aux provinces, ce qui annonçait l'adoption imminente du costume laïc. À cette époque, au Québec, la soutane avait acquis une charge symbolique plutôt négative dans l'opinion publique. Le frère Jean-Paul Desbiens, mieux connu sous le nom de « frère Untel », soulevait dans ses écrits que la présence des frères vêtus de la soutane provoquait un malaise auprès de la population. En 1969, le Conseil général autorise donc le port du costume civil en ces termes : « un habit simple et modeste de couleur sombre, le tout conforme aux décisions capitulaires ». L'année suivante, le costume laïc allait être officiellement adopté au Québec. Aujourd'hui, les frères maristes sont vêtus d'un costume laïc simple et modeste et ils portent le plus souvent un insigne les identifiant à leur vocation mariste.
Jusqu'à l'adoption du costume laïc, les frères se procuraient leurs vêtements par l'entremise du service de la « procure », qui distribuait aux frères leurs vêtements selon des modalités communes à tous. Comme les frères ne disposaient d’aucun moyen financier, ce service était essentiel. Ainsi, à tous les ans, chacun avait droit à 2 paires de chaussures, une paire de claques en caoutchouc, 6 paires de bas, 2 camisoles, 2 caleçons, 2 chemises et 2 mouchoirs. Tous les 18 mois, une soutane et un pantalon; à tous les trois ans, un chapeau; aux sept ans, un paletot d'hiver ou d'été; aux dix ans, un manteau et un couvre-chef. Les autres accessoires, tels que des gants ou un nouveau cordon, étaient disponibles sur demande motivée et approuvée. Ce sont des membres de la congrégation qui fabriquaient les vêtements et les accessoires.

Description


Le cilice
© IPIR 2009, soumis à copyright

Comme dans toutes les congrégations religieuses, la prise d'habit était un important rite de passage, tout comme la première profession et la profession perpétuelle. En commençant leur noviciat, les aspirants revêtaient la soutane et le rabat puis, lors de la première profession, le cordon et, au moment de la profession perpétuelle (vœux solennels), la croix.
Les vœux réguliers étaient ceux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté, mais après un certain nombre d’années de perpétuité, sur demande de leur part ou à la suggestion des supérieurs, certains frères pouvaient prononcer un quatrième vœu dit de stabilité. En revêtant chaque partie de leur habit religieux, les frères récitaient généralement quelque prière appropriée. De même, il était de coutume de baiser la soutane ainsi que la croix avant de s'en revêtir. Tout dépendant de l'époque et du contexte dans lesquels œuvraient les frères, certaines de ces pratiques vestimentaires pouvaient varier. Par exemple, les missionnaires travaillant sur le continent africain portaient une soutane blanche, mieux adaptée au climat chaud; de même, après Vatican II, ils continuèrent de porter la soutane, alors que ceux œuvrant au Québec avaient adopté majoritairement le costume laïc. La raison en est fort simple : la soutane avait toujours son symbolisme religieux positif en Afrique alors qu'au Québec, elle allait plutôt à l’encontre des idéaux de modernité et de laïcisation de la société. Nonobstant les recommandations et les conventions établies par les instances religieuses vaticanes, les frères demeuraient cependant libres de choisir eux-mêmes le costume qu'ils souhaitaient porter. Ainsi, certains frères ont continué de porter la soutane jusqu'à leur mort, par conviction religieuse et respect de la tradition, alors que d'autres ont abandonné la soutane au profit du costume laïc dès 1970.
Actuellement, les frères œuvrant au Québec portent tous le costume laïc et, lors de circonstances plus officielles ou solennelles, ils s’identifient comme membre de la Congrégation des Frères maristes en portant un insigne en forme d'épinglette ou de pendentif, généralement caractérisé par la lettre « M » (mariste).

Apprentissage et transmission


Le cordon de voeux
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La prise de l'habit religieux était une cérémonie ancrée dans la tradition et l'histoire et, de ce fait, un événement hautement symbolique pour les jeunes frères et l'ensemble de la communauté. Tout un système de croyances, de valeurs et de prières particulières était alors associé aux vêtements religieux. Bien que transmis pendant plus d'un siècle, ce rituel a nécessairement été abandonné avec l'adoption du costume laïc.

Localisation

Municipalité: Château-Richer
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: La Côte-de-Beaupré
Lieu: Maison des Frères maristes de Château-Richer, 7141, avenue Royale , Château-Richer, G04 1N0
Téléphone: (418) 824-4215
Site Web: http://www.freresmaristes.qc.ca

Source

Frère Paul-André Lavoie
Titre, rôle et fonction : Frère mariste

Enquêteurs : Marc-André Complaisance, Joseph Ronald Dautruche
Date d'entrevue : 27 février 2009


Partenaires

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