Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Joseph (Deschambault)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Laïc (9250), Service au culte (9253)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242).
Plaque commémorant la tradition maritime de Deschambault
© IPIR 2010, soumis à copyright
La paroisse Saint-Joseph-de-Deschambault a été fondée en 1713, bien que la première seigneurie de Chavigny ait été accordée en 1640. Dès la fin du 18e siècle, les activités navales débutent dans le village de Deschambault, en bordure de la rivière La Chevrotière. Selon Jacques Paquin, « ce moulin, qui produisait du bois de charpente, et la proximité de la rivière firent de ce lieu un endroit tout désigné pour la construction navale au début de la colonie. Dès 1771, on y construisait une première goélette. » Pendant plus d'un siècle, 59 navires y furent construits.
À cette époque, en plus de la construction navale, Deschambault se distingue par le nombre important de marins, de pilotes et de capitaines de bateaux originaires du village. En effet, en raison de la proximité du fleuve Saint-Laurent et de la quantité de bateaux parcourant ce cours d'eau, le métier de marin reste populaire de génération en génération à Deschambault. Pour la plupart des hommes, le travail sur les bateaux les obligeait à quitter leur famille pour plusieurs mois à la fois. En rentrant au village, les hommes revenaient avec un bon montant d'argent et pour plusieurs de ces marins, il était normal d’en verser une partie à leur église paroissiale, que ce soit par l’achat de meubles, de décorations ou d’oeuvres d'art. Ainsi, dès le 18e siècle, un lien étroit s'établit entre l'église de Deschambault et les marins du village.
Aujourd'hui, Deschambault compte environ 80 marins, pilotes et capitaines de bateaux. En 2008, pour souligner la tradition maritime du village, le comité des navigateurs de Deschambault a fait installer une plaque commémorative dans l'église paroissiale.
Pierre tombale illustrant la carrière maritime du défunt
© IPIR 2010, soumis à copyright
La tradition maritime de Deschambault a toujours eu un lien étroit avec la religion catholique et l’église paroissiale. Depuis le 18e siècle, plusieurs pratiques et coutumes religieuses sont pratiquées par les marins de Deschambault. La plupart de ces pratiques avaient pour objectif de les protéger lorsqu'ils partaient en mer, mais c’était également une façon pour ces hommes de remercier le Seigneur d'être toujours en vie, malgré les dangers de leur métier.
Quand ils étaient en mer, la plupart des marins conservaient toujours sur eux un chapelet consacré à la Vierge Marie. Bien attaché dans le fond d'une de leurs poches grâce à une épingle, ce chapelet les protégeait des dangers possibles.
La lampe de sanctuaire de l'église de Deschambault est dans la paroisse depuis plusieurs siècles et occupe, encore aujourd'hui, une place centrale devant l'autel. Lorsqu'elle est allumée, la lampe de sanctuaire indique que l'eucharistie est dans le tabernacle. Cette lampe a toujours été entretenue par les marins de Deschambault, qui s’assurent d’amasser les fonds nécessaires à son bon fonctionnement. Pour les marins, la lumière représente un guide essentiel lorsqu'ils sont en mer. Il leur paraît donc logique d'entretenir la lumière de l'eucharistie de leur église. Aujourd’hui, cette pratique se perpétue grâce au comité des navigateurs de Deschambaults qui s'assure de fournir l'argent nécessaire au bon fonctionnement de la lampe.
Puisque sainte Anne est la patronne des navigateurs du Québec, les marins de Deschambault lui ont toujours accordé de l'importance. Afin de demander sa protection, ils récitaient fréquemment la prière des navigateurs à sainte Anne : « Bonne sainte Anne, toi qui, aux premières heures de notre histoire, as exaucé la prière fervente des navigateurs bretons en péril, pose encore sur nous ton regard de bonté. Le monde d'aujourd'hui, comme une mer agitée, met à l'épreuve l'héritage de foi reçu de nos ancêtres. Aide-nous à garder le cap sur le phare de nos pères, le Seigneur Jésus, ton petit-fils, afin que nous puissions parvenir à bon port. Amen. » Au fil des ans, les marins du village ont aussi commencé à fréquenter le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré et depuis quelques années, le comité des navigateurs de Deschambault organise une messe en l’honneur de sainte Anne, le dimanche qui précède sa fête.
Certains marins, pilotes et capitaines de bateaux de Deschambault ont aussi voulu que la tradition maritime soit marquée directement sur leur pierre tombale au cimetière paroissial. Ainsi, on peut y voir des symboles maritimes sur plusieurs monuments funéraires, principalement des ancres qui montrent que le défunt a fait carrière dans le domaine maritime. Ces hommes étaient fiers d’avoir fait partie de la longue tradition maritime de Deschambault.
Municipalité: Deschambault
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Résidence de l'abbé Jacques Paquin, Deschambault (Qc)
Abbé Jacques Paquin
Titre, rôle et fonction : Né à Deschambault en 1930, le père Jacques Paquin a passé 30 ans aux Philippines, comme prêtre de la Société des Missions-Étrangères. De retour à Deschambault depuis le début des années 2000, il est très impliqué dans son milieu, que ce soit comme abbé de la paroisse ou comme coordinateur du comité des navigateurs de Deschambault.
Enquêteurs : Daniela Moisa, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 21 octobre 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: