Récit de pratique culturelle

Porter l'habit religieux chez les Capucins

Tradition: Christianisme
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Capucins (Ordre des Frères mineurs)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique vestimentaire (9243).

Historique général


Frère Jacques Bleau, prêtre capucin à Lac Bouchette
© IPIR 2010, soumis à copyright

Le costume des Capucins remonte à l'époque de saint François, fondateur de l'Ordre des frères mineurs. François avait été inspiré, alors qu'il participait au IVe Concile de Latran de 1215, par le Tau grec, que le pape Innocent III avait remis à l'honneur. Ce signe de l'alphabet grec, mentionné dans l'Ancien Testament, représentant une croix en forme de T, avait été choisi comme le signe d'une nouvelle croisade. C'est ainsi que le Tau avait été adopté comme signature par saint François et qu'il avait modelé la vision d'un habit gris, ample, simple comme celui des pénitents, à l'image du Christ crucifié.

Le port du costume reste une pratique vivante chez les Capucins, mais il est aujourd'hui lié au choix personnel du frère et de l'environnement dans lequel il oeuvre. Mentionné dans les Constitutions, l'habit reste symboliquement fort, mais son port est lié au contexte d'action des frères.

Description


Capucin représenté avec la barbe et les pieds nus
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Les Capucins souhaitaient avoir revêtir un habit religieux symbolisant leur charisme. Ils ont donc adopté la tenue la plus simple, celle portée par les gens les plus ordinaires, une tunique retenue par une corde, comportant un grand capuchon rattaché à la tunique, et des sandales. Le capuchon était le signe distinctif des Capucins, ce qui leur a valu le nom de «capuccini», alors qu'ils s'appelaient initialement, les ermites de saint François.

Sur certaines représentations anciennes, le cordon comporte parfois trois ou quatre noeuds, mais cette signification n'est pas fixée, même si certains y voient le lien avec les trois voeux capucins (pauvreté, chasteté et obéissance). La tunique, appelée la bure, devait donc être le signe d'une consécration, mais aussi marquer l'entrée dans une vie de pauvreté. Ainsi, le frère entrant au noviciat devait laisser de côté tous ses biens et ne revêtir que cette tunique, à laquelle étaient attachées des braies. Pour marquer la pauverté, il dormait sur une paillasse. Les prêtres recevaient la tonsure en signe de renonciation au monde. Pour signifier leur vie d'ermite, les frères devaient également porter la barbe.

L'habit était aussi un moyen de se rapprocher des gens les plus simples et un moyen pour les frères d'oeuvrer au sein de la population la plus démunie. Avec l'évolution de l'ordre et ses réformes, l'habit a subi quelques adaptations, mais il reste très proche de l'original. Autrefois, les frères tissaient leur propre vêtement à partir de la laine de mouton. Naturellement gris, il est devenu brun au 19e siècle, après la Révolution française. Avec le temps, la laine est plutôt devenue un signe de richesse et nécessite plus d'entretien que les tissus synthétiques. Aujourd'hui, il n'y a plus de frères tailleurs. Les frères recourent alors bien souvent à une personne extérieure pour la confection de leur costume.

Apprentissage et transmission


L'habit des observants, ordre franciscain réformé
© IPIR 2010, soumis à copyright

Lors du Concile Vatican II, le Cardinal Léger a demandé un renouveau dans l'habit religieux. Depuis ce temps, le port de la barbe, la tonsure et le port du chapelet à la ceinture ne sont plus de rigueur dans les constitutions. Cependant, l'habit reste le même, mais il est simplement porté selon les situations. Aujourd'hui, le port de l'habit n'est plus forcément un moyen de se rapprocher des gens les plus ordinaires. C'est pourquoi les frères préfèrent ne pas le porter dans certaines situations et s'habiller comme les gens ordinaires de notre temps. Même si l'habit reste signifiant et symbolique, il n'est plus adapté aux besoins de notre époque.

Localisation

Municipalité: Lac-Bouchette
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
Lieu: Ermitage Saint-Antoine, 250 Route de l'Ermitage, Lac-Bouchette, G0W 1V0
Téléphone: 418-348-6344
Télécopieur: 418-348-9463
Site Web: http://www.st-antoine.org

Source

Frère Jacques Bleau
Titre, rôle et fonction : Prêtre au Lac-Bouchette et bibliothécaire
Lien avec la pratique : Frère Jacques Bleau est né à Montréal et est capucin depuis 60 ans. Ses parents étaient membres de l'Ordre franciscain séculier et il a été très tôt en contact avec l'esprit franciscain. Il a rencontré les Capucins à la Réparation. Il a choisi d'être Capucin à l'âge de 11 ans, et a étudié au collège séraphique d'Ottawa. Il a fait ensuite son noviciat à Cacouna et poursuivi ses études de philosophie scolastique à la chapelle de la Réparation à Montréal. Il a oeuvré à la chapelle de la Réparation durant 16 ans où il a été successivement directeur des jeunes frères, responsable de la formation des jeunes frères laïcs et supérieur. Il a été ensuite envoyé comme curé de paroisse à Ottawa et nommé supérieur de la fraternité. Après des études en spiritualité franciscaine, il a été secrétaire à la curée générale à Rome durant neuf ans. Depuis 1997, il est au Lac-Bouchette où il a été assistant spirituel pour l'ordre franciscain séculier et gardien. Aujourd'hui, il s'est quelque peu retiré du ministère, mais il s'occupe encore de la bibliothèque.

Enquêteurs : Marie Renier, Maude Redmond
Date d'entrevue : 7 février 2011


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