Récit d'objet
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Charles-Borromée (Québec)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).
Chapelets de Sainte-Brigitte, la collection de Roland Ricard, Charlesbourg, Québec
© IPIR 2010, soumis à copyright
Selon Roland Ricard, le chapelet « est un outil aidant à la prière ». Appelé aussi «Paternoster », il a d'ailleurs donné son nom au fabricant de chapelets, le patenôtrier. Dès le VIe siècle, sainte Brigitte, patronne de l’Irlande, aurait organisé sur ces grains la récitation des prières les plus courantes, soit le Pater et l’Ave. Au XIe siècle, sa pratique s'est répandue au Moyen Âge, avec les croisades, comme prière mariale.
Le chapelet est un objet de dévotion constitué de perles enfilées en collier sur un cordon métallique. Il est utilisé par de nombreuses religions telles le christianisme, l’hindouisme et l’islam, pour compter les prières récitées d'une manière répétitive en égrenant les perles.
Initialement, il ne se nomme pas chapelet, mais bien rosaire. Les 153 « Je vous salue, Marie » représentaient les 153 roses offertes à la Reine, en couronne, sur sa tête. Le terme français, chapelet, fait quant à lui référence aux statues mariales ornées de couronnes de fleurs sur la tête. Cette image régale provient des disciples de Jésus Christ qui voyaient Marie comme une Reine du ciel (Reine des anges, Reine des Martyrs, Reine des Apôtres, etc). Par analogie aux couronnes mariales, l’objet de dévotion qui en résulte porte le nom de chapelier et, plus tard, de chapelet.
Le rosaire est pour sa part constitué de trois chapelets ordinaires. Étymologiquement, il n’y a pas de différence de sens entre les termes chapelet et rosaire. La différence vise plutôt la forme des objets, le rosaire, plus long, étant composé de 3 chapelets ordinaires. Ces trois parties du rosaire représentent les trois mystères Glorieux, Joyeux et Douloureux.
Chapelets
© IPIR 2010, soumis à copyright
Un chapelet est composé de trois parties, la croix, le cœur et les dizaines de grains. La partie correspondant à la croix est d'abord constituée de la croix elle-même, qui se rapporte à la prière « Je crois en Dieu ». Puis, le premier grain de cette partie réfère au Notre-Père alors que le deuxième, accompagné de la prière « Je vous salue, Marie », reproduit les paroles de l’ange Gabriel à la jeune Vierge, à Nazareth. L'Ave Maria représente la réponse des chrétiens depuis plus de 2000 ans. Récitée trois fois, cette prière fait référence à la Trinité. Enfin, le troisième grain correspond à la croix et à la prière Gloire au Père.
Appelée soit Croisillon, soit le cœur, soit Maria, la Médaille de Jonction représente le cœur du chapelet. Elle prend toujours la forme du cœur ou d’une médaille à trois points, lesquels font également référence à la Trinité. La médaille et le type de jonction sont les plus importantes composantes, car elles indiquent le type de dévotion et le saint auquel le chapelet est associé. Les cinq dizaines symbolisent quant à elles les cinq plaies de Jésus : la plaie de sa main gauche, de sa main droite, du pied droit, du pied gauche et, enfin, la plaie sur le côté gauche de son corps.
Le montage des chapelets requiert plusieurs éléments, dont les pinces, les anneaux, la chaîne, les perles et la croix. Les perles sont constituées de différents matériaux : le bois, utilisé par le passé, l’os, l’ivoire, le métal, le corail, l’émail, la perle et, plus récemment, le plastique, le verre ou le saphir. L’assemblage des différentes parties se fait à l’aide de petites pinces en fer, conçues spécialement pour cette tâche.
Le rosaire est prié surtout en octobre, mois appelé d’ailleurs le mois du rosaire, et en mai, le mois de Marie. Par le passé, la récitation du chapelet était présente dans le quotidien des familles québécoises. Dans les années 1950 à 1962, le cardinal Léger animait une émission intitulée « Le chapelet en famille », à laquelle il récitait le chapelet, pendant que les familles le récitaient à la maison. Le cardinal entamait le début des prières et les familles répondaient. Le dimanche, à l’église, la Supplique à la Sainte Vierge durait trois quarts d’heure. Le chapelet était également récité à l’occasion de funérailles. Aux processions lors des fêtes telles la Fête-Dieu ou la Fête du Sacré-Cœur, les paroissiens égrenaient le chapelet et récitaient les prières. Quelques fêtes chrétiennes allouent une grande importance à la récitation de chapelets particuliers, par exemple le chapelet de la Pentecôte ou celui de Noël. On compte par ailleurs les chapelets des jubilés et des papes. Les chapelets réguliers ont, pour la plupart, 59 grains alors que certains en contiennent 57. Celui du Saint-Esprit en compte 64 et la couronne de Saint-Joseph, 52. Le chapelet de Sainte-Thérèse est constitué de 24 grains puisqu’elle est décédée à 24 ans et celui de Sainte-Philomène en a 17, car elle est décédée à cet âge.
Bien que les trois parties composantes du chapelet restent les mêmes, le nombre de grains, la couleur et les matériaux varient en fonction des dévotions et du goût du concepteur. Par exemple, la couleur des grains est généralement identique. Cependant, pour certains chapelets, par exemple celui des missions, chaque dizaine correspond à une couleur différente qui symbolise un continent. Les chapelets de Sainte-Brigitte attirent l’attention par les grains en bois noir, sculptés, et par les grandes dimensions des éléments le composant.
Le chapelet aux Sept Douleurs —quelques fois appelé Rosaire aux Sept Douleurs ou Rosaire des Servites— a été développé par l’Ordre des Servites de Marie. Son nom est issu du fait qu'il se réfère aux sept évènements particulièrement tristes ou douloureux de Marie. Le chapelet forme un collier de sept septaines de grains, séparées les unes des autres par une petite médaille illustrant l'une des douleurs de Marie. Parfois, ces médailles sont remplacées par des grains plus gros que les quarante-neuf autres. Les trois Ave Maria et la médaille de jonction servent à débuter le chapelet, mais aussi à dédier ses prières aux Larmes de Marie. Traditionnellement, les grains sont en bois ou tout autre matériau de couleur noire, afin de symboliser la tristesse la plus profonde. Ce chapelet est parfois appelé le Chapelet aux Sept Épées, en référence à la prophétie de Siméon. Très populaire auprès des communautés religieuses, il est notamment utilisé par les Hospitalières et les Sœurs de la Providence.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Atelier de Roland Ricard, 4104 Carré des Rouges-Gorges, Québec (Qc), G1G 4J7
Téléphone: 418-628-0626
Roland Ricard
Titre, rôle et fonction : Roland Ricard est patenôtrier.
Lien avec la pratique : Il fabrique et collectionnne des chapelets, en plus d'effectuer des recherches sur le sujet.
Enquêteurs : Daniela Moisa, Louise Saint-Pierre
Date d'entrevue : 15 août 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: