Récit de lieu

La Tour des Martyrs : sanctuaire de reliques

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Nicolet
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Célestin (Saint-Célestin)

Classé sous Pratique religieuse (9300), Cérémonie (9310), Pèlerinage (9317)
et sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Élément utilisé dans un rituel (9329).

Historique général


La seconde Tour des Martyrs, érigée dans les années 1920
© Archives du Séminaire de Nicolet

Les reliquaires de l’église paroissiale de Saint-Céléstin tirent leurs origines de l’activité de Calixte Marquis, prêtre catholique missionnaire et colonisateur, né à Québec le 14 octobre 1821 et décédé à Saint-Célestin le 19 décembre 1904. 


Monseigneur Marquis s’intéresse à la colonisation des Cantons-de-l’Est et, en 1852, devient curé de Saint-Célestin. Suite à ses nombreux voyages en Italie et en Palestine, Mgr Calixte Marquis entre en relation avec des personnalités ecclésiastiques influentes. Il amasse ainsi une importante quantité de reliques, notamment à Rome, où il acquiert, en 1882, une pleine chapelle de reliques. Dès lors, il obtient de son évêque à son retour au Québec, en 1895, la permission de construire un abri pour les reliques. Achevée en 1895, la construction est inaugurée en 1896 et nommée la Tour des Martyrs. 


En 1895, Mgr Marquis cède aux Sœurs Grises toutes ses propriétés de Saint-Célestin et l’ensemble de ses reliques, à la condition qu’elles demeurent dans la paroisse. Bien que le premier pèlerinage à la Tour des Martyrs, organisé par les paroissiens de Saint-Célestin, ait lieu en 1898, les pèlerinages deviendront plus importants dès 1920, suite au travail de l’abbé Noé Pépin, successeur de Mgr Marquis. Devenue désuète, la Tour sera par ailleurs remplacée par l’édification d’une construction d’envergure. Suite à l’incendie de l’église de Saint-Célestin en 1946, la Tour des Martyrs accueille les offices religieux de la paroisse. En 1963, le sanctuaire et ses reliques passent aux mains de la Fabrique Saint-Célestin. 


La tour étant démolie en 1975, la Fabrique prête les reliques au Musée des religions du monde de Nicolet pour une durée de dix ans, soit de 1986 à 1996. Bref, la première Tour des Martyrs, construite en 1895, est remplacée par une seconde construction, toutefois démolie en 1975. Depuis, les reliques sont entreposées dans l’actuelle église paroissiale de Saint-Célestin. Un espace d’exposition y est aménagé afin de recevoir une partie des artefacts, alors que l’excédant est logé dans le sous-sol du bâtiment.

Description


Relique de l'os de l'avant-bras de Sainte-Anne
© IPIR 2011, soumis à copyright

Se voulant l’un des rares sanctuaires au monde dédié au culte des reliques et en possédant autant, la Tour des Martyrs comptait près de 6 200 restes sacrés. Y sont ainsi exposés vêtements, cheveux, linges, chairs, instruments de martyrs, sang, cendres ou encore différents objets qui ont servi ou qui sont venus en contact avec le corps des saints. Quelques reliques sont constituées de fragments d’os de personnes considérées comme saintes par l’Église catholique de Rome. Ainsi, certaines de ces reliques ont été rapportées d’Italie par l’abbé Calixte Marquis, alors que d’autres proviennent de saints canadiens, dont Jean de Brébeuf, le Père Charles Garnier et Jean de La Lande. 


Parmi les principales reliques de la Tour des Martyrs, la plus vénérée est assurément l’os de l’avant-bras de Sainte-Anne, la mère de la Vierge Marie. Ces reliques sont regroupées dans 226 reliquaires, élaborés à l’initiative de l’abbé Marquis et entretenus, au fil du temps, par les Sœurs Grises de Saint-Célestin.


Si aujourd'hui, il n'y a plus de pèlerinages dédiés à la vénération des reliques, une exposition dans l’église paroissiale de Saint-Célestin rend accessible au public une partie des reliquaires. Toutefois, la majorité des artefacts est entreposée dans le sous-sol de l’église, fermé au public.

Apprentissage et transmission


Monsieur Claude Morin et l'espace consacré à l'exposition des reliques à l'église paroissiale de Saint-Célestin
© IPIR 2011, soumis à copyright

Pendant plus de vingt-cinq ans, la Tour des Martyrs représente un lieu de pèlerinage fréquenté principalement — mais non uniquement— par les paroissiens de Saint-Célestin. Puis, dès 1930, le sanctuaire acquiert une de la crédibilité auprès des fidèles, lesquels y viennent en grand nombre afin de vénérer les reliques des saints et des intercesseurs proposés comme modèle. Dans l’intention de faire valoir l’adhésion au culte, le clergé s’est donné pour tâche de créer le mythe fondateur, de le faire connaître et de susciter des adhésions. 


En 1933, la chapelle est déclarée «sanctuaire national de la dévotion aux reliques de saints ». Durant plus de soixante ans, des pèlerins de toutes les régions du Québec, du Canada et même des États-Unis accourent pour vénérer les reliques de la Tour des Martyrs. Durant les années 1930, la renommée de la Tour des Martyrs est d’ailleurs à son apogée. La bénédiction des automobiles est annuelle et ouvre chaque saison. Le 22 mai 1933, la foule comprend environ 10 000 personnes et plus de 1000 voitures viennent se mettre sous la protection de Saint-Christophe, patron des voyageurs, lors de la cérémonie. 


Enfin, le pèlerinage auprès de reliques de saints constitue une pratique ancienne de l’Église catholique. À cet effet, certains des reliquaires de l’église de Saint-Célestin sont exposés et peuvent aujourd’hui être admirés, des bénévoles de l’église agissant à titre de guides auprès des visiteurs.

Localisation

Municipalité: Saint-Célestin
Région administrative: 17 Centre-du-Québec
Lieu: Église Saint-Célestin, 490, rue Marquis, Saint-Célestin, J0C 1G0
Téléphone: (819) 229-3672
Site Web: http://www.village-st-celestin.net/histoire-tour-martyrs.asp

Source

Claude et Michel Morin
Titre, rôle et fonction : Claude Morin est bénévole à l’église paroissiale de Saint-Célestin. Son frère, Michel, est historien et il s'est intéressé à l'oeuvre de Mgr Calixte Marquis, fondateur de la Tour des Martyrs.

Enquêteurs : Isabelle Becuywe, Imre Nogradi, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 18 décembre 2009


Partenaires

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