Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

La commémoration des défunts dans l’Église orthodoxe roumaine de Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Orthodoxie (chalcédonienne)
Groupe: Roumains
Diocèse, association ou regroupement: The Romanian Orthodox Archdiocese in the Americas
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saints Apôtres Pierre et Paul (Mission) (Québec)

Classé sous Pratique religieuse (9300), Cérémonie (9310), Sacrifice / Offrande (9312).

Historique général


La coliva - gâteau des défunts
© IPIR 2010 - soumis à copyright

Depuis la fondation de la Mission orthodoxe roumaine Saints Apôtres Pierre et Paul de Québec, en 2003, la communauté des orthodoxes d’origine roumaine de la ville de Québec, procède à la commémoration des défunts, une pratique traditionnelle centenaire en Roumanie. Ainsi, plusieurs fois par année, à la fin de la liturgie, on prononce des prières à la mémoire des défunts.

Description


La bénédiction de la nourriture
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La commémoration des défunts (pomenirea mortilor) constitue une des pratiques sociales et religieuses les plus anciennes chez les Roumains et elle fait partie de ce qu’on appelle le culte des ancêtres, une tradition répandue en Europe de l’Est et dans le monde méditerranéen d’autrefois. Ayant des origines préchrétiennes, cette pratique fut acceptée par l’Église orthodoxe et intégrée, au fil du temps, au culte officiel. Ainsi, certaines règles sont établies par l’Église et coexistent avec d’anciennes coutumes d’origine païenne.


Il y a deux types de commémorations des défunts pour les orthodoxes roumains : les commémorations individuelles, en l’honneur d’un membre de la famille, célébrées trois, neuf et 40 jours après le décès et les commémorations collectives (de obste) au cours desquelles on commémore le souvenir des défunts provenant de toutes les familles participant à la célébration. Ces commémorations sont approuvées et règlementées par l’Église et elles sont souvent associées à des messes : à la fin de la liturgie, certains samedis précis de l’année, on prononce une prière spéciale pour les défunts, le parastas (du grec paristemi – s’allier à quelqu’un, agir ensemble). À Québec, faut d’espace, les parastas ne sont pas célébrés les samedis, mais plutôt certains dimanches de l’année, à la fin de la liturgie. Ainsi, on procède à une commémoration collective le dernier dimanche avant le carême et une autre deux dimanches avant le début de l’avent (celui-ci dure six semaines chez les orthodoxes). Ces parastas principaux se nomment les Ancêtres (Mosi). En Roumanie, on fait aussi une commémoration le dimanche précédant l’Assomption – les Mosi d’été -, mais à Québec on préfère l’organiser à l’occasion de la fête patronale de la Mission orthodoxe roumaine Saints Apôtres Pierre et Paul, le 29 juin. 


Le parastas, célébré à la fin de la liturgie, est une pratique complexe et multidimensionnelle : d’abord liturgique, car il s’agit d’une prière spécifique qui se déroule habituellement dans l’église, elle est aussi sociale, car tous ceux présents se sentent liés par le partage d’un même état d’esprit, des mêmes langue et culture, d’une même vision de la vie et de la mort; et commémorative, car les « endormis » des familles reviennent, pour un court moment, dans nos vies. Ainsi, au début du parastas, on allume de l’encens sur une table située à gauche de l’autel. Les participants y ont également déposé des aliments avant la cérémonie : de la coliva (un plat fait de grains de blé bouilli, mélangé avec du sucre et des noix de Grenoble), du pain, des gâteaux, du fromage, des fruits et du vin. Des chandelles sont installées sur les aliments et allumées pour toute la durée de la liturgie. Après la lecture des prières, tel le psaume 50, on chante « à leur éternelle mémoire » (vesnica pomenire), tout en posant ses mains sur l’épaule de son voisin afin que les participants forment une chaîne. 


La coliva est généralement présentée sur un plateau et décorée d’une croix. Ce plat est réservé aux cérémonies funéraires et, à la fin du parastas, la coliva est aspergée de vin rouge et partagée entre les gens présents, au nom des défunts. Ce n’est pas un hasard que la coliva soit à base de blé. En effet, cette céréale occupe une grande place dans les croyances anciennes liées au culte des ancêtres et aux populations agricoles. Chez les roumains orthodoxes, on croit que ceux « partis » de la famille participent toujours, depuis l’au-delà, à la vie des vivants, en leur apportant la richesse et la nourriture quotidienne, de la même façon que le grain de blé mis en terre, meurt et se transforme en nouvelle plante. L’Église voit la coliva comme un double du corps du défunt. C’est au nom de cette personne qu’on consomme la coliva et qu’on demande pardon pour ses pêchés. Ainsi, les prières prononcées à côté de la table couverte d’aliments souligne le fait que l’humain soit à la fois corps et esprit et que ces deux dimensions sont liées.

Apprentissage et transmission


La table où l'on dépose la nourriture pour les défunts
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Les commémorations collectives des défunts se font exclusivement par l’intermédiaire de l’Église, avec les prières, les chants, et les gestes religieux spécifiques. À Québec, ces pratiques sont encore très vivantes dans la communauté roumaine orthodoxe et elles sont maintenues grâce à l’activité de la Mission orthodoxe roumaine Saints Apôtres Pierre et Paul.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: Église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, 160, rue Saint-Joseph Est, Québec, G1K 3B8
Site Web: http://petrusipavel.homeip.net/

Source

Daniel Postolache
Titre, rôle et fonction : Prêtre orthodoxe
Lien avec la pratique : Daniel Postolache est prêtre orthodoxe de la Mission « Saints Apôtres Pierre et Paul » de Québec depuis l'automne 2004.

Enquêteur : Imre Nogradi
Date d'entrevue : 9 novembre 2010


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