Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

Le mois de Marie à Cap-Santé

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: La Sainte-Famille (Cap-Santé)

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique de communication religieuse (9350), Prière (9352)
et sous Organisation religieuse (9200), Temps religieux (9280), Fête calendaire (9281).

Historique général


Croix de chemin située sur le rang Saint-François Ouest
© IPIR 2011, soumis à copyright

Plus ancien des mois consacrés dans le catholicisme, le mois de Marie a été célébré au début du XVIIIe siècle. Sa promotion à Rome, puis en Europe et dans le monde occidental, doit beaucoup aux Jésuites, en particulier au Père Lalomia. Plusieurs ouvrages publiés au XVIIIe siècle sont dédiés au mois de Marie et à ses pratiques. Puis, en 1815, le Pape Pie VII approuve solennellement cette dévotion et accorde à tous ceux qui honorent la Vierge pendant ce mois des indulgences, soit le pardon des peines du purgatoire.

Autrefois, les paroissiens, pendant ce mois de mai, se rassemblaient tous les soirs à l'église afin de rendre leurs dévotions à Marie. Ceux qui ne pouvaient se rendre à l'église se rassemblaient à la croix de chemin la plus proche pour faire leurs dévotions. Ces prières collectives comprenaient la récitation du chapelet et des litanies à la Sainte Vierge et les fidèles entonnaient des chants mariaux. Le Magnificat se démarquait des autres chants. Ce chant faisait référence au cantique chanté par la Vierge suite à la Visitation de sa cousine Élizabeth: « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur. Car il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante, Et voici que désormais on me dira bienheureuse de génération en génération. Car il fit pour moi de grandes choses, celui qui est puissant, Et Saint est son nom. » (Dom Robert Le Gall. «Magnificat», Dictionnaire de Liturgie Éditions CLD [En ligne], http://www.liturgiecatholique.fr/Magnificat.html)

Ces rassemblements étaient courants au Québec du XVIIIe siècle au milieu du XXe siècle. Cette pratique est presque disparue au début des années 1960. Cependant, aujourd'hui, plusieurs paroisses ont réinstauré cette pratique à plus petite échelle.

Description


Récitation du chapelet autour de la croix de chemin
© IPIR 2011, soumis à copyright

Depuis une quinzaine d'années, la célébration du mois de Marie a été réactualisée dans la paroisse Sainte-Famille, à Cap-Santé. Les paroissiens se souvenaient d'avoir assisté aux activités au mois de mai et ont démontré leur intérêt à participer à nouveau à cette pratique de dévotion.

Ici, les pratiques religieuses du mois de Marie se déroulent tous les mercredis soirs de mai. Elles se tiennent soit à l'église, à l'autel dédié à la Vierge ou encore en présence d'une statue de Marie. Le plus souvent, les activités se tiennent aux croix de chemin sur les petites routes de campagne qui correspondent aux rangs d'origine de la paroisse, soit le rang Saint-François Ouest, Saint-François Est, L'Enfant-Jésus Saint-Joseph et le Grand Bois-de-l'Ail. Les croix de chemin à Cap-Santé sont d'allure modeste et sont entretenues par les Chevaliers de Colomb. Celle du rang Saint-François Ouest est une croix noire simple de sept pieds ne possédant aucun ornement. Le choix de la croix de chemin pour tenir les rassemblements de prière n'est pas étranger au fait que ces monuments religieux sont situés dans le milieu agricole et que leur environnement rappelle le travail de la terre qui débute en mai.  

Pour les paroissiens participant aux prières collectives, les croix de chemin sont liées à la nature dans laquelle elles s'ancrent. Tenu en mai, le mois de Marie coïncide d'ailleurs avec le réveil de la nature, le retour du beau temps. Le chant « C'est le mois de Marie, c'est le mois le plus beau » témoigne en ce sens de l'expérience vécue par les fidèles. Les champs représentent quant à eux l'expression de l'oeuvre de Dieu et de la création, qui forme une unité avec la nature. Les fidèles prient d'ailleurs Marie en mai afin que la saison estivale soit belle et sécuritaire et les récoltes, abondantes.

En plus du diacre, une douzaine de fidèles participent au mois de Marie, à l'occasion duquel ils récitent des prières et chantent au nom de la Vierge. Les prières consistent en la récitation collective du chapelet, principale dévotion à Marie. Chaque semaine, les fidèles méditent sur des mystères différents: joyeux, glorieux, douloureux ou lumineux. Après chaque dizaine du chapelet, le diacre entonne un cantique, repris en choeur par les participants. Ces rassemblements à l'occasion du mois de Marie débutent vers 19 h 00 tous les mercredis de mai et durent approximativement trente minutes. Les paroissiens en profitent ensuite pour discuter entre eux, à la croix de chemin ou à l'église, selon le temps.

Apprentissage et transmission


Récitation du chapelet autour de la statue de Marie
© IPIR 2011, soumis à copyright

Monsieur Ludger Lavoie, diacre de Cap-Santé, a appris cette pratique dans sa paroisse d'origine, en Gaspésie, la célébrant annuellement. À l'occasion du mois de Marie, les fidèles se rassemblaient à la croix de chemin, où ils récitaient des chants et des prières à la Vierge. Reprise à Cap-Santé il y a une quinzaine d'années, la pratique implique principalement des fidèles ayant autrefois célébrés le mois de Marie. Peu d'enfants participent aux rassemblements, freinant la transmission des pratiques liées au mois de Marie.


 

Localisation

Municipalité: Cap-Santé
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: L'église Sainte-Famille de Cap-Santé , 30, Place de l'Église, Cap-Santé, G0A 1L0
Téléphone: 418-285-2311

Source

Ludger Lavoie
Titre, rôle et fonction : Monsieur Ludger Lavoie est paroissien de Sainte-Famille depuis maintenant plus de trente ans et diacre depuis vingt ans.
Lien avec la pratique : Natif de la Gaspésie, Ludger Lavoie participe au mois de Marie depuis son enfance. C'est à lui que l'on doit la réinstauration de la pratique à Cap-Santé.

Enquêteurs : Francesca Désilets, Maxime Paquet
Date d'entrevue : 11 mai 2011


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