Récit de pratique culturelle

Les étapes et les rites menant au presbytérat au Grand Séminaire de Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Communauté des prêtres du Séminaire de Québec (Séminaire de Québec, Petit Séminaire de Québec, Collège de Lévis)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Ordination/vœux (9236)
et sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Forme d'apprentissage (9233).

Historique général


Le Grand Séminaire de Québec enneigé
© IPIR 2011, soumis à copyright

En 1563, le Concile de Trente décrète la création d’un séminaire pour chaque diocèse dans le but de veiller à la formation des membres du clergé de chaque communauté. (Giguère, 1988 : 2). Désirant se soumettre à cet impératif, Monseigneur François de Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, fonde le Séminaire de Québec en 1663. Cette initiative permet de réunir sous un même toit l’ensemble de la communauté de prêtres diocésains. Dès lors, ces prêtres sont chargés « d’élever et de former les jeunes clercs qui paraîtront propres au service de Dieu » (Mgr de Laval cité par Lépine, 1988 : 3). Le Grand Séminaire de Québec est donc créé.

La première rentrée des classes a lieu en septembre 1663. L’institution accueille alors cinq séminaristes (Lépine, 1988 :5). Les cours de théologie sont donnés d’abord au Collège des Jésuites, puis au Séminaire de Québec et, enfin, à l’Université Laval depuis 1852. En 1965, lors de Vatican II, la formation des prêtres est redéfinie à travers un ouvrage qui précise ses normes : Le Ratio fundamentalis institutiorils sacerdotalis (Giguère 1988 : 5). Ce document a été adapté au contexte canadien par la Conférence des évêques catholiques en 1982 et s’intitule désormais La formation des futurs prêtres. Le programme enseigné au Grand Séminaire de Québec s’inspire de sa plus récente édition qui date de 2000.

Description


Entrée du Grand Séminaire de Québec
© IPIR 2011, soumis à copyright

La formation de séminariste est divisée en quatre étapes marquées par cinq rites pour une durée totale de sept ans. Il s’agit d’une formation intégrale, car chaque individu doit travailler les dimensions spirituelle, humaine, intellectuelle et pastorale de sa personne pour arriver à devenir un bon prêtre. Chacun des cinq rites est primordial dans le cheminement du candidat, car ils permettent à celui-ci de se positionner et de réfléchir à son discernement.

Le but du programme d’enseignement offert au Grand Séminaire est de former des pasteurs, mais aussi de favoriser un discernement partagé, c’est-à-dire entre le candidat et l’Église qui est représentée par l’équipe de formation ainsi que l’évêque. On entend par discernement la capacité de distinguer si une personne a les aptitudes et les charismes pour rendre le service presbytéral. Par conséquent, le candidat manifeste à son entrée « une disponibilité pour être appelé au presbytérat ». Il ne peut espérer être ordonné parce qu’il en a « le droit », mais seulement parce qu’il a reconnu, ainsi que son entourage, qu’il en a les capacités.

La première étape dure un an et vise à familiariser le candidat à la vie en communauté. Cette étape de préparation permet au candidat de réfléchir et de vérifier s’il est véritablement prêt à entamer une démarche pour devenir prêtre. Pour ce faire, il est amené à faire un bilan de son histoire personnelle et spirituelle, ce qui l’éclaire sur ses forces et ses limites. C’est aussi lors de cette étape que le séminariste entreprend des études universitaires en théologie à temps partiel.

Afin d’être admis officiellement, le séminariste doit demander au terme de la première année le rite d’admission. La requête est exprimée par écrit sous forme d’une lettre rédigée selon les normes canoniques et envoyée à l’évêque du diocèse d’origine. L’évêque est libre de l’accepter ou de la refuser après s’être assuré que l’équipe de formation du Grand Séminaire appuie la demande. Une fois celle-ci approuvée, l’évêque procède au rite lors d’une célébration eucharistique ou d’une liturgie de la parole. Après avoir nommé le séminariste, il lui demande d’exprimer publiquement son désir de continuer dans le discernement. Ensuite, quelques prières sont récitées et l’évêque bénit le candidat.

La deuxième étape de la formation se déroule sur une période de trois ans environ. Le séminariste est alors étudiant à temps plein d’abord en philosophie, puis progressivement exclusivement en théologie. Au Grand Séminaire de Québec, ces études sont effectuées à l’Université Laval. Lors de cette période, le séminariste développe la dimension intellectuelle de sa formation. De petites incursions dans des milieux comme les hôpitaux et les paroisses lui permettent aussi de sonder divers environnements de stage.

Lors de la deuxième étape, deux rites peuvent être célébrés en fonction du rythme de cheminement du candidat; le lectorat et l’acolytat. En effet, le séminariste peut également attendre à la troisième étape s’il ne se sent pas prêt, car dans tous les rites, il est primordial que la demande soit le résultat d’un choix libre. Lorsque le candidat a suffisamment réfléchi, il procède de la même façon que lors du rite d’admission. Il soumet sa lettre au comité de formation du Grand Séminaire qui l’évalue et recommande le candidat après avoir voté secrètement sur son admissibilité. Le lectorat et l’acolytat se déroulent de manière similaire au rite d’admission. Lors du premier, il s’agit de redire son engagement vers le presbytérat en manifestant plus précisément son désir « d’annoncer et proclamer la Parole de Dieu ». Pour ce qui est du second, le séminariste y manifeste publiquement son désir grandissant « de poursuivre le ministère de l’eucharistie ». L’acolytat insiste sur le volet de la sanctification qui est le lieu d’action privilégié du prêtre. Après ces deux rites, le séminariste est toujours considéré comme un laïc.

Après la seconde étape, le séminariste est normalement en possession d’un certificat en philosophie et en voie d’obtenir son baccalauréat en théologie. À l’étape trois, ses études sont mises en suspens au profit d’un stage, ce qui lui donne l’occasion d’expérimenter et de développer la dimension pastorale de sa formation pour environ deux ans. Le séminariste vit alors dans la paroisse d’accueil et participe à l’ensemble des activités et tâches de l’équipe pastorale. Par exemple, il peut notamment être amené à animer des rencontres, enseigner et faire de la catéchèse, accueillir et visiter des personnes dans le besoin ou, encore, commenter la parole de Dieu. Cette étape est la plus importante dans son chemin vers le discernement, car c’est le moment où il teste ses capacités et où les autres le voient évoluer sur le terrain.

La quatrième étape est le moment où le candidat revient au Grand Séminaire finir son baccalauréat en théologie puis, souvent un diplôme de deuxième cycle. Ce temps constitue également un recul par rapport à l’ensemble de l’expérience vécu lors des années précédentes ainsi qu’une occasion d’approfondir et intégrer les acquis. Le séminariste procède au choix définitif de s’engager comme prêtre. C’est le moment du discernement final qui mène à l’accomplissement d’un rite plus solennel, puisque permanent : le diaconat.

Tout comme les précédents rites, il est nécessaire d’envoyer à l’évêque une lettre accompagnée d’une recommandation de l’équipe de formation. L’ordination au diaconat est le premier degré de l’ordre des clercs, ce qui signifie que le séminariste n’est désormais plus laïc. En effet, la religion catholique compte sept sacrements, dont le sacrement de l’ordre qui est constitué de trois degrés : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat.

Lors de l’ordination, l’évêque appelle le candidat qui s’engage publiquement. Après quelques prières, l’évêque, considéré comme un successeur des apôtres, impose les mains et transmet l’Esprit Saint au futur diacre, ce qui lui donne la force de servir le peuple. Ce statut lui permet de présider les sacrements du baptême et du mariage, mais il ne peut toujours ni confesser ni donner l’onction des malades ou présider l’eucharistie. Il existe deux types de diaconat soit celui qui est permanent et celui qui est transitoire. Les séminaristes le sont tous temporairement en attendant l’ordination comme prêtre.

Quelques temps plus tard, les nouveaux diacres sont finalement ordonnés au presbytérat ce qui leur permet d’exercer pleinement leur rôle de serviteur du peuple et de messager de Dieu. Cette fois-ci, l’imposition des mains est faite par l’évêque et tous les membres de son presbyterium. Comme pour tous les autres rites, le lieu de la cérémonie varie, bien que le futur prêtre préconise souvent sa paroisse d’origine.

Apprentissage et transmission


Vue du château Frontenac à partir de la cours du Grand séminaire de Québec
© IPIR 2011, soumis à copyright

Pour pouvoir être admis en tant que séminariste, il faut avoir reçu l’initiation chrétienne, c’est-à-dire être baptisé, avoir fait le sacrement du pardon et sa première communion, puis être confirmé. Le candidat désirant entrer au Grand Séminaire de Québec est d’abord rencontré en entrevue par l’équipe de formation pour évaluer le sérieux de sa démarche. Cette équipe a la responsabilité d’assurer l’encadrement et le suivi des candidats, même s’il y a qu’un seul nouvel inscrit pour une année.

Si la moyenne d’âge à l’entrée au Séminaire était autrefois de 20-24 ans, elle est désormais de 39 ans. L’admission de candidats plus âgés engendre une diversification des parcours de vie. Ainsi, il est possible, quoique rare, que certains séminaristes aient déjà été mariés et qu’ils aient des enfants. Bien qu’il n’existe pas de limite d’âge dans le droit canonique pour l’admission au séminaire, le refus d’un candidat jugé trop âgé est à la discrétion de l’évêque de chaque diocèse. Selon notre informateur, on n’ordonne pas de nouveaux prêtres qui ont au-delà de 60-64 ans à Québec.

De plus, en raison des expériences de vie variées, la durée et le contenu de la formation varient selon chacun. Aujourd’hui, on assiste en moyenne à deux ou trois ordinations par année au Grand Séminaire de Québec.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: Grand Séminaire de Québec, 1 rue des Remparts, Québec, G1R5L7
Téléphone: 418 692-0645
Télécopieur: 418 692-0280
Site Web: http://www.gsdq.org
Ressources:

Giguère, H., 1988, « La formation des futurs prêtres de Trente à Vatican II. De l’institution au programme de formation », Séminaire de Québec, en ligne : http://www.seminairedequebec.ca/francais/institution/forma_1700.htm, consulté en août 2011, 6p.

Lépine, L.-J., 1888, « Le passé et l’avenir, souvenir du 325e anniversaire. Un discours prononcé lors des fêtes du 325e anniversaire de la fondation du Séminaire de Québec », Séminaire de Québec, en ligne : http://www.seminairedequebec.ca/francais/ institution/discours.htm, consulté en août 2011, 6p.

 


Source

L'abbé Mario Côté
Titre, rôle et fonction : Supérieur du Grand Séminaire depuis 2004.
Lien avec la pratique : En tant que recteur du Grand Séminaire de Québec, l'abbé Côté connait bien la formation des séminaristes avant de devenir prêtre.

Enquêteur : Marie Renier et Marie-Ève Samson
Date d'entrevue : 8 avril 2011

Fiches associées

  • Être séminariste au Grand Séminaire de Québec d'hier à aujourd'hui

    La mission du Grand Séminaire de Québec est d’assurer la formation des futurs prêtres et de les accompagner dans leur parcours vers le discernement. Si la mission n’a pas changé avec les années, le cadre dans lequel s’inscrit le parcours vers le [...]
  • L'ordination: rite d'entrée au presbytérat

    Environ deux à trois ordinations de prêtres formés au Grand Séminaire de Québec ont lieu chaque année. La proportion des séminaristes ordonnés au presbytérat représente environ le tiers des entrées.Selon le droit canonique, il n’y a pas de [...]

Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: