Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: La Sainte-Famille (Cap-Santé) et Sainte-Agnès (Donnacona)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293)
et sous Organisation religieuse (9200), Temps religieux (9280), Temps liturgique (9282).
L'activité du tressage des rameaux à Donnacona
© IPIR 2011, soumis à copyright
La célébration des Rameaux rappelle l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa mort. Selon l’Évangile, Jésus, alors surveillé par les pharisiens, est revenu à Jérusalem à dos d’âne. Alors qu'à l'époque les rois se promenaient dans des chars ou sur des chevaux puissants, Jésus se présente sans armée et assis sur la monture des pauvres. Parvenu aux portes de la ville, Jésus a été acclamé par le peuple rassemblé en grand nombre pour la Pâques. On agitait des rameaux sur son passage, jonchait son chemin de branchages et étendait même des manteaux sous les pas de sa monture. Les plantes utilisées étaient soit des branches de palmiers, soit des rameaux d’oliviers.
Depuis, le dimanche des Rameaux est célébré le dimanche précédent Pâques. Lors de cette célébration, il y a notamment une procession accompagnée de chants pour acclamer le Christ-Roi, un roi humble et pacifique qui ne cherche pas à s’imposer par la force.
L’essence d’arbre utilisée pour commémorer cet événement varie selon les pays. Autrefois, au Québec, on optait pour le sapin ou le thuya. En effet, les palmes vendues alors de porte en porte étaient souvent trop chères pour les familles ou n’atteignaient pas les campagnes. Par conséquent, on en achetait parfois, mais, le plus souvent, on se procurait des branches de conifères dans le boisé et il pouvait arriver que l’on recycle quelques branches du sapin de Noël qui avaient été conservées tout l’hiver dans la neige. Les branches n’étaient donc pas tressées, mais simplement attachées ensemble.
Les rameaux, une fois bénis, étaient disposés partout dans la maison, particulièrement sur les crucifix. On en retrouvait parfois également dans les granges, les étables, les greniers et même les voitures. Cet objet béni protégeait contre le « Malin ». Lors des orages, on s’en servait pour asperger les maisons d’eau bénite afin d’éloigner la foudre.
Chaque année, les anciens rameaux étaient remplacés par de nouveaux. Comme il s’agit d’un objet béni, le croyant ne pouvait et ne peut toujours pas en disposer comme bon lui semble. En effet, il est nécessaire de brûler les rameaux abîmés. Les cendres des rameaux ayant servi à la célébration à l’église sont par ailleurs conservées pour être utilisées lors du mercredi des Cendres.
Un rameau tressé représentant Jésus entouré d'un coeur
© IPIR 2011, soumis à copyright
Il n’existe pas de technique prescrite pour le tressage des rameaux. Ainsi, chaque personne est libre de laisser sa créativité se déployer. On remarque toutefois une récurrence dans les modèles. On constate la présence de tresses avec divers nombres de feuilles de palme. La tresse à trois feuilles ressemble à celle que l’on fait dans les cheveux. La tresse à plus de trois brins feuilles s’inspire de diverses techniques, dont le macramé. Une autre technique dite « cagée » donne des formes davantage en volume que la tresse. Celles-ci sont parfois appelées « cocottes ». Les cocottes peuvent être rondes ou carrées. Lorsque le tressage est terminé, on le ferme à l’aide d’un ruban ou d’un nœud très serré pour assurer la solidité de l’arrangement. Le temps nécessaire pour le tressage varie en fonction des modèles et de la qualité des rameaux.
Les modèles ont parfois une signification pour les artisans. À Cap-Santé, on nous a expliqué qu’un modèle représente Jésus entouré d’un cœur et qu’un autre, composé de trois cocottes, évoque la Sainte-Trinité.
Il est important de bien séparer les feuilles l’une de l’autre avant de commencer le travail. Cela n’est pas toujours chose facile, car il arrive que la partie centrale du rameau ne soit pas suffisamment mûre. Il est aussi primordial que les rameaux soient humides, sinon ils peuvent casser lors du tressage. Pour s’en assurer, on enveloppe les rameaux dans une serviette humide. De plus, lorsqu’ils sont terminés, on les conserve dans des bacs en plastique hermétiques ou, dans le cas des grands rameaux qui seront placés à l’église, on les fait sécher la tête en bas.
La qualité des rameaux influence l’artisan dans le choix de la technique de tressage. Si les rameaux ne sont pas assez mûrs ou encore trop secs lorsque livrés, il faudra opter pour un tressage moins élaboré.
Ce savoir-faire est également l’occasion parfois pour l’artisan de se recueillir et de se préparer intérieurement à la Semaine sainte.
On note à Cap-Santé et à Donnacona un désir de transmettre ce savoir-faire aux jeunes générations afin que la pratique du tressage des rameaux soit préservée. À Donnacona, une activité familiale et intergénérationnelle de tressage est organisée depuis déjà une dizaine d’années. Ces séances permettent aux enfants d’en apprendre plus sur l’origine et la signification des rameaux ainsi que sur la passion de Jésus.
Les jeunes qui participent à l’activité sont généralement d’âge scolaire. Ils viennent accompagnés d’un parent, d’un grand parent ou entre amis. Des bénévoles les accueillent pour leur expliquer comment tresser et leur enseigner la signification des rameaux. Le tressage des rameaux est un travail de collaboration entre tous les participants qui sont invités à mettre à profit leur talent et leurs idées.
Finalement, les enfants sont conviés à la vente des rameaux à l’église et amenés à participer à la procession du dimanche des Rameaux.
Un des rameaux de l'église Sainte-Famille de Cap-Santé
© IPIR 2011, soumis à copyright
L’apprentissage varie selon les personnes. Certaines ont appris dès un jeune âge à l’école ou à la maison. D’autres ont appris plus tard par un membre de la paroisse qui savait comment faire. L’expérience dans le tressage des rameaux se fait à mesure où les gestes sont répétés. Des modèles sont suggérés aux débutants qui peuvent d’abord apprendre à les imiter pour ensuite développer des techniques plus libres.
Municipalité: Cap-Santé et Donnacona
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
L'église Sainte-Famille de Cap-Santé (et l'église Sainte-Agnès de Donnacona), 30, Place de l'Église, Cap-Santé, G0A 1L0
Téléphone: 418-285-2311
Soeur Gisèle Paquet, madame Lucille Gagné et monsieur Raymond Juteau
Titre, rôle et fonction : Soeur Paquet est agente de pastorale pour la paroisse de Sainte-Agnès de Donnacona. Madame Gagné et monsieur Juteau sont bénévoles dans la paroisse Sainte-Famille de Cap-Santé.
Lien avec la pratique : Soeur Paquet organise une activité de tressage des rameaux avec les enfants depuis 10 ans. Madame Gagné est en charge de tresser les rameaux à vendre dans la paroisse Sainte-Famille de Cap-Santé tandis que Monsieur Juteau s'occupe de tresser les rameaux installés dans l'église.
Enquêteurs : Valérie Vachon-Bellavance, Marie-Ève Samson, Louise Saint-Pierre
Date d'entrevue : 8 avril 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: