Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Paroisse, congrégation ou équivalent: Mission Santa Cruz (Portugais)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Cérémonie (9310), Pèlerinage (9317).
Départ de la marche à la Mission Santa Cruz
© IPIR 2011, soumis à copyright
En octobre 1522, à Vila Franca do Campo, ville située dans l’île de Sao Miguel aux Açores, un tremblement de terre a fait plusieurs milliers de victimes. Les survivants décidèrent alors de se réunir pour reconstruire une petite église qu’ils nommèrent Ermida de Nossa Senhora do Rosârio. Pour remercier Dieu de les avoir sauvés, les survivants marchèrent et prièrent tous ensemble jusqu’à l’église tous les mercredis. Ce petit pèlerinage prit de l’expansion, car d’autres villages commencèrent aussi à prendre part à cette marche. Aujourd’hui, chaque année, plus de cinquante groupes de marcheurs parcourent l’île de Sao Miguel pendant 8 jours et remercient le Seigneur des miracles qu’il a accomplis. Cette marche est nommée Romaria, qui signifie pèlerinage en portugais.
Au Québec, la Romaria est appelée la marche du pardon. Introduite par la communauté portugaise de Laval et de Montréal, celle-ci en est à sa vingt-sixième année. On l'appelle marche du pardon en français, car la Romaria s’apparente à cette tradition qui réunit les pèlerins catholiques lors du Vendredi saint et qui font une marche pour exprimer leur foi.
Arrivée à l'église Notre-Dame de Fatima à Laval
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Au Portugal, la Romaria est une marche qui débute un samedi et se termine le dimanche, 8 jours plus tard. Celle-ci commence cinq à six semaines avant la semaine sainte. Cela permet à tous les villages de faire le pèlerinage sans qu’il y ait deux groupes qui se croisent au même endroit. Tous les groupes doivent être de retour dans leur village pour le Vendredi saint. Cette marche rassemble que des hommes qui se surnomment « les frères ». Des groupes sont organisés dans chaque coin de l’île de Sao Miguel et sont dirigés par un responsable qui détermine les lieux où les frères dormiront. Les pèlerins sont hébergés chez des habitants de l’île qui leur offrent le gîte et le couvert. Toute la journée, les « frères » marchent d’églises en églises et prient. Ils marchent pour remercier Dieu et parfois une promesse est faite à Dieu lorsqu'il accomplit un miracle.
Au Québec, les Portugais ont conservé les fondements de cette tradition, c’est-à-dire remercier Dieu, mais elle s’est toutefois adaptée à leur nouvel environnement et à leur pays d’accueil. Tous les Vendredis saints, la communauté portugaise de Laval et de Montréal se réunit très tôt le matin pour amorcer la Romaria. La marche débute soit à l’église Notre-Dame-de-Fatima à Laval et se termine à la mission portugaise de Santa Cruz à Montréal. Chaque année, le lieu de départ et le lieu d’arrivée s’inversent entre ces deux paroisses. À l'origine, comme le veut la tradition, seuls les hommes étaient admis à la marche du pardon, aujourd'hui les femmes peuvent également se joindre à la marche.
L’organisation de cette marche commence dès le mois de janvier et de février. Le parcours de 26 kilomètres doit être tracé rapidement pour le faire approuver par les services de police des deux villes. Les pèlerins s'arrêteront dans sept églises sur le parcours pour prier. Pendant leur pérégrinations, les fidèles chantent l'Ave Maria. Lorsqu’ils arrivent à une église, ils s’arrêtent devant la façade pour faire une prière, suivi d’un chant qui demande l’autorisation au Seigneur d'entrer dans cet espace sacré. Ils entrent dans l’église et s’agenouillent pour prier et pour chanter l’Ave Maria. Lors de la sortie, un nouveau chant est entonné par le groupe.
Chaque pèlerin porte un costume spécial pour l'occasion. Les accessoires et les vêtements ont une valeur symbolique et sont en lien avec Vendredi saint. Le pèlerin est muni d'un bâton en bois, souvent surmonté d’une croix. En plus d’être un outil indispensable lors de longue marche, il représente le bâton sur lequel le Christ s’est appuyé lors de sa marche au Mont de Oliviers. Le chapelet représente la corde qui a attaché Jésus. Le grand châle fait office de couverture pour se protéger des intempéries. Finalement, le foulard, habituellement coloré, constitue symboliquement la couronne d’épines de Jésus sur la croix. Il est habituellement porté sur la tête ou autour des épaules.
La Romaria se termine par la messe du Vendredi saint, suivi d’un repas communautaire. Bien que cette marche se soit adaptée au noveau continent, les communautés portugaises de Montréal et de Laval perpétuent cette tradition chère aux immigrants originaires des Açores. Cette marche une journée est un temps où les pèlerins s’offrent complètement à Dieu.
Les marcheurs prient dans une église
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Plusieurs immigrants portugais installés à Montréal et à Laval ont participé, dans leur jeunesse, à la Romaria au Portugal. Arrivés au Québec, ils ont poursuivi la tradition de leur pays d’origine et l’ont adapté à leur nouvel environnement. La plupart des pèlerins ont commencé à participer à la marche pour poursuivre la tradition ou pour tenir une promesse faite à Dieu. Les prières, ainsi que les chants sont transmis par les plus âgés participant chaque année à la marche.
La communauté espère organiser une marche d’environ trois kilomètres pour les enfants, comme on le fait au Portugal, afin de transmettre cette tradition aux plus jeunes.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu:
Mission Santa Cruz, 60, rue Rachel Ouest, Montréal , H2W 1G3
Téléphone: 514-844-1011
Télécopieur: 514-844-7685
Antonio Amaral et Luis Melo
Titre, rôle et fonction : Antonio Amaral est né au Portugal et vit au Québec depuis 1990. Il a participé onze fois à la marche du pardon au Portugal et 10 fois au Québec. Il est le responsable de la marche du pardon de la communauté portugaise de Laval et de Montréal depuis deux ans. Luis Melo est né en 1953 au Portugal et vit à Montréal depuis 1974. Il a fait la marche du pardon à l’âge de 8 ans au Portugal et a refait l’expérience cette année au Québec.
Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Francesca Désilet
Date d'entrevue : 13 mai 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: