Récit de pratique culturelle

L'habit religieux des prêtres de Saint-Sulpice

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique vestimentaire (9243).

Historique général


La soutane des Sulpiciens
© IPIR 2007, soumis à copyright

Les pratiques vestimentaires quotidiennes des messieurs de Saint-Sulpice ont évolué depuis 17e siècle à aujourd'hui. Avant Vatican II, les vêtements servaient à identifier le prêtre. Au 17e siècle, la soutane était le vêtement de base. La soutane est une robe noire ayant plusieurs boutons. Le vêtement signifie « revêtir le Christ en nous ». Un ceinturon large sans frange complétait la soutane. Pour sortir, les sulpiciens se couvraient d'un long manteau en toile feutrée. Celui-ci était plus léger l'été. Le bonnet noir était sobre et couvrait la tête. Il était porté à l'intérieur comme à l'extérieur. Servant à garder la tête au chaud, il s'avérait également un signe d'humilité. Le sulpicien portait aussi un rabat noir orné d’une bordure blanche. Le rabat se repliait à l'avant comme une petite bavette. Un surplis, vêtement en toile craquelée mince, descendait jusqu'aux genoux avec des grandes manches amples et souvent une coupure dans les bras. Le surplis servait autant dans la liturgie que dans la vie quotidienne. La barrette était le chapeau liturgique et le chapeau quotidien, formée de 4 côtés et de 3 cornes.
Au 18e siècle, la soutane demeure, mais le manteau de sortie se raccourcit. Le rabat se modifie, il devient moins large et plus adapté au temps. Au 19e siècle, on apporte de légères modifications au manteau. La soutane, le ceinturon et la barrette demeurent inchangés. Le collet romain apparaît pour remplacer le rabat. Le collet romain blanc symbole de pureté, faisant contraste avec la soutane, symbole d'humilité.
Le véritable changement au plan vestimentaire survient avec Vatican II, au début des années 1960. À ce moment, la soutane disparaît pour faire place au clergyman, costume ecclésiastique de ville (veston et pantalon noirs, collet romain). La barrette se maintient uniquement pour les actes liturgiques jusqu'au début des années 1970. Le clergyman prévaut toujours aujourd'hui bien que plusieurs sulpiciens adoptent le classique complet-cravate. Quant au manteau, qui servait à protéger la soutane, il disparaît vers 1940-1950. Depuis le 17e siècle, les sulpiciens ont conservé une certaine simplicité dans leur façon de se vêtir, sans chercher à se démarquer par leur code vestimentaire.

Description


La barette portée par les Sulpiciens
© IPIR 2007, soumis à copyright

Les pratiques vestimentaires chez les sulpiciens avaient deux fonctions. D’abord, il s’agissait de se vêtir dans la vie quotidienne en s’adaptant au climat. Ensuite, les différents vêtements marquaient une appartenance au clergé catholique sans véritablement marquer une appartenance à la Compagnie de Saint-Sulpice. Ainsi, on pouvait identifier le prêtre, mais pas le sulpicien.
Les pratiques vestimentaires se sont progressivement transformées du 17e siècle à aujourd’hui. Principal signe distinctif des prêtres jusqu’à Vatican II, la soutane servait pour toutes les activités quotidiennes, y compris le sport. La soutane était donc un élément central et polyvalent du costume sulpicien. Quant aux vêtements liturgiques, ils étaient et sont portés lors des célébrations du culte et sont identiques à ceux des prêtres diocésains.
Les sulpiciens, à la différence de certaines communautés religieuses, ne portent pas de croix afin de ne pas être associés aux évêques qui portent une croix pectorale. De manière générale, les sulpiciens n’arborent pas de bijoux ou le font de manière très discrète. Du temps de la soutane, les bas noirs étaient portés assez haut de façon à cacher la jambe. Le port de la barrette était codifié. Les trois cornes de ce chapeau signifiaient la Trinité (Père, Fils et Esprit). La barrette se prenait de la main droite avec le l'index et le majeur pour la déposer sur la tête, de façon à obtenir une pointe en avant, une pointe à droite et une pointe en arrière, mais pas à gauche. De tout temps et en toute occasion, la simplicité vestimentaire était le mot d’ordre.
Le sulpicien d’aujourd’hui a la liberté de se vêtir du clergyman ou simplement d’un costume de ville. Bien qu’elles soient aujourd’hui réduites à leur plus simple expression, les pratiques vestimentaires sont évidemment toujours en usage à Saint-Sulpice.
Certains éléments du costume font partie du folklore des sulpiciens. Il s’agit en fait d’une moquerie à l’endroit des prêtres de Saint-Sulpice qui perdure encore de nos jours chez les gens plus âgés. Cette moquerie concerne le port de couvre-chaussures et du parapluie dans le passé. M. Lévêque indique qu’il s’est créé un mythe autour de ces éléments de costume. Puisque les sulpiciens ont été seigneurs de Montréal, on les croyait plutôt conservateurs et aristocrates. Le fait de sortir avec des couvre-chaussures et un parapluie pour se protéger du mauvais temps, comme le faisaient les hommes dignes, associait les sulpiciens à la classe aristocratique. Cette association se fait parfois aujourd’hui même si les sulpiciens ne portent pas nécessairement des couvre-chaussures et un parapluie.

Apprentissage et transmission


Monsieur Réal Lévêque, p.s.s.
© IPIR 2007, soumis à copyright

Pour être sulpicien, le candidat doit d'abord être prêtre. Dès son ordination, le diacre ou le prêtre porte les vêtements qui désignent son état, vêtements qui changent légèrement selon les époques. Lorsqu'il devient sulpicien, en général, le prêtre conserve le même code vestimentaire.
Les connaissances ou le savoir particulier liés aux pratiques vestimentaires des prêtres se transmettent aux séminaristes durant leur formation, surtout dans leurs cours de liturgie.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: 514 935-1169
Site Web: http://www.sulpc.org

Source

Père Réal Lévêque
Titre, rôle et fonction : Monsieur Réal Lévêque a fêté son 25e anniversaire de sacerdoce en 2007. En 1984, il fait son entrée chez les Sulpiciens. Depuis ce temps, sa carrière se déroule principalement au Grand Séminaire de Montréal comme professeur de l'histoire de l'Église et membre de l'équipe de direction.

Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 22 novembre 2007


Partenaires

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