Récit d'objet

L'usage cultuel de l'ostensoir

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Élément utilisé dans un rituel (9329).

Historique général


Ostensoir des Sulpiciens
© IPIR 2007, soumis à copyright

Cet ostensoir a été fabriqué en France au XVIIe siècle. Il est présent en Nouvelle-France dès le début de la colonie. L’ostensoir est un objet du culte catholique particulièrement connu des Québécois. L’hostie consacrée est déposée dans la lunule au centre de l’objet pour l’exposition ou l’adoration du Saint-Sacrement. L’ostensoir est exposé sur un autel à l’intérieur d’une église ou d’une chapelle.
En réaction contre le protestantisme concernant la présence réelle du Christ, l’Église catholique a favorisé la dévotion au Saint-Sacrement (vénération de la présence du Christ dans l’hostie consacrée). L’Église a organisé des heures saintes, particulièrement le premier vendredi du mois où le Saint-Sacrement (hostie consacrée) est exposé sur l’autel dans un ostensoir. Celui-ci favorise la dévotion des fidèles qui peuvent venir passer une heure ou deux devant le Saint-Sacrement.
L’ostensoir servait également lors des processions au temps de la Fête-Dieu. Il s’agissait de la traversée d’un village ou d’une ville avec l’ostensoir tenu par le prêtre sous un dais. Le prêtre était accompagné des fidèles qui chantaient des cantiques au Seigneur ou à la Vierge et récitaient le chapelet. Souvent, un des marguilliers de la paroisse était convié à faire un reposoir à sa maison. La famille ornait alors le balcon de la maison avec un autel, beaucoup de fleurs, des drapeaux de toutes sortes et un endroit pour y déposer l’ostensoir sur un piédestal. Les fidèles entouraient la maison, s’agenouillaient et l’on procédait à l’exposition et à la bénédiction du Saint-Sacrement accompagnées de chants (comme le Tantum Ergo). À la fin de la célébration, la procession retournait à l’église. À cet endroit, l’ostensoir était exposé sur l’autel. Il y avait des prières, la bénédiction avec l’ostensoir. À la fin, l’hostie était déposée dans le tabernacle.
Chez les sulpiciens, depuis l’origine de la Compagnie, une dévotion profonde au Saint-Sacrement est inculquée aux futurs prêtres pendant leur formation. L’accent est mis sur la liturgie. Tous les dimanches, des vêpres solennelles étaient récitées, suivies de l’exposition du Saint-Sacrement à la fin. Durant leur formation, les sulpiciens sont priés de faire chaque jour une visite à l’église devant le Saint-Sacrement. Au séminaire, une coutume est toujours d’actualité : après chaque repas, aller faire une visite à la chapelle, s’agenouiller devant le Saint-Sacrement et remercier le Seigneur pour tout ce qu’Il donne dans la journée. Cette dévotion au Saint-Sacrement était suivie d’une dévotion à la Vierge au sortir de la chapelle, au petit oratoire dédié à cette fin. Lorsque Monsieur Cousineau était séminariste, une demi-heure de méditation, ayant pour thème le Saint-Sacrement, se tenait régulièrement avant la messe.
Il s’agit d’un des objets les plus précieux et les plus symboliques de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal. Le petit ostensoir dont il est question ici date du début de la colonie. Selon les recherches de Saint-Sulpice, il aurait appartenu à Marguerite Bourgeois. C’est devant cet ostensoir que celle-ci aurait prié, tout comme la recluse Jeanne Le Ber, très proche des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. À l'image des sulpiciens, Marguerite Bourgeois entretenait une dévotion profonde au Saint-Sacrement. En effet, Monsieur Olier (le fondateur) avait inculqué à la première communauté sulpicienne une dévotion profonde au Saint-Sacrement (vénération de la présence du Christ dans l’hostie consacrée). L'ostensoir est conservé par la communauté et fait partie de l'Univers culturel de Saint-Sulpice.

Description


Ostensoir
© IPIR 2007, soumis à copyright

Cet ostensoir est le résultat d’un travail d'orfèvrerie de grande qualité. Il est fabriqué principalement de métaux précieux. L’ostensoir porte la marque d'un poinçon ayant pour mention : Paris 1686-1687. Le pourtour de la base laisse voir une couronne portant les dates 1684-1687 gravées au poinçon. L’ostensoir est de couleur dorée uniforme. Sa base (ou pied) est composée de quatre points d'appui. Sur cette base repose un cylindre travaillé et lobé (noeud) à l'extrémité duquel est fixée la partie supérieure s'apparentant à un soleil (un centre et ses rayons diffus). Le centre du soleil est une lunule en verre, petite capsule circulaire, transparente et bombée, destinée à recevoir l'hostie consacrée. L'objet est surmonté d'une croix dont chaque extrémité représente une fleur de lys. L'ensemble est finement décoré, mais conserve un caractère sobre et dépouillé. Comparé à d'autres ostensoirs, il est de taille relativement petite. Il ne sert aujourd'hui que pour le culte religieux. Il n'a fait l'objet d'aucune actualisation ou transformation. Cet objet ancien très précieux peut servir occasionnellement lors d'expositions muséales.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: 514 935-1169
Site Web: http://www.sulpc.org

Source

André Cousineau
Titre, rôle et fonction : M. Cousineau est aujourd'hui prêtre sulpicien retraité. Il est membre du comité du patrimoine de Saint-Sulpice.
Lien avec la pratique : L'objet fait partie de l'Univers culturel de Saint-Sulpice. L’ostensoir a une grande signification pour M. Cousineau et les Sulpiciens car, selon les recherches, il aurait appartenu à Marguerite Bourgeois (1620-1700). Marguerite Bourgeois était une femme remarquable qui a fondé à Montréal une communauté de sœurs non-cloîtrées. Son rôle important dans l’enseignement en Nouvelle-France s’est poursuivi avec la Congrégation de Notre-Dame de Montréal (CND) jusqu’à aujourd’hui. Dans des cabanes d'écorce d'abord et dans les tours du fort ensuite (site actuel du Grand Séminaire), Marguerite Bourgeois a fondé une première école au fort de la Montagne. L’objet rappelle des souvenirs importants faisant partie de la spiritualité des Sulpiciens, comme l'importance de Marguerite Bourgeois dans l'enseignement et l'histoire de Montréal ainsi que celle de l’hostie consacrée, présence réelle de Dieu sur l’autel.

Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 15 octobre 2007


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