Récit de pratique culturelle

Les parloirs du Monastère des Ursulines de Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Ursulines de l'Union canadienne

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242)
et sous Pratique religieuse (9300), Prescription (9370), Espace (9372).

Historique général


Professes, novices et postulante au parloir exécutant des travaux pour nos soldats.
© Archives du Monastère des Ursulines de Québec, 1938, PDQ,0,MQ,1/P,003,000,000,022,0314

Un monastère comporte généralement un espace réservé aux religieuses et religieux appelé clôture. Cet espace est non accessible aux visiteurs, à moins de dispenses ou de privilèges particuliers. Avant Vatican II, les religieuses étaient cloîtrées, ce qui signifie qu'elles ne pouvaient franchir la clôture. Le seul moyen pour elles d’entrer en contact avec le monde extérieur, lorsque les circonstances ou les besoins l’exigeaient, était de rencontrer les visiteurs au parloir. Une grille séparait le parloir en deux parties, l'une privée, l'autre publique. Après Vatican II, les grilles des parloirs furent enlevées. En effet, déjà la grille était devenue une clôture plus symbolique que matérielle. Aujourd'hui, les parloirs des Ursulines gardent encore des traces architecturales des anciennes grilles.


Dès la première construction du Monastère, un espace était prévu pour le parloir. Il fallait trouver un moyen de rejoindre l'espace privé du Monastère et l'espace public, en conservant une certaine distance et en respectant les limites du cloître. Dans la construction initiale, une pièce, accessible par un escalier public, était aménagée au dessus de la chapelle. En 1715, avec la construction de la chapelle de madame de la Peltrie, un parloir est ajouté à l'est du bâtiment. Cependant, à la mort de Mère Marie Lemaire des Anges, le projet est abandonné, la chapelle est rasée, et la décision est prise de reconstruire un bâtiment plus petit à partir des fondations. En 1865, on a procédé à des agrandissements et on y a rajouté un étage. Le bâtiment de l’aile des parloirs que l’on connaît aujourd’hui remonte donc environ à 1718, avec des fondations qui proviennent partiellement de 1715. Les plans de l'aile furent dessinés par Maurice-Josué Dubois Berthelot de Beaucours et les travaux exécutés par Jean Boucher dit Belleville.


 Encore aujourd’hui, la fonction du dépôt, appelé la procure, n’a pas tellement changé depuis sa construction dans les années 1720, bien que laïcs y travaillent. Les personnes de l'extérieur qui doivent y régler des affaires, ne peuvent entrer au monastère, elles doivent sortir du monastère et emprunter la porte extérieure de la procure. Il s'agit en fait du seul espace qui possède encore une grille et dont le fonctionnement se rapproche le plus de celui des parloirs avant Vatican II.

Description


Grand parloir des élèves, 1880-1900
© Archives du Monastère des Ursulines de Québec, PDQ,0,MQ,1/P,003,000,000,016,0154

Les parloirs sont des lieux de croisement entre deux mondes: le monde extérieur et le monde des soeurs cloîtrées. Partout où les fonctions du monastère exigeaient une rencontre entre ces deux mondes, on retrouvait un parloir.  Celui-ci était toujours divisé de la même façon: une porte donnant accès à l’extérieur, une porte intérieure (liée au cloître) et une grille séparant la pièce en deux.  Ainsi, il n’était pas possible de se toucher, empêchant tout contact direct entre l’espace privé du Monastère et l’espace public extérieur. On pourrait dire que les parloirs constituaient la partie «publique» du cloître.


Les parloirs étaient fréquentés pour diverses raisons: recevoir des visiteurs, recevoir des marchandises, présenter des conférences, donner des cours, se confesser, etc. Au début de la colonie, les Amérindiens venaient parfois aux parloirs pour recevoir l’éducation des soeurs, ou pour des confessions. Dans le cas des marchandises, le parloir utilisé était appelé le dépôt. Il s’agissait d’un parloir plus spécialisé, où on retrouvait une zone de réception et d’entreposage. Les parloirs pouvaient aussi servir à la visite de personnages officiels. Par exemple, jusqu'à tout récemment, le maire de la Ville de Québec venait rendre visite aux soeurs le 1er janvier pour leur souhaiter la bonne année. Celui-ci se présentait à la messe, puis était attendu au Monastère. Pour l'occasion, on déplaçait l'heure du dîner afin que les soeurs puissent assister à la visite. De son côté de la grille, le maire venait offrir ses voeux de bonne année.


Des parloirs étaient également installés du côté de l’École, particulièrement le grand parloir de l’Aile Saint-Joseph. Les parents qui venaient visiter leur(s) fille(s) pensionnaire(s) devaient s’y présenter, bien que la soeur en charge de la surveillance pouvait parfois ouvrir la grille pour que les enfants rejoignent leurs parents.


De «petits parloirs» étaient situés au deuxième étage de l’Aile des Parloirs. Le plus grand de ces parloirs est appelé le «parloir habituel». Au rez-de-chaussée, le vestiaire actuel servait autrefois de parloir. On l’appelait le «parloir court», puisqu’il servait de lieu pour des rencontres de courte durée. Généralement, l’étage du bas servait aux affaires courantes qui ne nécessitaient pas beaucoup de temps. Pour les rencontres plus confidentielles et plus longues, on préférait utiliser l’étage du haut.

Apprentissage et transmission


Soeur Jacqueline Fortier, conservatrice du Monastère
© IPIR 2012, soumis à copyright

L’utilisation des parloirs constituait une solution logique et pratique à des besoins et à des obligations de la vie en communauté. Dès leur entrée à titre d'aspirantes, les jeunes filles apprenaient les limites à ne pas franchir. 


Comme les grilles ont été enlevées des parloirs, il n’y a plus aujourd’hui de délimitation physique. Les personnes qui se rencontrent dans ces lieux peuvent s’y asseoir ensemble et discuter librement. L’espace privé du cloître se réduit au cloître en tant que tel.


 

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: Monastère des Ursulines de Québec, 18, rue Donnacona, Québec, G1R 4M5
Site Web: http://www.museedesursulines.com
Ressources:


Source

Soeur Jacqueline Fortier
Titre, rôle et fonction : Conservatrice du Monastère
Lien avec la pratique : Soeur Jacqueline Fortier a prononcé ses voeux il y a 75 ans. Elle a occupé, chez les Ursulines de Québec et de Loretteville, des fonctions d'enseignante, de directrice d'école (en tant que supérieure provinciale) et d'administratrice (en tant qu'économe). Elle est aujourd'hui conservatrice du Monastère.

Enquêteurs : Louise St-Pierre, Élisa Lachance
Date d'entrevue : 12 octobre 2011, 19 octobre 2011

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