Récit de pratique culturelle

La mission des Sœurs de Saint-Paul de Chartres à Madagascar

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Gaspé
Communauté religieuse: Soeurs de Saint-Paul de Chartres

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Soin des bébés à Madagascar, 1970
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright

Fondée en 1696, la congrégation des Sœurs de Saint-Paul de Chartres se lance dès 1727 vers ses premières missions. Celle à Cayenne, en Guyane, marquera le début d’un élan missionnaire dans le monde entier. Une fois les bases de la Congrégation posées en Europe, les missions atteignent l’Orient et l’Amérique. Entre 1850 et 1950, 1 732 religieuses missionnaires rejoignent ces destinations.

Le 22 août 1955, six sœurs de Saint-Paul de Chartres débarquent à Madagascar. Fidèle à ses origines et à sa mission, la Congrégation répond favorablement à l’appel des Pères Assomptionnistes, lesquels cherchent une congrégation religieuse poursuivant les œuvres commencées par les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, partant travailler au sud, à Fort-Dauphin. Sœur Véronique Plante, accompagnée de trois religieuses, arrive à Madagascar le 1er novembre 1956. Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres s’installent successivement à Tuléar, Betioky, Ampanihy, Ankililoaka, Mananjary et Ifanadiana.

Description


Une léproserie à Madagascar, 1980
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright

Dès son arrivée à Tuléar, en 1956, sœur Véronique Plante est chargée de s’occuper d’une centaine d’enfants, âgés de 7 ans à 15 ans, afin de constituer des classes pour l’école. Pendant trois ans, elle travaille à l’alphabétisation de ces élèves de première et deuxième années, assistée de trois jeunes femmes malgaches. Sœur Véronique Plante apprend d’ailleurs la langue et ses rudiments avec les enfants. Une attention particulière est portée aux filles plus âgées, dont la formation est orientée vers les vertus maternelles et familiales. Il convient de faire de bonnes ménagères de ces filles, souvent contraintes de se marier dès l’âge de 12 ans. Sœur Véronique Plante consacre cinq jours par semaine à l’enseignement, préparant les enfants aux sacrements tels le baptême, la première communion, la confirmation et au mouvement de la Croisade eucharistique. Le dimanche, elle assiste le prêtre à Mahavaste, aidant à la préparation de la messe, à la catéchèse, aux exercices de chant, aux mouvements des jeunes « Thérésettes » et des Enfants de Marie.

Après 3 ans consacrés à l’enseignement à Tuléar, sœur Véronique Plante est appelée en 1959 à travailler à Betioky-Sud. Elle y occupe plusieurs fonctions, cuisinant notamment pour la petite communauté des Sœurs de Saint-Paul de Chartres et enseignant à l’école primaire Père Emmanuel Dalzon. Elle offre également des cours de couture aux étudiantes du Collège d’enseignement général (CEG) et aux femmes à la léproserie d’Ambika. Sœur Véronique Plante accompagne aussi le père en brousse, visite les malgaches dans leurs cases, anime le mouvement de la Croisade eucharistique et amène les malades à l’hôpital. Elle participe de plus à l’ouverture d’un pensionnat pour les enfants de la brousse étudiant à l’école Père Emmanuel Dalzon.


De 1965 à 1970, sœur Véronique Plante travaille comme aide-infirmière à l’hôpital de Betioky-Sud et à la léproserie d’Ambika. Elle est d’ailleurs l’une des premières à soigner les lépreux. Elle remplace, de 1970 à 1972, sœur Marie de la Trinité comme directrice du pensionnat au Collège Notre-Dame de Nazareth, à Tuléar. Dès 1972, elle collabore à l’ouverture du dispensaire de Tanambao Mananjary, à l’est de Madagascar. Travaillant comme aide-infirmière, elle veille au tri des patients, distribue les médicaments et applique les pansements. Elle soigne également les lépreux à la léproserie de Marovahy. À partir de 1975, elle participe activement au programme de Protection maternelle et infantile (PMI), formant plus d’une centaine de femmes sur la santé et l’alimentation et procédant à la pesée de enfants.

L’organisation de la mission est particulièrement active à Mananjary dans les années 1976-1977. Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres adressent des demandes de parrainage pour les enfants de Marovahy et de Tanambao étudiant à Marovahy et dans différentes écoles de la ville. Un bâtiment accueillant une chapelle et deux salles de classe est construit à Marovahy alors que l’installation d’un système de distribution de l’eau facilite l’accès à la ressource au village, au dispensaire et à la léproserie. Un pensionnat est enfin ouvert à Tanambao.

En 1988, sœur Véronique Plante est nommée gestionnaire de la léproserie de Marovahy par le représentant de la Fondation Raoul-Follereau. Elle est alors invitée à suivre un séminaire pour connaître la lèpre, savoir la dépister et la soigner à l’aide d’un nouveau traitement. Elle travaille également au dépistage et aux soins des personnes atteintes de la tuberculose. Sœur Véronique Plante travaille à Marovahy jusqu’à son départ de Madagascar, en 2008. Après 53 ans de travail missionnaire, elle est contrainte de quitter le pays, suite à la fatigue et des problèmes de santé.

Depuis 1955, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres travaillent avec acharnement à la mission, s’activant à l’organisation tant dans les domaines de l’enseignement que de la santé. L’apostolat des religieuses à Madagascar exprime d’ailleurs le charisme de la congrégation — « élever le niveau humain et spirituel » — et fait écho aux premières œuvres, consacrées à l’éducation et aux soins des malades. L’ouverture d’écoles, de pensionnats, l’enseignement dans les écoles primaires et secondaires, de même que les efforts d’alphabétisation participent ainsi à l’œuvre d’enseignement. Dans le secteur de la santé, les religieuses travaillent aux soins des malades, à l’éducation des mères dans le cadre du programme de Protection maternelle et infantile, de même qu’aux dispensaires. Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres s’impliquent de plus dans la pastorale, les mouvements jeunesse et la Croisade eucharistique. Outre ces tâches, les religieuses occupent plusieurs responsabilités, dont les services dans les communautés et les visites à domicile.

Apprentissage et transmission


Cours de tricot à Madagascar, 1970
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright

Suite à la mission des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, les vocations ont germé et, chaque année, de jeunes malgaches se joignent à la congrégation. En 1956, à l’arrivée de Sœur Véronique Plante, le pays ne compte que des sœurs missionnaires. Puis, en 1960, un juvénat est ouvert et un noviciat canonique est érigé l’année suivante. Aujourd’hui, la Province de Madagascar compte environ 175 sœurs dans 17 communautés, exerçant dans diverses activités apostoliques. À l’exemple des religieuses québécoises en mission, sœur Germaine Zafisoa exprime le désir de se joindre aux Sœurs de Saint-Paul de Chartres et complète les étapes d’entrée à la vie religieuse à Madagascar. À la demande de la Mère générale, elle quitte Madagascar pour apporter son soutien aux sœurs du Québec. Elle séjourne cinq mois, d’avril à octobre 2008, à la Maison provinciale de Sainte-Anne-des-Monts, avant de s’établir à Gros-Morne, en Gaspésie, où elle travaille, depuis, en animation pastorale et en catéchèse.

Le charisme de la congrégation est de plus transmis aux Ami(e)s de Saint-Paul, une association laïque agrégée aux Sœurs de Saint-Paul de Chartres. L’implication et la collaboration de laïcs appelés à vivre les mêmes valeurs évangéliques apparaissent comme un prolongement de la congrégation, un vecteur de transmission de son esprit. De plus en plus nombreux à Madagascar, les Ami(e)s de Saint-Paul partagent les valeurs des religieuses et prennent part à l’apostolat.

Sœur Véronique Plante considère avoir la vocation d’aider les autres, la volonté de se consacrer aux plus démunis. Elle se montre enfin fière et heureuse que le passage des Sœurs de Saint-Paul de Chartres et ses 53 années en terre malgache participent à la transmission des valeurs et du charisme de la congrégation.

Localisation

Municipalité: Sainte-Anne-des-Monts
Région administrative: 11 Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Lieu: Maison provinciale des Soeurs de Saint-Paul de Chartres (Notre-Dame-de-la-Paix), 255, rue du Domaine-Saint-Paul, Saint-Anne-des-Monts, G4V 2G3
Téléphone: 418-763-2231

Source

Soeur Véronique Plante
Lien avec la pratique : Soeur Véronique Plante a travaillé 53 ans à Madagascar. Elle a occupé plusieurs responsabilités de 1956 à 2008, se consacrant notamment à l'enseignement et aux soins de santé.

Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 26 janvier 2012

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