Récit de lieu

L'église évangélique luthérienne slovaque de la Confession d'Augsbourg inaltérée de l'Ascension

Tradition: Christianisme
Appartenance: Protestantisme
Groupe: Luthérien
Diocèse, association ou regroupement: Église luthérienne du Canada (Lutheran Church-Canada)
Paroisse, congrégation ou équivalent: Église évangélique luthérienne de l'Ascension (Montréal)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Lieu de culte (9271).

Historique général


Église de l'Ascension 033
© IPIR Soumis à copyright

L’église luthérienne de l’Ascension (Ascension Lutheran Church) fut construite en 1952 par la communauté luthérienne slovaque de Montréal. Celle-ci fut fondée en 1929 par un missionnaire luthérien appartenant à la Slovak Evangelical Lutheran Church. La congrégation montréalaise se joignit par la suite à l’Église luthérienne du Synode du Missouri. Comme il existait déjà des paroisses slovaques organisées aux États-Unis, le synode américain dépêcha un missionnaire slovaque à Montréal chargé de repérer puis de fonder une première église luthérienne slovaque. Suite à l’augmentation des membres de cette communauté, l’administration américaine accepta de soutenir la communauté pour la construction de l’église de l’Ascension afin de mieux servir les fidèles.


Le nom de l’église et de la communauté lors de la construction du lieu de culte était : The Evangelical Lutheran church of the Unaltered Augsburg Confession of the Ascension. David Somers, le pasteur luthérien responsable de la mission francophone de la paroisse, nous explique en ces termes la nomination de l’église:  Evangelical, car fondé sur l‘Évangile, Lutheran, car issue de la réforme, Unaltered Confession d’Augsburg, pour l’acceptation d’une interprétation stricte de la position luthérienne et finalement Ascension, car l’église fut inaugurée à une date, près de la fête de l’Ascension.

Description


Intérieur de l'église de l'Ascension 045
© IPIR Soumis à copyright

L’église l’Ascension est un bâtiment sobre et chaleureux en pierre, muni d’un clocher encore fonctionnel et d’un presbytère adjacent. On y retrouve quelques traces visibles de la culture slovaque telle que les lustres en cristal de Bohème, des plaques commémoratives en langue slovaque et au sous-sol deux personnages peints en costumes traditionnels féminin et masculin.


Le vestibule d’entrée est le lieu de réception où les fidèles sont accueillis par des bénévoles membres de l’église qui distribuent les documents nécessaires au culte. C’est aussi dans ce hall, que le pasteur salut un à un les fidèles après la messe. Cet espace est décoré de différents affichages, d’images et de slogans qui rappellent les symboles religieux luthériens. De la documentation au sujet du luthéranisme et des activités de l’église est disponible gratuitement pour tous. Sur le mur, on y trouve la rose de Luther affiché au centre de la pièce. De cet entre-deux, qui permet de se placer en retrait du lieu de culte, deux portes joliment fenestrées conduisent directement à la pièce principale de l’église.


Les bancs d’église en bois ne comportent pas d’agenouilloirs, et devant chaque siège on retrouve une série de livres religieux servant à suivre, mais surtout à participer par la parole, la prière, les chants et la communion, aux différentes étapes du culte. À l’avant de l’église, il y a l’autel dénudé de tout objet de culte puisque , selon la doctrine, l’idolâtrie est bannie par le luthéranisme. Certaines églises luthériennes ne comportent aucun élément d’embellissements, ceux-ci étant considérés comme des distractions à la prière. Ce qui n’est pas le cas dans l’église luthérienne de l’Ascension (Ascension Lutheran Church) qui se veut dans la tradition culturelle slovaque. Au-dessus de l’autel, une croix en bois immense, sans corps, vient affirmer par sa symbolique que l’église est christocentrique. Durant le carême, la période qui précède la mort du Christ (seulement à cette occasion), moment clé du credo chrétien, la croix est recouverte de deux bannières mauves. Le Vendredi saint, le jour de la mort de Jésus, la croix et les crucifix de métal seront recouverts d’un linge noir. Celui-ci sera retiré pour la Résurrection, à Pâques.  Pour ce temps précis du calendrier religieux nommé carême, le mauve est la couleur symbolique. Les nappes ornant l’autel, les vêtements des célébrants et les napperons des lutrins et de la chaire servant à la lecture et à la proclamation des évangiles sont mauves. La couleur des vêtements et accessoires change selon les temps liturgiques.


Les nappes portent deux symboles, la croix et les initiales du nom de Jésus en lettre grecque. Devant l’autel, il y a la balustrade, un lieu de recueillement et d’accomplissement du rite principal de la doctrine chrétienne, la communion au corps et au sang du Christ. Pour recevoir la communion, les fidèles doivent contourner les fonts baptismaux, une cuve d’eau utilisée lors des rituels du baptême, placé sciemment au centre de l’allée, afin de rappeler que le baptême est aussi une voix de communion avec Dieu. La chaire surélevée est située à gauche de l’autel devant la balustrade dans la section réservée aux fidèles.  Le pasteur y fait son sermon et prêche à l’assemblée, afin de communiquer la parole divine. Un tableau d’affichage sert d’indicateur pour les cantiques qui seront chantés durant la messe. Près de l'autel, dans un vase en céramique brûle de l’encens et au plafond, tel que le veut la tradition slovaque, de grands lustres de cristal de Bohéme procurent l’éclairage au lieu.


Les embellissements sont permis par la doctrine luthérienne, si elles contribuent à l’adoration et les traditions culturelles ne sont ni prescrites ni interdites. Les murs ne sont pas décorés, seuls des vitraux simples arborant des symboles religieux tels la croix et l’abréviation du nom de Jésus ajoutent une touche de couleurs.   À l’arrière,  un balcon accueille les membres de la chorale et l’organiste. Dans la doctrine luthérienne, le rôle de la chorale est d’appuyer les fidèles, tel que le veut le sacerdoce universel. Les choristes ne sont pas au centre du culte, c’est pourquoi ils sont relayés au balcon à l’arrière de l’assemblée.

Apprentissage et transmission


Croix autel église de l'Ascension 120
© IPIR Soumis à copyright

L’église est restée affiliée au Synode du Missouri par affinité linguistique et culturelle avec les Slovaques. À sa fondation, les offices se déroulaient en anglais et en slovaque. Dans un Québec bilingue français et anglais, la communauté slovaque allophone s’est assimilée à la communauté québécoise anglophone.  Selon le pasteur Somers, peu d'efforts étaient faits par la communauté luthérienne pour se faire connaître de la population francophone: « C’était acquis, le luthéranisme au Québec était anglophone.» Selon le témoignage du pasteur Somers, au moment de l’élection du Parti Québécois en 1976, il y eut un exode des anglophones. L’église luthérienne de l’Ascension (Ascension Lutheran Church) vit une diminution dramatique des membres de sa communauté. Le groupe de Slovaques qui était resté au Québec entrepris de recruter de nouveaux membres même si ceux-ci  ne parlait pas la langue slovaque. L'église est située dans le quartier Parc-Extension, quartier très prisé par les nouveaux immigrants qui s’y regroupent en communauté. Les membres de l’Église luthérienne slovaque offrent des cours d’anglais aux nouveaux arrivants.  Les luthériens slovaques ont accueilli de nouveaux adeptes d’origines diverses en offrant des services en anglais. 


Puis un jour, trois Québécois frappent à la porte de l’église et se déclarent luthériens. Les fidèles slovaques ayant l’habitude de fréquenter les anglophones ne parlent pas le français.  Ils font appel à David Somers, missionnaire à Gatineau, pour préparer les nouveaux fidèles francophones aux pratiques et à la foi luthérienne. La première communauté luthérienne francophoneet fut fondée à l’église l’Ascension dans les années 1990.


L’église luthérienne de l’Ascension (Ascension Luther Church) est une église fréquentée et construite par une communauté slovaque, affiliée au Synode de l’Église luthérienne du Missouri aux États-Unis, ayant adopté une doctrine conservatrice de la Confession non altérée d’Augsbourg. La paroisse et le Synode du Missouri ont ouvert les portes du lieu de culte aux communautés luthériennes naissantes issues des vagues d’immigration montréalaises qui se succèdent au cœur du quartier Parc-Extension. Depuis la fondation de la mission francophone, différentes communautés culturelles de langue française fréquentent le lieu de culte et s’intègrent aux activités luthériennes. La paroisse francophone, composée au départ de Québécois et d’Haïtiens, accueille aujourd'hui des Malgaches, des Québécois, des Camerounais et des membres d'autres communautés culturelles francophones.


La paroisse anglophone est composée de Slovaques et de Québécois de langue anglaise, elle accueille également des Pakistanais chrétiens et des Africains qui se sont installés engrand nombre ces dernières années dans le quartier.  Puis, récemment, une communauté chinoise s’est formée à partir des cours d’anglais qui sont offerts dans le sous-sol de l’église. L’objectif de ces cours est d’aider les immigrants allophones à s’intégrer. 


L'église l’Ascension accueille en 2012 trois groupes linguistiques: anglophones, francophones et sinophones. Le lieu de culte est une maison d’accueil, la doctrine est le point commun qui rallie les luthériens autour des enseignements de la parole des évangiles. Les pratiques cultuelles laissent place aux expressions de la diversité culturelle. 

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu: Église évangélique luthérienne de l'Ascension de Montréal, 65 Rue Jarry Ouest, Montréal, H3N 1G6
Téléphone: (514) 270-4938
Site Web: http://www.égliseluthérienne.org

Source

David Somers
Titre, rôle et fonction : Pasteur et missionnaire luthérien
Lien avec la pratique : David Somers est né et a grandi aux États-Unis. Il a complété ses études universitaires pour devenir pasteur luthérien. Il est rattaché au Synode du Missouri. Le révérend Somers est docteur en sciences religieuses de l'Université d'Ottawa . Il a été envoyé en mission au Québec par ce qu'il maîtrisait la langue française. Il fut par la suite mandaté pour oeuvrer à Montréal afin de répondre aux besoins et à la demande de francophones qui désiraient adhérer au luthéranisme. Il travaille auprès des francophones du Québec afin de développer l'Église luthérienne depuis 1984.

Enquêteur : Monique Provost
Date d'entrevue : 10 mars 2012

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