Récit de pratique culturelle

La cuisine chez les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph: les menus quotidiens et de fêtes (1956-1975)

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique alimentaire (9244).

Historique général


Soeur Boisjoly, 2009
© IPIR 2009, Soumis à copyright

Les pratiques alimentaires des religieuses changeaient selon les saisons, les temps liturgiques et les fêtes communautaires. La cuisinière responsable adaptait le menu aux circonstances.

Description


Table utilisée pour les corvées
© IPIR 2009, Soumis à copyright

Cuisiner pour la maison mère, de 1956 à 1959, signifie nourrir 210 soeurs, ce qui implique un travail colossal dans la cuisine, travail accompli par trois personnes : la cuisinière, une soeur en charge des desserts et un homme en charge du lavage. Par ailleurs, une soeur professe vient les aider pendant six mois. Pour servir des tartes à l'ensemble des soeurs, il faut en préparer 35 (on roule, à l'époque, la pâte en 45 minutes) et l'on débite la viande sur les lieux.
Dans la cuisine, les soeurs portent, par-dessus leur costume, un long tablier blanc à manches longues et le travail se fait dans le silence le plus complet. Le déjeuner du temps se compose de rôties, de café, d'oeufs et de confiture. Sur ce dernier élément, notre informatrice spécifie : « Il y en avait moins dans mon temps, (aujourd'hui, il y en a le quart de plus en qualité et en quantité). C'était une communauté austère, hein! ». Cependant, pendant les jours de fête, le menu se transforme quelque peu : bien que ce soit « pas mal pareil », il y a de la tarte, des pommes de terre en purée. À la Saint-Joseph, fête de la communauté, « on pouvait donner du steak, là », accompagné de salade aux pommes et de compote en gélatine. Il y a aussi du gâteau, de la crème glacée et du vin ; c'est vraiment « une occasion spéciale ».
Pour le temps des fêtes, le menu est « québécois, bien sûr », avec de la tourtière, du ragoût de boulettes et de la dinde. Le 2 février, jour du renouvellement des voeux et des professions, le menu est aussi plus élaboré. On prépare, à cette occasion, du sucre à la crème pour toutes les soeurs et les malades. Bien que le menu soit maigre durant le carême, les religieuses continuent de manger de la viande « à cause du travail des sœurs ». À Pâques, on a l'habitude de servir un jambon à l'ananas, un dessert particulier (meringue), ainsi que de la crème glacée. Par ailleurs, on a l'habitude de servir du jambon froid tous les dimanches soirs.
Mais que mange-t-on, quotidiennement, au réfectoire, lors des autres repas? De tout : de la langue de boeuf, des côtes de veau et de porc, du bouilli de boeuf et de légumes, etc. Cependant, les entrées sont rares. « On n'avait pas un bar à salades comme on en a maintenant ». On offre, toutefois, de la soupe aux soeurs, souvent une crème de tomates très appréciée, réalisée à partir des produits du jardin de la communauté. Une corvée est même levée pour mettre en conserve, mettre en confitures ou en compote ou, encore, congeler certains aliments du jardin. On fait notamment congeler des fraises, de la confiture de prunes et de la compote ainsi que de la gelée de pomme. Pour des raisons budgétaires, ces denrées n'étaient pas achetées à l'extérieur de la communauté. Le jardin fournissait des carottes, des choux, des navets, des oignons et des poireaux à la cuisine.
Lorsqu'elles sont en vacances à leur chalet d'été, les religieuses décident du menu : « C'était différent (...) Moi, ce que je faisais, c'est que je demandais aux soeurs ce qu'elles voulaient ». On lui demande de faire du poulet, du spaghetti, de rôtir du veau, des côtes de porc, etc.
Bien que ce ne soit plus les soeurs qui cuisinent aujourd'hui à la maison mère, certaines traditions culinaires se perpétuent: la fabrication du pain, la confection du sucre à la crème, des bonbons et des beignes.

Apprentissage et transmission

À trois ans, notre informatrice assiste déjà sa mère dans les tâches culinaires, en l'aidant à canner les tomates. À 14 ans, notre informatrice apprend à cuisiner « la base », épaulant sa mère (pain, bouilli à légumes, gâteau, etc.) en raison du volume de la famille. En 1956, elle suit des cours théoriques et pratiques donnés par des professeurs français sur la rue Saint-Denis où se trouve actuellement l’Institut d’hôtellerie, et ce, pendant un an à temps plein.
Les recettes réalisées proviennent notamment de livres de recettes comme Boston et La Cuisine raisonnée, de celles apprises dans les cours reçus, mais aussi de « la tête » même de notre informatrice qui a beaucoup appris de sa mère.
Notre informatrice a pu transmettre ses connaissances cuisinières au moment où une professe venait tous les six mois pour un stage dans les cuisines. Cette dernière l'accompagnait alors dans ses tâches quotidiennes.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Maison mère des Hospitalières de Saint-Joseph , 251, avenue des Pins Ouest, Montréal, H2W 1R6
Téléphone: 514 844-1022
Site Web: http://www.rhsj.org/

Source

Soeur Jeannette Boisjoly
Titre, rôle et fonction : Au sein de la communauté, notre informatrice a eu la charge de la couture, de la cuisine, mais principalement celle de l'économat pendant 28 ans.
Lien avec la pratique : Soeur Boisjoly a « répondu à la demande de l'autorité qui [lui] a demandé d'aller dans la cuisine » de la maison mère, de la maison provinciale et du chalet d'été de la communauté.

Enquêteur : Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 9 mars 2009

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Partenaires

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