Récit de pratique culturelle

Les pratiques vestimentaires des Augustines de Chicoutimi

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Augustines de la Miséricorde de Jésus

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique vestimentaire (9243).

Historique général


Marthe et Marie des Archives, gardiennes du costume
© IPIR 2009, soumis à copyright

Le 24 mai 1884, cinq Augustines de l'Hôpital général de Québec viennent prendre en charge l'Hôpital de la Marine de Chicoutimi, construit en 1882-1883 à la suite de pourparlers entre Mgr Dominique Racine et les gouvernements fédéral et provincial. Les cinq Augustines, Mère Saint-Gabriel, Mère Marie-des-Anges, Mère Saint-Elzéar, Mère Saint-Léandre et Mère Saint-André-Bobola, reçoivent ainsi le titre de fondatrices du monastère des Augustines de Chicoutimi. Les mères fondatrices apportent avec elles des pratiques vestimentaires strictement réglementées par leur communauté d'origine, celle des Augustines de la ville de Québec. Le costume avec lequel elles sont venues en 1884 reste, dans les grandes lignes, le même jusqu'en 1963, quand le concile de Vatican II impose des changements. Les origines de ce costume remontent au concile de Trente (1545-1563), en France, quand les Chanoinesses Régulières Hospitalières de la Miséricorde de Jésus de l'Ordre de Saint-Augustin de Dieppe ont renoncé à leur robe noire et ont adopté la robe blanche, le rochet blanc, et le manteau noir (le même jusqu'en 1963).

Toutefois, au fil des ans, certains changements ont eu lieu. Ainsi, une première modification fut celle de renoncer, en 1916, à la serge de laine - qui était rare - en faveur du crezeau, utilisé jusqu'en 1958, quand il fut remplacé par le térylène. En 1955, un nouveau costume de postulantes est adopté : robe noir, voile noir avec bordure blanche, crucifix de postulante. L'année 1958 apporte plusieurs changements : un costume unique pour les soeurs de choeur et les soeurs converses. On renonce à la grande robe et aux manches larges et on adopte une nouvelle tunique. Entre 1959 et 1963, plusieurs modifications annoncent les grands changements de 1963, quand il y a la suppression du rochet et de la chape noire, et l'adoption d'une nouvelle tunique. En 1964, il y a la suppression du velet et du pendant de la ceinture, le rétrécissement de la tunique, le choix libre des sous-vêtements, l'adoption du manteau noir avec manches pour les sorties, etc.

En 1967, toutes ces modifications convergent vers un nouveau costume, utilisé actuellement, costume soumis à l'approbation de Rome : robe de tissu blanc (tergal laine), ceinture noire, voile noir, bas blancs et souliers noirs, petite croix en argent brûlé pour les cérémonies; et uniforme de térylène avec ceinture blanche et voile blanc pour le travail à l'hôpital. En 1973, on propose un costume gris destiné aux sorties : une tunique grise, remplacée par un deux-pièces gris avec voile et souliers noirs.

Description


Atelier de couture
© IPIR 2009, soumis à copyright

Entre 1884 et 1958, il y a une première différenciation entre le costume des soeurs de choeur (qui effectuent le travail à l'hôpital) et celui des soeurs converses (qui assurent le fonctionnement quotidien de la communauté). La première différenciation visible concerne la ceinture : les soeurs de choeur la porte sous le rochet, tandis que les soeurs converses la porte sur le rochet. De plus, les manches des soeurs de choeur sont plus amples et la chape est plus longue. Les postulantes et les novices ont aussi des costumes différents, qui connaissent des changements au fil du temps, le costume des novices étant très peu différent de celui des professes, notamment leur voile.

À part ces différences, le costume est composé de nombreuses pièces. La grande robe en serge de laine crème présente un corsage et une jupe très larges, car « on la relève avec deux grosses agrafes pour la tenir à la taille en tout temps, sauf pour les exercices à la chapelle et les grandes occasions ». Il y a, en dessous, une cotte en serge de laine crème avec un haut en coton fixé à la grande robe, et un jupon droit en grosse flanelle du pays. En haut, on porte une grande chemise en coton avec deux paires de manches : de fausses manches, petites, en serge crème, longueur de coude au poignet, fixées avec des épingles aux longues manches, qui tombent jusqu'au bout des doigts, qu'on fixe à la chemise avec des épingles et qu’on relève lors du travail. En dessous de la chemise, il y a un corset et un soutien-gorge en gros coton. Par-dessus la chemise, on porte un rochet en gros coton blanc d'une « longueur d'à peu près 25 cm en bas de la taille avec des plis et de grandes manches larges et longues jusqu'au poignet, qu'on relève jusqu'au coude avec de petites et très petites épingles ». La ceinture est en cuir noir avec pendant de la taille jusqu'à 30 cm de terre. Autour du cou, il y a une guimpe en toile blanche; la tête est couverte d'un petit bonnet en coton jaune en forme de canot, d'un bandeau en toile blanche qui doit couvrir les sourcils, d'un velet en toile blanche fixé au sous-voile en serge noire avec de très petites épingles. Par-dessus le sous-voile, on porte un grand voile en étamine noire, dépassant le premier de 20 cm et fixé à celui-ci par deux épingles à tête noire. Les bas sont blancs et les souliers sont noirs. La chape noire, très longue, est portée à l'occasion des services religieux de novembre à Pâques. Les professes perpétuelles portent aussi la croix reliquaire distinctive, remplacée en 1967 par une petite croix simple en argent brûlé. À l'occasion des travaux quotidiens, on utilise parfois un tablier en toile bleue rayée.

Chaque matin, en s'habillant, on récite des prières : « Revêtez-moi, mon Dieu, des vertus religieuses, afin que je paraisse devant vous, telle que mon habit et ma profession le requièrent »; en revêtant la ceinture : « Unissez-moi à vous, ô mon Seigneur! d'une union intime, et m'attachez à votre bonté par les liens de la charité, dont le noeud ne se rompe ni ne se lâche jamais »; en mettant la guimpe : « Cette blancheur me représente la pureté de conscience que je dois avoir pour vous plaire, ô mon très aimable Seigneur! faites-moi la grâce de plutôt mourir que de la souiller d'aucun péché »; et, en mettant le voile : « Ah! que de bon coeur je veux renoncer à tous les vains contentements du monde, pour participer à vos peines et vous suivre en votre vie pauvre, humble et souffrante. »

Apprentissage et transmission


Pièces de l'habit religieux
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Deux types de transmission des pratiques vestimentaires des Augustines de Chicoutimi furent à l'oeuvre au fil du temps : une manière formelle, soit par l'intermédiaire des règlements écrits ou des constitutions de l'ordre, soit par l'usage des poupées modèles, conservées dans leurs archives en tant que documents; et une manière informelle, par le partage de ces pratiques dans la vie quotidienne de la communauté.

Localisation

Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Hors MRC
Lieu: Monastère des Augustines de Chicoutimi, 225, rue Saint-Vallier, Chicoutimi, G7H 5H6
Téléphone: 418 549-7750
Site Web: http://www.augustines.ca

Source

Soeur Marie-Reine Savard
Titre, rôle et fonction : Superviseure à la salle de couture et décoratrice
Lien avec la pratique : En tant que couturière et superviseure à la salle de couture, Sr Marie-Reine Savard connaît bien les règles à suivre pour la réalisation des costumes religieux des Augustines, de même que leur évolution dans la deuxième moitié du XXe siècle.

Enquêteurs : Alina Nogradi, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 5 mai 2009

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