Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Augustines de la Miséricorde de Jésus
Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245)
et sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).
Chambre de patients à l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier
© Archives A.M.J.C., soumis à copyright
Le 24 mai 1884, cinq Augustines de l'Hôpital-Général de Québec viennent prendre en charge l'Hôpital de la Marine de Chicoutimi, construit entre 1882 et 1883, à la suite de pourparlers entre Mgr Dominique Racine et les gouvernements fédéral et provincial. Mère Saint-Gabriel, Mère Marie-des-Anges, Mère Saint-Elzéar, Mère Saint-Léandre et Mère Saint-André-Bobola reçoivent ainsi le titre de fondatrices du monastère des Augustines de Chicoutimi. En 1895, la communauté devient propriétaire de l'Hôpital de Marine, qui garde le nom de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier.
Dans la première moitié du XXe siècle, les Augustines de Chicoutimi s'impliquent beaucoup dans le développement de la médecine hospitalière. On y inaugure plusieurs nouveaux services médicaux spécialisés, comme l'électrothérapie, la chirurgie, la radiologie, l'orthopédie, la pharmacie, le service ambulancier, et on y construit une nouvelle aile. En 1952, l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier reçoit sa reconnaissance comme hôpital universitaire et il coordonne, entre 1938 et 1969, de nombreuses écoles: infirmières, gardes-malades auxiliaires, technologues médicales et techniciennes en radiologie et infirmiers certifiés. En 1962, l'hôpital compte 940 lits. En 1963, un incendie détruit plusieurs de ses anciennes parties et, quelques années plus tard, la communauté des Augustines décide de vendre l'hôpital au gouvernement du Québec. Le 11 avril 1970, l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier devient l'Hôpital de Chicoutimi Inc. Dès lors, les Augustines font de plus en plus place au personnel laïc dans les soins médicaux accordés aux malades.
Soeur Jacqueline Trépanier à la pouponnière
© Archives A.M.J.C., soumis à copyright
Le métier d'infirmière constitue la fonction spécifique assumée par les Augustines et leurs communautés réparties au Québec et ailleurs. Les racines de cette vocation professionnelle remontent au XVIe siècle français, conformément aux règlements de la communauté d’origine des Chanoinesses Régulières Hospitalières de la Miséricorde de Jésus de l'Ordre de Saint-Augustin de Dieppe. Comme il s'agit de communautés de soeurs hospitalières cloîtrées, la vocation de soigner les malades vient compléter, sur le plan de « l'action », la vocation religieuse concrétisée dans la « contemplation » sacrée, fondamentale à toute communauté religieuse. Ainsi, afin de mettre en pratique la profession hospitalière, les Augustines ont eu besoin d’accords spéciaux pour passer outre la clôture du monastère (l’enceinte où les religieuses vivent cloîtrées). La loi de la clôture papale majeure exige l'accord du pape pour que les religieuses puissent aller suivre des études ou sortir du monastère; la clôture mineure exige l'accord de l'évêque pour que des soeurs puissent sortir du monastère afin d'exercer leur profession auprès de malades dans un hôpital.
Toutefois, des restrictions particulières s'imposaient, surtout avant le concile de Vatican II, dans l'exercice de ce métier. Les soeurs avaient généralement une compagne lorsque les malades à soigner étaient des hommes. Comme elles n'avaient pas le droit de travailler en obstétrique ni à la pouponnière, ces tâches étaient confiées à des infirmières laïques. À part les tâches liées à leur profession, les Augustines étaient tenues d’accomplir chaque jour leurs devoirs religieux en priorité, en participant aux laudes et vêpres, aux messes, aux prières, aux contemplations et à la vie communautaire à l'intérieur du monastère. Elles n'avaient pas le droit de rester dans l'espace de l'hôpital en dehors de leur travail. Les premiers savoir-faire dans le domaine de soins auprès des malades étaient appris à leur entrée au monastère, dès le postulat et le noviciat. Généralement, après le noviciat et à partir des années 1938, les soeurs suivaient des cours de trois ans à l'École des infirmières, située près de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi, elles devenaient infirmières et certaines d'entre elles suivaient des cours de perfectionnement à l’université dans divers domaines médicaux. À la fin de leurs cours et au début de leur expérience pratique en milieu hospitalier, les soeurs devenaient souvent responsables des divers secteurs d'activité dans les départements de l'hôpital. À partir de 1940, en dehors de leurs vacances annuelles, les Augustines étaient disponibles pour les malades sept jours par semaine, et ce jour et nuit, chacune d'elles étant capable d'assurer des soins complets aux malades, qu’il s’agisse de soins de base, de traitements sous ordonnance, d’injections ou de prises de sang.
Leurs savoir-faire et leurs connaissances dans le domaine médical ont ouvert de nouveaux chemins et elles ont suivi l'évolution générale qu’ont connue les pratiques médicales. Des changements sont survenus, surtout à l’arrivée de nouvelles technologies. Compte tenu de leur âge, à l'heure actuelle, les Augustines de Chicoutimi ne pratiquent plus comme infirmières, mais elles mettent leur grande expérience à la disposition des malades comme accompagnatrices sociales ou spirituelles auprès des grands malades, des patients en phase terminale ou des mourants, tout en s'inscrivant dans le courant moderne d'humanisation des soins médicaux.
Département d'ophtalmologie, 1916
© Archives A.M.J.C., soumis à copyright
Plusieurs siècles d'expérience et de savoir-faire communautaire dans le domaine des soins auprès des malades ont été transmis de manière pratique durant le postulat et le noviciat. Généralement, les soeurs ont suivi des cours spécifiques comme infirmière ou des cours de spécialité dans divers secteurs médicaux. Ainsi, les Augustines mettaient à jour et complétaient les connaissances apprises dans la communauté, tout en se perfectionnant.
Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Hors MRC
Lieu:
Monastère des Augustines de Chicoutimi, 225, rue Saint-Vallier, Chicoutimi, G7H 5H6
Téléphone: (418) 549-7750
Site Web: http://www.augustines.ca/fr
Soeurs Esther Gaudreault et Jacqueline Trépanier
Lien avec la pratique : Sœur Esther Gaudreault a travaillé comme infirmière dans différents départements de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi pendant 10 ans, et comme diététicienne pendant 23 ans. Sœur Jacqueline Trépanier a travaillé comme infirmière à la pouponnière de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi pendant 12 ans, au département de médecine générale du même hôpital pendant quatre ans et comme infirmière au département de cardiologie de l'hôpital de Jonquière pendant 22 ans.
Enquêteurs : Alina Nogradi, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 5 mai 2009, 6 mai 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: