Récit de pratique culturelle

Les Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge: diriger des écoles et collèges au Japon

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Nicolet
Communauté religieuse: Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Prosélytisme (9263).

Historique général


ères missionnaires, Srs St-Florian, Ste-Zénobie, Rose-de-l'Euch., St-Jean-Chrysostome Gisèle-M
© Archives S.A.S.V., soumis à copyright

C'est sous l’impulsion du pape Pie XI, qui souhaite développer l’œuvre missionnaire de l’Église, et par l’intermédiaire d’un père dominicain canadien présent à Rome, que la Congrégation des Sœurs de l’Assomption de la Sainte Vierge fonde une école au Japon. Il s’agit de la première mission en pays étranger de la communauté, même si très tôt des sœurs s’étaient installées aux États-Unis, à l'instar du mouvement d‘émigration des travailleurs québécois.
Cinq sœurs s’embarquent pour le Japon. Leur voyage dure un mois environ et il s’effectue par voie maritime sur un cargo. À cette époque, trois autres communautés canadiennes s’engagent au Japon.
Le choix d’Aomori, ville située dans la partie nord de l’île principale de Honshū, correspond tout particulièrement au charisme et à la mission d’éducation de la communauté des Sœurs de l’Assomption qui accordent une priorité aux démunis et aux endroits situés loin des grandes villes. Surtout peuplée de pêcheurs, Aomori est à l’époque une ville très pauvre éloignée de la capitale.
L’école est en état de fonctionner quand la Deuxième Guerre mondiale éclate. Appartenant à une nation belligérante, les religieuses canadiennes sont regroupées dans des camps d’internement, toutes congrégations confondues. La mission japonaise compte à cette époque huit sœurs canadiennes. Quatre d'entre elles rentrent au pays, tandis que les quatre autres décident de rester sur place pour maintenir la présence de leur communauté au Japon en attendant la fin de la guerre. Les six religieuses japonaises membres de Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge sont conviées à retourner dans leurs familles respectives ou à trouver refuge dans une communauté non concernée par les mesures d’internement, telles que les communautés allemandes. Finalement, deux sœurs japonaises choisissent de rester à Aomori pour assurer la continuité de la communauté, soutenues par des religieuses franciscaines allemandes pour les activités liées à l’enseignement. Comme cette ville portuaire relie Honshū à l’île de Hokkaidō, elle est quasiment détruite par les bombardements américains en 1945.

Description


Soeur Henriette Cantin
© IPIR 2009-soumis à copyright

En 1952, à l’âge de 36 ans, Sr Henriette Cantin monte à bord d’un avion militaire en direction du Japon (la guerre de Corée fait rage dans le Pacifique à cette époque). Après trente heures de vol, elle débarque à Aomori. La ville se relève peu à peu de ses ruines. Ses compagnes lui confient tout d’abord de menus travaux dans le couvent puis elle part à Tokyo étudier le japonais. Un an plus tard, elle est rappelée à Aomori pour y prendre les fonctions d’assistante directrice de l’école. Trois ans après son arrivée, elle est nommée directrice de l’école secondaire. Elle sera trente-sept ans directrice d’école au Japon.
Son activité consiste à organiser et à gérer différentes sections de l’école. Elle est aussi en charge des relations avec le ministère de l’Éducation du Japon, car l’école fonctionne selon le système public japonais. Elle assume donc la responsabilité de la personnalité juridique. Elle rend conforme la corporation aux règles institutionnelles tout en maintenant la spécificité de l’enseignement des Sœurs de l’Assomption de la Sainte Vierge.
L’enseignement de la musique faisant partie des spécialités de la congrégation, elle participe notamment à la fondation du collège de musique. Son action en tant que directrice vise en permanence à mettre les actes en conformité avec les discours, à savoir être une école catholique qui donne la meilleure éducation aux filles, y compris dans le domaine des arts. Et c’est dans un souci d’équité et de justice qu’elle attribue des salaires égaux tant aux enseignantes qu'aux enseignants. Afin d’assurer une indépendance financière aux religieuses par rapport à la maison mère de Nicolet, et dans le but d’assurer la pérennité de l’école si Nicolet ne peut plus en supporter la charge, elle décide avec les membres de la corporation que les sœurs enseignantes seront salariées et participeront à un système de pension pour leur retraite. Conformément aux prescriptions de Rome, la congrégation intègre très tôt des sœurs japonaises dans les instances de décision. Aujourd’hui, les institutions d’enseignement du Japon sont dirigées par des religieuses japonaises membres de la communauté des Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge et les écoles sont autonomes financièrement.
L’importance des cérémoniels dans la société japonaise est respectée par les Sœurs de l’Assomption. Par exemple, chaque matin la directrice vient saluer les élèves et le corps professoral réunis pour l'orientation du jour en japonais. Mais la vision éducative des Sœurs de l’Assomption modifie aussi les rapports traditionnels entre parents et professeurs. Pour Sr Cantin, l’éducation des filles dépend des deux parents et les pères doivent y participer. Elle a réussi à impliquer des hommes dans l’association de parents d’élèves dans une société où l’éducation relève essentiellement des femmes. Son idée directrice était qu’il ne fallait pas faire de différence trop marquée entre la famille et l’école, en maintenant une éducation qui implique les parents, les professeurs et la petite fille ou l'adolescente.
De sa pratique quotidienne au Japon elle retient à titre individuel les difficultés à s’exprimer en japonais, à partager des idées dans une langue aussi différente de la sienne. Elle dit : « C'est une grande pauvreté que de ne pouvoir s'exprimer avec assurance en japonais ». De cette difficulté découle une obligation de se dépasser en permanence.
Partie au Japon « pour y mourir », elle est revenue à la maison mère en 1994 à l’âge de 78 ans.

Localisation

Municipalité: Nicolet
Région administrative: 17 Centre-du-Québec
MRC: Nicolet-Yamaska
Lieu: Niicolet, 251, rue Saint-Jean-Baptiste, Nicolet, J3T 1X9
Téléphone: (819) 293-2011
Télécopieur: (819) 293-5458
Site Web: http://www.sasv.ca/

Source

Sr Henriette Cantin
Lien avec la pratique : Sr Henriette Cantin a été directrice et responsable de la corporation civile des écoles de la congrégation au Japon pendant 37 ans.

Enquêteurs : Isabelle Becuywe, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 1 décembre 2009

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