Récit de pratique culturelle

Les missions en Afrique des Soeurs Grises de Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Prosélytisme (9263).

Historique général


Soeurs grises en mission à Okedayo, 1966
© Archives Soeurs grises, soumis à copyright

Les œuvres que les Soeurs grises ont accomplies au pays comme à l'étranger font partie de la mission léguée par Marguerite d'Youville. Bien que les œuvres entreprises en pays étranger n'aient commencé qu'au XXe siècle, elles font elles aussi partie de l'enseignement de Marguerite d'Youville, fondatrice et mère à la charité universelle.


La mission en Tunisie a commencé lorsque, dans les années 1960, un médecin spécialisé en médecine infantile a décidé d’ouvrir un hôpital, afin de contrer le taux de mortalité extrêmement élevé chez les enfants. Pour répondre à sa demande d’aide, le ministère de la Santé a fait appel aux Pères blancs qui ont recruté des religieuses et des religieux, de même que des laïques. Les Sœurs Grises sont alors venues y préparer et y assurer une relève efficace.

Description


Soeurs grises en Tunésie, 1966
© Archives Soeurs grises, soumis à copyright

Bien que les tâches et les conditions liées à leur travail aient été différentes d'une mission à l'autre, les objectifs poursuivis consistaient à envoyer en mission des sœurs infirmières qualifiées, à mettre en place une organisation médicale efficace et adaptée aux besoins réels de l'endroit et à préparer une relève qui poursuivrait leur œuvre. 


La mission que les Sœurs Grises ont accomplie en Tunisie s'est exercée entre 1963 et 1977. Les Sœurs grises ont travaillé à l'hôpital pour enfants de Tunis, à l'école primaire Avicennes (Institut national de la santé publique) et à l'hôpital général de l'État. Une religieuse infirmière fut responsable d'un département de pédiatrie, avant de devenir institutrice clinique pour la formation d'infirmières, puis coordonnatrice clinique du programme pédiatrique à l'École nationale de Santé publique de Tunis. Une autre religieuse fut technicienne là où sont présentes les Sœurs Grises; elle s'occupait de diverses tâches, y compris la réorganisation de la buanderie et de la lingerie à l'hôpital pour enfants. 


Sœur Ouellet et soeur Laliberté travaillaient toutes deux en puériculture. Quand sœur Laliberté est arrivée en 1965, la construction de l’hôpital destiné aux enfants n’était pas encore terminée. Il leur a fallu impérativement améliorer les graves problèmes d’hygiène et apprendre à lutter contre la mentalité et les croyances locales lorsque celles-ci nuisaient à la santé et à la sécurité des patients. Sœur Laliberté a aussi participé à la création d’une bibliothèque d'ouvrages de référence traitant de pédiatrie et de puériculture. En 1967, l’hôpital comptait sur une équipe complète de cinquante-cinq Canadiens et comprenait tous les corps de métier nécessaires. Des infirmières et des médecins canadiens offraient des formations aux Tunisiens, leur objectif étant qu’à la fin des contrats des Canadiens en fonction et de la mission des Sœurs Grises, les Tunisiens puissent prendre la relève. Quelques années après la fin de leur mission, les Sœurs Grises ont été heureuses de constater que le travail se faisait toujours selon l’enseignement reçu. Sœur Laliberté affirme que les relations avec les Tunisiens arabes ont toujours été respectueuses des croyances de chacun et que de très bons contacts y ont été établis. 


Pour sa part, l'objectif de la mission entreprise au Cameroun en 1975 était de fonder un centre de santé primaire à la demande de Mgr Bernard Yago, puisque cette région, dans un rayon d'environ cinquante kilomètres, n'avait accès à aucun soin de santé. La demande avait été faite aux Sœurs Grises, par l'entremise des Oblats. À leur arrivée, les religieuses avaient dû elles-mêmes organiser la totalité du dispensaire, étant donné l'absence de médecins. Il leur avait alors fallu trouver du matériel et des médicaments et concevoir un plan de travail. Une journée type commençait à 5h du matin par des prières, une messe et un petit déjeuner pris rapidement. Puis vers 7h, le travail au dispensaire commençait (piqûres, pansements, etc.) Les consultations avaient lieu jusqu’à 15h environ. Les soins étaient souvent entrecoupés par l’arrivée de femmes qui étaient sur le point d'accoucher. Des journées consacrées à offrir des renseignements et des examens aux femmes enceintes étaient aussi organisées. Les patients n’avaient, en général, jamais reçu de soin ni même rencontré un médecin. Une centaine de lépreux ont, dès le départ, pu être soignés alors que, petit à petit, d’autres besoins surgissaient. Les religieuses ont alors commencé à faire de la prévention dans les villages environnants et elles ont formé des gens du pays qui se réunissaient une fois par mois afin de recevoir des formations sur diverses maladies infantiles et ainsi faire de la prévention. En reconnaissant les symptômes apparents, ces personnes pouvaient elles-mêmes soigner les enfants dans les cas moins graves et les envoyer en consultation dans les autres cas. Après quelques années, les religieuses ont aussi réussi à faire agrandir le dispensaire et à y faire ajouter trois chambres dotées de lits qui servaient de salles de soins, d’isolement ou d'accouchement. 


Les Sœurs Grises ont ainsi contribué à sauver la vie d’un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants. À leur départ, le dispensaire a survécu grâce à la collaboration d'une autre congrégation et de Camerounais qui avaient reçu une solide formation, entre autres en techniques de laboratoire.

Apprentissage et transmission


Bâtiment en Tunésie
© Archives Soeurs grises, soumis à copyright

Les sœurs qui partaient en mission avaient généralement reçu des formations préalables en lien avec ce qu’elles auraient à accomplir comme travail. Toutefois, c’est sur le terrain qu'elles appliquaient les connaissances acquises.
Le travail leur demandait une capacité d’analyse de chaque situation et beaucoup d’imagination afin de trouver des solutions aux problèmes à résoudre. L’apprentissage se faisait donc à partir des formations reçues et au contact des médecins et, parfois, sur le terrain même.
Partout où elles vont, les Sœurs Grises s'assurent de transmettre leur mission en offrant de la formation au personnel local qui perpétue leurs savoir et leurs valeurs.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu: Maison mère des Soeurs Grises de Montréal, 1190, rue Guy, Montréal, H3H 2L4
Téléphone: 514 937-9501
Site Web: http://www.sgm.qc.ca/sgm/francais/frameset.html

Source

Sœur Marguerite Laliberté et sœur Simone Ouellet
Lien avec la pratique : Toutes deux possèdent une formation en puériculture et elles ont pris soin d’enfants en bas âge à la Crèche d’Youville. Sœur Marguerite Laliberté a aussi reçu une formation en pédiatrie et elle a contribué à la création d’un hôpital pour enfants en Tunisie avant de partir pour le Cameroun pour collaborer à la construction d’un dispensaire en pleine brousse. Après avoir rempli sa mission en Tunisie, sœur Simone Ouellet a suivi une formation d’infirmière et un cours de médecine tropicale. Par la suite, elle a fondé un dispensaire de brousse au Cameroun, placé sous sa responsabilité à titre d’infirmière.

Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 9 juin 2009, 23 janvier 2010

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