Récit de pratique culturelle

L'enseignement des Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe dans les écoles de campagnes (1877 - 1950)

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Saint-Hyacinthe
Communauté religieuse: Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Classe de 1953
© Soumis à copyright

Les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe ont reçu pour mission première d’enseigner aux garçons et filles des écoles primaires dans les campagnes. Cela les a amenées à ouvrir des écoles dans les villages, un peu partout au Québec. Ces établissements logeaient les institutrices à même l’école, les commissions scolaires retenant le montant du loyer sur le salaire.

La fondation de la communauté remonte à 1877, alors que Monseigneur Louis-Zéphirin Moreau demandait à Élisabeth Bergeron de fonder une communauté enseignante pour les écoles rurales de son diocèse. À cette époque, une pénurie d’enseignantes laïques se faisait sentir dans la région de Saint-Hyacinthe et dans les Cantons de l’Est, ce qui justifiait la mission éducative de la communauté de sœurs. L’année de leur fondation coïncide avec l’ouverture de leur première école. Cette école servait en outre de résidence aux trois premières enseignantes. L’établissement, fondé le 12 septembre 1877 à la Providence, petit village près de Saint-Hyacinthe, a accueilli, dès sa première rentrée scolaire, plus de quatre-vingts élèves. Deux ans plus tard, une deuxième école était ouverte à Saint-Antoine-sur-Richelieu et, dès 1900, la communauté en compte déjà onze au Québec. Il semble que cette pénurie de professeurs se soit fait sentir un peu partout dans le pays, ce qui a poussé l’évêque de Saint-Hyacinthe à approuver le départ de sœurs enseignantes pour l’Ouest canadien, dès 1901, afin d’y enseigner autant aux Autochtones qu’aux Anglophones.

Au fil des ans, des écoles des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe ont oeuvrés un peu partout dans les compagnes québécoises ainsi qu’ailleurs dans le monde. Les sœurs répondaient au souhait du pape Pie XII, qui était d'évangéliser les pays du monde entier. Ces écoles rurales ont servi de levier à la scolarisation de plusieurs communautés du Québec et d’ailleurs, vivant souvent dans des régions difficiles d’accès.

Description


École de 1915
© Soumis à copyright

Les « Couvents », comme on appelait les écoles tenues par les Sœurs, étaient très répandus dans la première moitié du XXe siècle, dans les campagnes québécoises. La qualité de l’enseignement y était comparable à celle des grands centres. Les Sœurs enseignaient principalement les matières de base, telles que le français, la géographie, l’histoire, l’hygiène, la bienséance, la catéchèse, les mathématiques et l’anglais. Puisque souvent une même classe comprenait de multiples niveaux, les élèves devaient être très autonomes et solidaires. Les ainés étaient donc amenés à répondre aux interrogations de leurs cadets lorsque l’institutrice était déjà occupée. À la fin de la journée, les jeunes de 1re et 2e années étaient libérés, alors que ceux de 3e et 4e faisaient du travail personnel et que ceux de la 5e à la 9e apprenaient l’anglais. À la fin des cours, un moment était également alloué à toute la classe pour « pratiquer » les chants liturgiques des Vêpres et du Salut du Saint-Sacrement. Ces chants étaient chantés à l’église, le dimanche. Un inspecteur du Département de l’Instruction publique venait vérifier, deux fois par année, les connaissances des élèves, en les faisant lire, écrire et compter, oralement et par écrit. Un examen général était prévu une fois par année et il visait à assurer la même qualité d’enseignement dans toutes les commissions scolaires.

L’enseignement religieux avait une place importante dans le quotidien des jeunes. Ils devaient apprendre par cœur les 508 questions réponses du concours diocésain de catéchisme qui avait lieu au mois de mai. Ce concours contenait plusieurs questions à propos des fêtes religieuses, des parties de la messe, des vêtements sacerdotaux, etc., mais surtout à propos des grandes vérités de la religion catholique. Les cours de catéchisme donnés par les sœurs avaient pour but précis de préparer les enfants à passer cet examen, mais surtout de transmettre des connaissances religieuses. Finalement, les religieuses s’occupaient des loisirs des enfants, surtout pendant les récréations. Jouer était très important! « Garder » les récréations à l’extérieur, hiver comme été, faisait partie de la tâche de la responsable de la classe. Les congés fériés ponctuaient l’année scolaire et les élèves des Sœurs de Saint-Joseph avaient le privilège d’avoir un congé particulier le 19 mars, soit le jour de la fête du saint patron Joseph. Une messe spéciale avait lieu pour souligner l’événement, puis les élèves avaient congé le reste de la journée.

Apprentissage et transmission


Monnaie scolaire pour les élèves méritants
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Les Sœurs de Saint-Joseph pouvaient entamer leur carrière d’enseignante dès qu’elles avaient prononcé leurs vœux temporaires. Jusqu’en 1939, c’est-à-dire avant la création des Écoles Normales, les enseignantes devaient obtenir un brevet d’enseignement du Bureau Central des examinateurs catholiques. Plusieurs jeunes filles entraient au Noviciat avec ce seul diplôme. Par la suite, le plus grand nombre avait un diplôme d’École Normale. Toutes continuaient leurs études jusqu’à, au moins, l’obtention du Brevet « A »; plusieurs se spécialisaient ensuite à l’Université, dans l’une ou l’autre des matières d’enseignement. En 1955, avec la création du Ministère de l’Éducation, les élèves des campagnes étaient regroupés dans des « Écoles centrales », grâce à un large réseau de transport d’autobus scolaires. Ces Écoles réunissaient suffisamment d’élèves pour créer des classes à niveau unique, ce qui favorisait l’apprentissage.

Au Canada, les Sœurs de Saint-Joseph qui enseignaient, sont dorénavant toutes à la retraite. La dernière sœur enseignante au Québec ayant pris sa retraite en juin 2009. Elles demeurent toutefois très actives dans leur milieu. Plusieurs sont agentes de pastorales, alors que d'autres s’occupent de visiter les malades à l’hôpital et dans les CHSLD, ou encore d’apporter leur appui à l’aide aux devoirs, et ce, tant dans les maisons de jeunes qu’à la maison mère.

Localisation

Municipalité: Saint-Hyacinthe
Région administrative: 16 Montérégie
MRC: Les Maskoutains
Lieu: Maison mère des soeurs de Saint-Joseph, 805, Ave. Raymond, Saint-Hyacinthe, J2S 5T9
Téléphone: 450-773-6067
Télécopieur: 450-773-8044
Site Web: http://www.sjsh.org
Ressources:

Une des vidéos de la fiche d'inventaire porte sur le Jeu de la messe. L'Église catholique voulait susciter les vocations. Ainsi sont apparus les "jeux de célébration" comprenant autels, vases et panoplies de prêtre. Plusieurs communuatés religieuses possèdent de tel jeu qu'elles utilisaient pour l'enseignement religieux.


Source

Normand Bergeron et soeur Jeannine Doyon
Lien avec la pratique : Sœur Jeannine Doyon a œuvré pendant 47 ans dans le domaine de l’éducation, comme enseignante, directrice d’école et conseillère pédagogique. Monsieur Bergeron a étudié chez les Sœurs de Saint-Joseph lorsqu’il était au primaire.

Enquêteurs : Catherine Fredette, Roseline Bouchard, Maude Redmond, Soeur Jeannine Doyon
Date d'entrevue : 1 avril 2010, 26 avril 2010

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