Récit de pratique liée à un savoir-faire

Le rôle du maître de chapelle à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: Notre-Dame-de-Québec (Québec)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Laïc (9250), Service au culte (9253)
et sous Pratique religieuse (9300), Pratique de communication religieuse (9350), Musique sacrée (9353).

Historique général


Les vêpres de l'Assomption lors des Fêtes de la Nouvelle-France
© IPIR 2011, soumis à copyright

La musique occupe une place importante dans le rituel religieux. Déjà au temps de saint Paul les chants sont considérés comme un moyen de communiquer avec Dieu : « Avec des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantez de tout votre cœur votre reconnaissance à Dieu. » écrit-il. Le chant ecclésial se développe pendant trois cents ans, sans l’apport de musiciens professionnels. Avec le concile de Laodicée (vers 364), des chantres canoniques prennent part au culte (Musique religieuse chrétienne, Encyclopédie Universalis). Selon Jacques Porte, il ne fait pas de doute que les chants transmis oralement s’inspirent en partie de la Synagogue : « L'emprunt à Isaïe du Sanctus, au culte hébraïque des acclamations Amen !, Alleluia ! et de la mélodie des psaumes et des cantiques » (Musique religieuse chrétienne, Encyclopédie Universalis). Plusieurs chants du rite romain proviennent également de textes et de mélodies d’origine grecque. Avec le souverain français Charlemagne (742-814), le chant grégorien devient la norme, un élément unificateur. Par la suite, les théoriciens et les compositeurs participent au culte en s’occupant de la musique d'église. Dès lors, les chansons savantes ou populaires sont influencées par la finesse ou la modalité du grégorien (Musique religieuse chrétienne, Encyclopédie Universalis).

Les chapelles étaient au cœur du développement de la musique du Moyen Âge au début du XIXe siècle. La fonction de maître de chapelle marquait la réussite professionnelle d’un musicien. Le sens de ce mot a changé au fil des époques, parallèlement à l'évolution de la profession musicale. Au temps des royautés européennes, le maître de chapelle était au service d’un monarque ou d’un prince ou encore d’un lieu de culte. Au fil des siècles, le prestige de la noblesse, et conséquemment du métier de maître de chapelle, a diminué.

La religion est à l’origine de grandes œuvres musicales. Les maîtres de chapelle tels que Claudio Monteverdi, Johann Sebastian Bach, et une multitude d’autres musiciens comme Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Lucio Vivaldi ont composé des œuvres inspirées par la liturgie, la foi, l’intériorité et la prière.

Description


Jean-Claude Picard, maître de chapelle
© IPIR 2011, soumis à copyright

Le maître de chapelle se consacre à l'enseignement de la musique et à la composition musicale pour une chapelle. Il a la responsabilité de choisir, préparer et de diriger le répertoire de chants pendant les offices religieux d’un lieu de culte donné. Le choix de la musique tient compte de différents critères. D’une part, il faut proposer des chants correspondant au registres des chanteurs qui composent la formation vocale. Le chant religieux a comme premier objectif de faire prier les gens. La musique religieuse élève l’âme. « Le principal signe de l’appréciation d’un chant pendant la cérémonie, c’est lorsqu’on chante quelque chose et que cela impose le silence total. Là on sait que l’on a réussi et élevé le seuil de recueillement des gens. » soutient Jean-Claude Picard. Les chants ont aussi pour objectif de susciter la participation de la foule.

À la Basilique-cathédrale Notre-Dame, une partie des chants sont en grégorien. Le chœur, constitué uniquement d’hommes, entonne des motets et des chants en polyphonie, c’est-à-dire une combinaison de voix indépendantes créant une harmonie.

La formation vocale de cette église de la paroisse Notre-Dame de Québec chante également en français, notamment les psaumes et l’Alléluia, ainsi que les chants du Prions en église. Il y a une alternance de grégorien et de français pour d’autres moments de la célébration, soit le kyrié, le sanctus et l’agnus Dei. Le Kyrie, le Gloria, le Credo, le Sanctus et Agnus Dei, et le chant processionnel sont les cinq parties du rite romain de la messe, la forme musicale la plus ancienne de la liturgie chrétienne.

Lors de grandes fêtes, le maître de chapelle choisit des chants plus complexes comportant des solos, mettant en valeur les voix des chanteurs professionnels de ce chœur. Une partie du travail de maître de chapelle consiste à maintenir l’équilibre entre ces messes majestueuses et celles où le public a la possibilité de chanter. « Alors c’est de faire un choix où l'on choisit l’équilibre entre ce que j’appelle la musique de beauté qui fait que les gens intériorisent et une musique de participation. Parce que ce sont deux choses différentes, on peut avoir une musique qui vous impose le silence. Mais quand on fait les psaumes et que les gens participent, c’est autre chose. Aucun des deux n’est supérieur à l’autre. » affirme Jean-Claude Picard en expliquant son métier.  Pour inciter la participation, il sélectionne des pièces, dont il est aisé de se remémorer les paroles après l’avoir entendu une ou deux fois. L’objectif n’est pas de donner un récital. Le choix de la musique est toujours fait en fonction de sa qualité intrinsèque. Est-ce que c’est une mélodie ou un chant qui incite à la prière, au recueillement et est-ce un chant que les gens vont pouvoir apprendre rapidement, sont les questions orientant les choix du maître de chapelle.

Il y a différents styles de direction. Jean-Claude Picard dirige en appuyant ses décisions sur la théorie du chant grégorien. Selon Jean-Claude Picard, la curiosité intellectuelle est un atout pour exercer ce métier. La recherche permet d’élargir le répertoire ou encore de préparer des offices telles que les vêpres de l’Assomption lors des Fêtes de la Nouvelle-France.

Apprentissage et transmission


Un choeur à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec dirigé par Jean-Claude Picard
©

Par son chœur et son maître de chapelle, un lieu de culte comme la Basilique-cathédrale Notre-Dame contribue à la vitalité et la transmission de la musique religieuse au sein de la communauté de fidèles. Toutefois, les maîtres de chapelle sont de plus en plus rares. On retrouve plutôt des personnes à la direction de chorales paroissiales participant aux messes dominicales. Ces animateurs ne choisissent pas le répertoire chanté, cette tâche étant plutôt confiée au curé ou à l’organiste. Il ne s’agit donc pas de maître de chapelle. La profession a perdu de son prestige. De nos jours, il y a peu de maître de chapelle disposant de moyens financiers suffisants pour composer des œuvres remarquables comme le faisait Johann Sebastian Bach. De nos jours, le budget des paroisses ne permet pas d’engager un ensemble vocal, des solistes et des instrumentistes chaque semaine. « C’est pour ça que le métier, la profession, l’appellation maître de chapelle, telle qu’on l’entendait à l’époque de Bach n’existe plus aujourd’hui sauf dans de rares cas » affirme Jean-Claude Picard. Néanmoins, la fonction de maître de chapelle est un travail rémunéré. Le salaire, bien que modeste, contribue au maintien de la pratique en facilitant le recrutement de candidats qualifiés pour exercer cette tâche.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, 16, rue De Buade, Québec, G1R 4A1
Téléphone: 418-692-2533
Site Web: http://www.nddq.org/index.php?langue=FR&eglise=0

Source

Jean-Claude Picard
Titre, rôle et fonction : Maître de chapelle
Lien avec la pratique : Jean-Claude Picard est maître de chapelle à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec (2011).

Enquêteur : Francesca Désilets et Maxime Paquet
Date d'entrevue : 16 juin 2011

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