Récit de lieu

Le couvent de Limoilou des Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


La petite école de Limoilou, 1899
© Archives de s.s.c.m., soumis à copyright

Le couvent de Limoilou est le premier édifice de Québec dans lequel les Sœurs Servantes du Saint-Cœur de Marie s'installent. Il représente aussi un point de référence pour plusieurs générations d'élèves de la basse-ville de Québec et des environs qui ont fréquenté l'école durant plusieurs décennies du XXe siècle.
Les Soeurs Servantes du Saint-Cœur de Marie sont arrivées à Limoilou en 1899, dans la petite école située sur la troisième rue. Il s’agissait des « sœurs françaises » qui venaient de Saint-Éphrem-de-Beauce. Jusqu'à leur arrivée, l’école était occupée par les Sœurs de la congrégation de Notre-Dame. Au début, le personnel religieux et laïque était réduit. Il comptait une religieuse et deux institutrices.
En 1903, elles construisent un nouveau bâtiment sur la 8e avenue. En 1905, on ajoute au premier bâtiment une deuxième partie. L’augmentation du personnel religieux conduit à la construction d’une troisième partie de la façade, en 1911 et, plus tard, d’une annexe située derrière le bâtiment principal. En 1952, on ajoute l'annexe appelée Maison Sacré-Coeur et, en 1986, on construit un bâtiment moderne appelé le collège Marie Moisan.
Le nom de l’institution change au fil des années. Au début, le couvent était appelé l'Académie Saint-Joseph. Ensuite, il devint l’Externat Saint-Joseph, puis le Pensionnat Sainte-Marie, l'École secondaire de Limoilou et finalement le Collège Marie Moisan. L'externat ferme ses portes en 1972, faute de professeurs. L'École normale fondée en 1956 ferme en 1969 et le collège en 1998.
Le couvent de Limoilou ferme en 31 juillet 2007. L’enseignement continue à être dispensé ailleurs, dans les maisons de la Congrégation: à Beauport à l'Externat du Saint-Cœur de Marie et dans la région de l'Estrie au Collège François Delaplace. Les deux sont gérés par des Corporations laïquesforment une corporation laïque.

Description


La premiere classe de l'école de Limoilou des Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie, 1887
© Archives de s.s.c.m., soumis à copyright

Au début, c'était une école paroissiale. Les élèves suivaient le programme de la commission scolaire. Ensuite, on a dispensé des cours de préparation à l'enseignement pour les maîtres. Les futurs enseignants devaient obtenir un certificat de bonne conduite et un diplôme académique octroyés par le Bureau central des examinateurs. En 1924, l'école est affiliée à l'Université Laval. Les élèves qui avaient réussi les examens universitaires du cours supplémentaire obtenaient leur permis d'enseigner. Plus tard, on offrira un cours commercial avec deux sections, le secrétariat et la dactylo, et une école anglaise tenue par une sœur anglophone. En 1940, l'enseignement ménager est ajouté au programme et on ouvre un jardin d'enfance. Très important à l’époque, le cours d'enseignement ménager préparait les jeunes filles à être de bonnes épouses et de bonnes mères. L’Institut familial avait la même mission: on y enseignait les arts domestiques (la couture, la cuisine, etc.) et la puériculture. Le stage, qui se déroulait dans une section de l’école appelée «Le foyer», encourageait les filles à développer des talents de maîtresse de maison capable de recevoir des invités, d’organiser des soirées et des réceptions. Ce type d’enseignement était à l’image de la ségrégation sociale de l'époque (public/privé, homme/femme). Cependant, les cours offraient aussi aux jeunes femmes des outils pour qu'elles s'assurent un gagne-pain et qu'elles deviennent plus autonomes économiquement.
Dans les années les plus actives, il y avait entre 900 et 1000 élèves au Couvent de Limoilou et chaque classe comptait jusqu’à 32 enfants. Suite au Rapport Parent et à la diminution du personnel religieux, des écoles des religieuses ont fermé, des locaux ont été loués. Par exemple, le bâtiment du Collège Marie Moisan appartient encore à la communauté, mais elle y loue ses locaux. Certaines sœurs donnent toujours des cours privés, entre autres en musique.

Apprentissage et transmission


Académie St-Joseph, 1903
© Archives de s.s.c.m., soumis à copyright

Une journée de classe commençait avec la messe et continuait avec l'entretien de la maison. Ensuite, les élèves se rendaient en classe. À partir de midi, il y avait le dîner et l'étude. Un seul professeur enseignait plusieurs matières. Les activités parascolaires occupaient une place importante dans l'enseignement: les religieuses et les élèves montaient des pièces de théâtre qui étaient présentées lors de la fête des parents. Il y avait aussi la chorale Les Chanterelles. Ainsi, le couvent de Limoilou était avant tout un établissement d'enseignement. Au fil du temps, son rôle s'est élargi, il devenant le centre de la vie communautaire du quartier.
La vie paroissiale y était très active: La Goutte de lait, fondée en 1915, avait comme mission d’aider les jeunes mères à élever leurs enfants. Le local se trouvait à Limoilou. À la paroisse, il y avait aussi un dispensaire desservant les religieuses, le personnel de l’école et les paroissiens du quartier.
Le développement du mouvement coopératif, composé du mouvement d'épargne et de consommation, permettait l’apprentissage de la gestion des revenus. À cela s'ajoutait la caisse scolaire présente dans chacune des classes. Les élèves y déposaient de l'argent et ils avaient leur propre carnet d'épargne. Les Sœurs Servantes du Saint-Cœur de Marie ont mis aussi sur pied l'oeuvre du Timbre missionnaire étudiant. Cette oeuvre de solidarité internationale, dédiée à la jeunesse du monde, était une activité parascolaire qui permettait aux élèves de voyager ou de rencontrer des enfants de tous les pays.
Malgré la diversité des activités, la religion faisait toujours partie du quotidien. Les activités religieuses comme la prière du matin, le chapelet du midi, la prière du soir et la messe dominicale étaient intégrés à la vie scolaire. La messe dominicale était obligatoire et commençait à 8h le matin. Selon sœur Madeleine Lamothe, toutes les activités, qu'elles soient scolaires ou parascolaires, étaient accompagnées d’un éclairage religieux. Avant Vatican II, la religion faisait partie intégrante de la vie quotidienne du quartier.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Site Web: http://www.soeurs-sscm.org

Source

Soeur Madeleine Lamothe
Titre, rôle et fonction : Détentrice d'un baccalauréat en histoire et en géographie à l'Université Laval, sœur Madeleine Lamothe a enseigné les deux disciplines à l’école Saint-Maurice, au couvent de Limoilou, à l’École normale, à l'École Marie de l’Incarnation.

Enquêteurs : Daniela Moisa, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 16 novembre 2009

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