Présentation de la communauté

Le luthéranisme au Québec

Tradition: Christianisme
Appartenance: Protestantisme
Groupe: Luthérien
Paroisse, congrégation ou équivalent: Église évangélique luthérienne de l'Ascension (Montréal)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Récit fondateur (9241).

Description


Pasteur David Somers
© IPIR, Soumis à copyright

L’histoire du luthéranisme au Québec, racontée par David Somers, débute avec la première prise de Québec par l’armée britannique au XVIIe siècle. Ce sont les frères Kirke, qui, en 1629, prirent Québec au nom des intérêts anglais. Le protestantisme étant incompatible avec la doctrine catholique romaine, le clergé français est expulsé, laissant les colons sans officiants. Deux aumôniers luthériens font partie du nombre des soldats mercenaires. Somers explique que, comme le protestantisme et le catholicisme reposent sur un credo commun, le christianisme, on peut supposer que les colons français se sont accommodés pour un temps des célébrations, des cultes et des sacrements luthériens. Le pasteur Somers dont la thèse de doctorat porte sur le luthéranisme au Québec, raconte que la petite fille de Louis-Hébert a été baptisée par un pasteur luthérien. L’enfant sera rebaptisée par un prêtre catholique par la suite. 


L’histoire du luthéranisme en Nouvelle-France, se poursuit avec la présence d’un grand nombre de mercenaires allemands engagés par l’armée britannique, lors de la conquête de Québec en 1759. Plusieurs de ces soldats étaient de confession luthérienne.  Des aumôniers les accompagnaient et chaque jour les prières quotidiennes luthériennes étaient récitées et les cultes luthériens célébrés (messe, mariage, baptêmes, enterrement). Pourtant, selon David Somers, malgré cette présence importante, la doctrine luthérienne ne s'est pas propagée dans les communautés anglophone et francophone. En effet, les pratiques religieuses se déroulaient en milieu militaire. Quand le régime militaire prit fin en 1763, plusieurs soldats mercenaires sont restés au Québec. Aussi, les archives consultées par le pasteur révèlent qu’il était fréquent chez les militaires luthériens demeurés en Nouvelle-France, d’abjurer leur religion, pour épouser des femmes francophones qui étaient de confession catholique. 


Selon le pasteur Somers, à partir de la fin du XIXe siècle, les luthériens du Québec sont majoritairement des immigrants qui proviennent des pays de l’Europe du Nord. Ses recherches lui ont permis de retrouver la trace de Norvégiens qui vécurent pour un temps en Gaspésie et dans les Cantons de l’Est, avant de s’installer à Montréal. Entre 1872 et 1875, quatre paroisses luthériennes furent fondées en Outaouais. En plus de la construction de lieux de culte, elles établissent leurs propres écoles. Les luthériens d’origine allemande fondent la première paroisse à Montréal en 1853, St. John's Lutheran Church. Les services étaient célébrés en allemand et en anglais. 


À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des immigrants en provenance de l’Europe de l’Est, du Nord et de l’Europe centrale se joignent aux différentes communautés luthériennes. À Montréal en 1920, nous dit le pasteur Somers, il y  avait des paroisses allemande, danoise, hongroise et norvégienne. Successivement, des églises slovaque, hongroise, lettone et estonienne sont érigées. Les paroisses se forment autour des communautés culturelles des nouveaux arrivants. Les communautés luthériennes d’Amérique du Nord s’organisent en paroisses mais restent affiliées administrativement à leurs pays d’origine. À Montréal, la paroisse allemande est une exception puisqu’elle a fondé une administration indépendante. 


Le luthéranisme francophone québécois a pris naissance à l’Église évangélique luthérienne slovaque de l’Ascension, dans une paroisse slovaque bilingue, utilisant l’anglais et le slovaque. Selon David Somers, le climat politique et social des années 1970 a favorisé ce dénouement. En effet, le fossé creusé par la cohabitation de deux cultures linguistiques (phénomène des deux solitudes) avait contribué à l’enfermement des luthériens anglophones sur eux-mêmes. Peu d'efforts étaient faits pour faire connaître le luthéranisme aux francophones.  C’est le changement de contexte social qui a favorisé l’ouverture des uns et des autres. Selon David Somers, la transmission du luthéranisme aux Québécois francophones a eu lieu dans ce contexte sociopolitique, qui fut autant marqué par l’exode des immigrants slovaques anglophones vers d’autres provinces canadiennes, que par la laïcisation de l’État québécois. Cet exode, combiné au vieillissement de la population slovaque montréalais, a causé un vide dans l’église de l’Ascension. Chez les francophones, la laïcisation de l’État et des institutions a suscité un désengagement de la population envers la religion. Pour David Somers: « Ouverture à l’autre ou vide spirituel, au sein de la population francophone culturellement chrétienne, certains croyants après avoir lu les écrits de Martin Luther se sont reconnus comme luthériens. Ainsi, un petit groupe de Québécois francophones ont frappé un bon jour à la porte de l’Église luthérienne de l’Ascension, pour chercher les enseignements de Luther.» Un problème linguistique majeur se posait aux Slovaques qui ne parlaient pas français. David Somers, missionnaire envoyé de l’Église évangélique luthérienne du Synode du Missouri fut dépêché à Montréal pour œuvrer à l’église luthérienne de l’Ascension auprès des francophones et contribuer par ses enseignements et son support logistique au développement du luthéranisme francophone au Québec. 


Les paroisses luthériennes se forment autour des cultures d'origine des immigrants à cause des liens que les nouveaux arrivants conservent avec l’Europe. Dans cet ordre d’idée, douze groupes culturels ont fondé douze juridictions différentes. À cet effet, David Somers rappelle que dans l’Église luthérienne ce n’est pas l’organisation et la hiérarchie qui déterminent si l'on est luthérien ou non, c’est l’enseignement. D’ailleurs, il existe à travers le monde une diversité de structures ecclésiastiques luthériennes. En Suède, par exemple, ils ont conservé le système des évêques que l’on retrouve dans la religion catholique romaine. Ainsi, un regroupement de personnes peut s’identifier en tant que luthérien s’ils adoptent la doctrine. Pour le révérend Somers, l’enseignement dispensé prime sur l’institution et pour cette raison un regroupement peut créer une paroisse, sans pour autant être rattaché à une administration cléricale. 


Située dans le quartier Parc-Extension, l’église luthérienne de l’Ascension doit s'adapter aux vagues d’immigration qui transforment le Québec. Depuis que David Somers a commencé sa mission à Montréal en 1984, au premier groupe francophone québécois se sont ajoutés des Haïtiens et dernièrement un nouveau regroupement malgache (francophone) s’est organisé sur la Rive-Sud de Montréal. En plus de ces groupes, des missions ont été fondées à Sherbrooke et à Québec. Le Canada compte aujourd’hui sa propre organisation luthérienne qui se divise en deux divisions théologiques. Aujourd’hui, on compte quinze paroisses, dont douze appartiennent à une des deux divisions de l’administration canadienne: l’Église évangélique luthérienne du Canada ou l’Église luthérienne du Canada. Les autres paroisses sont affiliées au Synode du Missouri de l’Église évangélique luthérienne de la Confession inaltérée d’Augsbourg, dont l’église de l’Ascension fait partie.


 

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu: Église évangélique luthérienne de l'Ascension de Montréal, 65 Rue Jarry Ouest, Montréal, H3N 1G6
Téléphone: (514) 270-4938
Site Web: http://www.égliseluthérienne.org

Source

David Somers
Titre, rôle et fonction : Pasteur et missionnaire luthérien
Lien avec la pratique : David Somers est né et a grandi aux États-Unis. Il a complété ses études universitaires pour devenir pasteur luthérien. Il est rattaché au Synode du Missouri. Le révérend Somers est docteur en sciences religieuses de l'Université d'Ottawa . Il a été envoyé en mission au Québec par ce qu'il maîtrisait la langue française. Il fut par la suite mandaté pour oeuvrer à Montréal afin de répondre aux besoins et à la demande de francophones qui désiraient adhérer au luthéranisme. Il travaille auprès des francophones du Québec afin de développer l'Église luthérienne depuis 1984.

Enquêteur : Monique Provost
Date d'entrevue : 10 mars 2012

Fiches associées

  • L'église évangélique luthérienne slovaque de la Confession d'Augsbourg inaltérée de l'Ascension

    L’église l’Ascension est un bâtiment sobre et chaleureux en pierre, muni d’un clocher encore fonctionnel et d’un presbytère adjacent. On y retrouve quelques traces visibles de la culture slovaque telle que les lustres en cristal de Bohème, des plaques commémoratives en [...]
  • La foi luthérienne

    Le luthéranisme est une des branches du protestantisme, lequel avec le catholicisme et l’orthodoxie sont les trois courants religieux du christiannisme. Le luthéranisme porte le nom de celui-là même qui fut à l’origine d’un mouvement de réforme de l’Église catholique romaine au [...]

Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: