Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Protestantisme
Groupe: Luthérien
Diocèse, association ou regroupement: Église luthérienne du Canada (Lutheran Church-Canada)
Paroisse, congrégation ou équivalent: Église évangélique luthérienne de l'Ascension (Montréal)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242).
Pasteur David Godkin
© IPIR Soumis à copyright
L'église de l'Ascension est un lieu de culte particulier puisqu'elle reçoit différents groupes qui pratiquent le luthéranisme adapté à leur culture. Ce lieu offre des enseignements religieux dans un contexte favorable à la spiritualité des groupes selon la doctrine luthérienne. L’église fut construite par une communauté slovaque qui s’est installée dans le quartier en 1929. Les fidèles de cette communauté étaient bilingues, ils parlaient le slovaque et l’anglais. Au cours des ans, la composante culturelle des membres de la communauté fondatrice s’est diversifiée. D’une part, les Slovaques montréalais étaient moins nombreux et d’autre part, le quartier de l’église Ascension Lutheran Church s’est peu à peu peuplé d’immigrants provenant de divers continents. Pour conserver les activités au sein de l’église, la communauté fondatrice a dû s’adapter. Afin de créer un lien avec les nouveaux arrivants, la communauté slovaque offrit le culte en anglais, et donna des cours d’anglais au sous-sol de l’église. C’est ainsi que la paroisse s’est reformée autour d’une langue commune. À partir de ces initiatives, un groupe de Pakistanais s’est joint à la paroisse anglophone, puis un groupe de Chinois. Ces derniers ont fondé leur propre regroupement, une congrégation administrativement rattachée à la paroisse anglophone.
La paroisse francophone a été fondée pour répondre à la demande d’un petit groupe de Québécois francophones qui désirait pratiquer le luthéranisme au début des années 1980. À cette époque, il n’y avait pas de culte en français. Avec l’arrivée du pasteur David Somers, les services en français ont été offerts aux habitants du quartier. Le nombre de membres de la communauté francophone a augmenté avec l’arrivée d’un grand nombre d’Haïtiens au sein du groupe. Le quartier Parc-Extension est devenu avec les années un lieu de résidence primé par les nouveaux arrivants. Habiter ce quartier est une étape dans leurs processus d’intégration. Pour cette raison, ils y restent quelques années tout au plus. C’est pourquoi la composante culturelle des paroisses anglophone et francophone est en constante transformation. C’est aussi pourquoi on ne nomme pas les paroisses en fonction de leurs appartenances culturelles, mais bien en fonction de leurs appartenances linguistiques communes.
Hu Chunlin, chef laïque de la congrégation chinoise
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L’église luthérienne de l’Ascension est fréquentée par des chrétiens qui pratiquent leur foi selon les enseignements de Martin Luther. Le lieu de culte situé dans le quartier le plus multiethnique de Montréal est fréquenté par des fidèles d’origines culturelles très diverses. Pour maintenir l’accessibilité aux cultes luthériens, les paroisses se sont regroupées par affinités linguistiques, français, anglais et chinois. Un des principaux enseignements de Martin Luther est l’accessibilité directe à la parole de Dieu c'est-à-dire aux écrits bibliques. Le moyen le plus simple pour atteindre cet objectif est que chacun puisse lire la Bible et faire des études bibliques avec ses amis, sa famille et la communauté dans sa propre langue maternelle et selon sa propre culture.
Cette diversité culturelle a aussi un impact sur la diversité des pratiques religieuses. Pour maintenir la cohésion, David Somers pratique et prêche un luthéranisme en cherchant à se rapprocher au maximum de la doctrine de Martin Luther et de celle des premiers chrétiens. Le pasteur doit faire face à des "façons de faire" différentes et il a constaté une différence entre les immigrants européens et ceux provenant des pays colonisés par l’Europe. Cette différence est encore plus grande chez les Chinois qui n’ont pas dans leur patrimoine culturel d’antécédents chrétiens. En effet, pour le regroupement sino-luthérien, il s’agit de s’approprier la foi chrétienne. La tradition cultuelle est inexistante et l’interprétation chinoise de la pratique luthérienne est adaptée selon leurs besoins. La Bible, les prières, les cantiques sont traduits en chinois et pour l’heure, un ministre spirituel en processus de devenir pasteur conduit les études bibliques et les cultes du dimanche. La sainte cène, ou messe, est cependant célébrée par un membre de l'église habilité par l’Église luthérienne. La congrégation chinoise, tout comme le font les regroupements francophones et anglophones, organise la célébration du culte dans l’église le dimanche. L’activité est suivie par les études bibliques en communauté. L’École du dimanche est aussi offerte aux enfants de la congréation chinoise. Ces activités prennent place dans des locaux dédiés, au sous-sol du bâtiment.
Lecture de la Bible au sein des fidèles
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Le dimanche, jour privilégié pour la célébration du culte, les trois communautés se partagent l’église de l’Ascension et les locaux situés au sous-sol du bâtiment selon des horaires qui se chevauchent. Pendant la célébration du culte dans l’église, un autre groupe participe aux Écoles du dimanche ou aux études bibliques au sous-sol de l’église. En effet, profitant de ce rendez-vous hebdomadaire, en plus du moment de prière en commun dans l’église, les groupes organisent des activités sociales pour toute la famille. Ces rencontres leur permettent d’échanger au sujet de leurs croyances et connaissances du luthéranisme. Les études bibliques sont des réflexions qui portent sur des thèmes contenus dans la Bible, selon un calendrier religieux annuel qui règle aussi les pratiques cultuelles. Pour les enfants, l’École du samedi se déroule sous forme de jeux, de contes, de dessins et de chansons au travers lesquels les enfants reçoivent les enseignements chrétiens. De plus, les jeunes forment aussi des groupes. Ils sont conviés à des réflexions bibliques reflétant les étapes de leurs vies et leurs préoccupations.
La théologie pour les trois communautés est identique. Les pratiques diffèrent selon les cultures et les traditions cultuelles. Les Québécois francophones de tradition catholique romaine auront des pratiques, des liturgies, des vêtements sacerdotaux et des chants qui peuvent différer des rituels de traditions protestantes anglophones. En effet, différentes branches du protestantisme ont rejeté toutes pratiques qui ressemblent au catholicisme, dont la célébration hebdomadaire des sacrements ou le port de la chasuble par les pasteurs. Selon David Somers, dans le luthéranisme nord-américain qui a connu une phase d’éveil théologique depuis les dernières décennies, l’essentiel n’est pas dans la forme (la pratique ou la non-pratique d’un sacrement par exemple), mais dans le fondement, dans la doctrine de Luther. Celle-ci aspire à prêcher, comment la grâce de Dieu est révélée en Jésus-Christ. Aussi, le luthéranisme considère que « le pardon et la réconciliation sont les bonnes nouvelles » et David Somers rappelle que « nous ne pouvons rien pour les gagner, car c’est un don de dieu » et dans cet ordre d’idée ce ne sont pas les pratiques qui importent, mais l’essence de la Bible tel que compris par les fidèles par les enseignements de Martin Luther.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Téléphone: (514) 270-4938
Site Web: http://www.égliseluthérienne.org
David Godkin et David Somers
Titre, rôle et fonction : Ils sont pasteurs à l'église de L'Ascension
Enquêteur : Monique Provost
Date d'entrevue : 10 juin 2012
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: